La conjoncture énergétique qui se forme dans le continent européen incite la Russie à développer la production de son gaz naturel, censé compenser annuellement ces 10 %. Pour cette raison la Russie n'a pas appuyé l'initiative de l'Algérie, formulée au récent Forum des pays exportateurs de gaz concernant la nécessité de réduire sa production, ce qui devrait conduire à l'enchérissement de cet hydrocarbure. De l'avis des auteurs de l'initiative, le prix du gaz est aujourd'hui minimisé. Une autre proposition consistait à rattacher le prix du gaz à son équivalent pétrolier courant.
Le fait même de poser le problème des prix au forum d'Algérie est pour le moins controversé, puisqu'à présent un mécanisme de dépendance des prix du gaz de ceux du pétrole est déjà fixé dans des contrats à long terme euro-russes, considère Konstantin Simonov.
A la suite des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, le Vieux continent cherche à développer activement le marché spot du gaz, c'est-à-dire ponctuel. L'Europe est persuadé que le gaz négociable en bourse sera toujours une marchandise bon marché et qu'on pourrait emprunter le modèle de formation des prix aux Etats-Unis. Et là des interrogations surgissent. En réalité garder ce rattachement est aujourd'hui avantageux pour l'Europe, qui voit la situation des prix bas de 2009 et pense qu'il en sera toujours ainsi.
Dans cette question la Russie ne diverge pas avec les partenaires européens, notamment, parce que le prix du pétrole devrait monter dans les années à venir. Konstantin Simonov est convaincu que la situation avec un gaz bon marché s'explique par des livraisons croissantes du gaz liquéfié du Qatar sur le marché européen. Par ailleurs l'Europe est persuadée que le grand objectif du Qatar est d'évincer à tout prix la Russie du marché européen et d'y livrer le maximum de son gaz liquéfié, quitte à avoir une rentabilité minimale.
Et pourtant le Qatar n'est pas content et, tout comme la Russie, souhaite vendre ses ressources gazières à des prix normaux et dans des quantités plus importantes. C'est bien la raison pour laquelle le Forum des pays exportateurs de gaz ne doit pas copier le comportement de l'OPEP. Autrement dit, les principaux pays exportateurs - Russie, Iran, Qatar - doivent se partager les quantités de gaz à livrer sur les marchés mondiaux au lieu de jouer des coudes.