Le Parisien
Katyn: Publication en ligne des archives soviétiques sur ordre de Medvedev
Les archives d'Etat russes ont mis en ligne mercredi, sur ordre du président Dmitri Medvedev, une série de documents sur le massacre à Katyn d'officiers polonais en 1940 par la police politique de Staline, le NKVD, publiés pour la première fois en Russie.
"Sur décision du président de la Fédération de Russie, D.A. Medvedev, les copies électroniques de documents originaux sur le 'problème de Katyn' du 'dossier n°1' ont été publiés", est-il écrit sur le site de l'Agence fédérale des archives, rusarchives.ru.
Une note du chef du NKVD, Lavrenti Beria, portant la signature du dictateur soviétique Joseph Staline, où il est proposé d'exécuter les officiers polonais arrêtés, figure parmi les sept documents mis en ligne.
La publication de ces textes a avant tout une portée symbolique, le secret ayant été levé en 1992. De nombreux documents sont toujours maintenus secrets, malgré les demandes répétées de la Pologne de les déclassifier et de les lui transmettre.
"Ces documents ont été déclassifiés en septembre 1992, et sur ordre du président russe Boris Eltsine, les copies ont été transmises à la partie polonaise", a indiqué un communiqué des archives russes.
Le chef des Archives fédérales russes Andreï Artizov a indiqué que ces documents ont été mis en ligne pour réduire au silence ceux qui nient que l'URSS était coupable de ce massacre.
"Certains disent que le crime de Katyn est un faux, que les documents (le prouvant) sont des faux (...) c'est pourquoi la décision a été prise de mettre en ligne la forme électronique des originaux", a-t-il dit, selon l'agence RIA Novosti.
La question des massacres de milliers d'officiers polonais, notamment à Katyn, empoisonne depuis des années les relations entre la Russie et la Pologne.
Quelque 22.000 officiers polonais avaient alors été abattus dans la forêt de Katyn (Russie), mais aussi à Kharkiv (Ukraine) et à Mednoïe (Russie).
Ces officiers avaient été faits prisonniers par l'armée soviétique qui avait envahi le 17 septembre 1939 les régions polonaises de l'Est, en vertu du pacte germano-soviétique Ribbentrop-Molotov.
Pendant des décennies, l'URSS avait accusé l'armée allemande d'avoir commis ces assassinats. Ce n'est qu'en avril 1990 que le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a fini par reconnaître la responsabilité de son pays.
Le Point
Comment une jeune "Mata Hari" a piégé des opposants au Kremlin
La machination est digne des plus belles heures du KGB : jeune, jolie et mystérieuse, "Katia" a séduit des opposants au Kremlin, filmé en secret leurs ébats, puis diffusé les images sur Internet, suscitant embarras et protestations. Les victimes sont tombées dans un piège rappelant les méthodes des services spéciaux russes de l'URSS durant la guerre froide, qui faisaient chanter des diplomates occidentaux volages pour leur soutirer des renseignements. Cette tactique a été adaptée à l'ère moderne et déployée contre des opposants au gouvernement de l'homme fort de Russie, Vladimir Poutine, en vue, semble-t-il, de les mettre dans l'embarras et d'amoindrir leur autorité morale.
Dans une vidéo mise en ligne la semaine dernière, trois figures de l'opposition russe apparaissent séparément avec la jeune "Katia" dans des scènes intimes filmées à leur insu dans le même appartement à Moscou. Deux d'entre eux, le satiriste libéral Viktor Chenderovitch et l'ancien dirigeant du mouvement d'extrême droite contre l'immigration illégale Alexandre Belov ont confirmé qu'ils étaient bien les personnages apparaissant dans cette vidéo. "Cela fait plus de dix ans que je commente les actions de M. Poutine et de son administration de gangsters (...), (ils) ont écouté sans rien nier pour finalement répondre avec des obscénités illégales", a réagi M. Belov sur son blog.
Le troisième opposant, Edouard Limonov, chef du Parti national-bolchevique, n'a pas confirmé son apparition présumée dans la vidéo. Cet écrivain divorcé a toutefois affirmé sur son blog ne "rien voir de désobligeant à ce qu'un opposant ne se refuse pas à des femmes". Les images compromettantes, mises en musique, réalisées à l'aide de multiples caméras, sont l'oeuvre de "professionnels", a estimé Kirill Kabanov, ancien agent du KGB reconverti dans la lutte anticorruption. "Il faut observer la cible, mettre ses téléphones sur écoute de manière à connaître son emploi du temps et ensuite faire en sorte que la victime ne s'aperçoive de rien", a-t-il expliqué à l'hebdomadaire russe The New Times. Mais, selon lui, il est peu probable que les services spéciaux russes (FSB, ex-KGB) soient impliqués dans cette affaire qui est "plutôt l'oeuvre de sociétés de sécurité privées ayant les équipements techniques appropriés".
Le scandale du "Katiagate" a commencé en mars avec une vidéo montrant un homme ressemblant au rédacteur en chef de l'édition russe de NewsWeek , Mikhaïl Fichman, très critique envers le pouvoir, en train de sniffer une poudre blanche aux côtés d'une belle brune. Celui-ci n'a pas confirmé être l'homme de la vidéo, tout en affirmant avoir été la cible d'une "opération spéciale" concoctée par les autorités russes. Deux autres leaders de l'opposition russe ont indiqué avoir, eux aussi, été visés par des tentatives semblables, avec la même femme et dans le même appartement que celui de la vidéo où serait apparu M. Fichman. Ilia Iachine, cofondateur du mouvement d'opposition Solidarité, a identifié la jeune fille comme étant Ekaterina Guerassimova - diminutif de Katia -, mannequin avec lequel il a eu une brève relation en 2008.
L'homme a eu des soupçons lorsque Katia l'a invité dans son appartement pour une "surprise" à trois, avec une copine mannequin. Lorsqu'il a demandé s'ils seraient filmés, les filles ont nié en lui demandant de se détendre. Après s'être vu proposer de la cocaïne, il a quitté les lieux. Suite à ces affaires, des blogueurs proches de l'opposition ont lancé des appels à toute personne ayant davantage d'informations sur le commanditaire de ces affaires. Mais ils n'ont rien obtenu, car Katia est désormais introuvable.
Europe 1
Les Echos
Incidents au Parlement ukrainien
L'accord controversé sur le maintien jusqu'en 2042 de la flotte russe en Crimée a été ratifié hier par les Parlements ukrainien et russe. Si le vote à Moscou a été acquis par 410 voix pour et aucune contre, le scrutin a été émaillé d'incidents à Kiev où l'opposition pro-occidentale s'inquiète pour la souveraineté du pays et accuse le président pro-russe, Viktor Ianoukovitch, de trahison. Des fumigènes ont été lancés dans l'hémicycle au moment du vote, par 236 députés sur 450, de cet accord qui prolonge le bail de la flotte russe, lequel expirait en 2017, en échange d'une baisse de 30 % de la facture de gaz du pays. Le président du Parlement Volodymyr Litvine, cible de jets d'oeufs, a été contraint de s'abriter sous deux grands parapluies noirs. Quelque 400 militants pro-russes ont aussi défilé à Sébastopol, ville de la région ukrainienne de Crimée où est située la base russe. Des figures de l'opposition ont accusé Moscou de vouloir mettre la main sur les infrastructures ukrainiennes après que le Premier ministre russe Vladimir Poutine a proposé un projet de coopération « de grande envergure » dans le nucléaire civil entre les deux pays. Dans un discours à Strasbourg, devant le Conseil de l'Europe, M. Ianoukovitch a assuré que le rapprochement avec Moscou ne se ferait pas aux dépens de l'Europe.