Le président arménien Serge Sargsian a suspendu jeudi par décret la ratification des protocoles de normalisation des rapports arméno-turcs, a annoncé le service de presse du chef de l'Etat.
"Le président arménien Serge Sargsian a signé un décret suspendant la procédure de ratification du Protocole sur l'établissement des relations diplomatiques et du Protocole sur le développement des relations bilatérales signés le 10 octobre 2010 à Zurich. Le ministre arménien des Affaires étrangères a été chargé d'informer la Turquie de la suspension de la ratification", a indiqué le service de presse dans un communiqué.
"Nous avons décidé de ne pas renoncer au règlement des relations avec la Turquie, mais de suspendre la ratification des protocoles arméno-turcs au terme de consultations avec les partis de la coalition au pouvoir et d'une réunion du Conseil de la sécurité nationale d'Arménie. Je suis persuadé que cela répond à nos intérêts nationaux", a déclaré jeudi le président Sargsian s'adressant au peuple du pays.
"Nous reviendrons à cette question si nous nous assurons qu'Ankara est aussi prêt à améliorer nos relations", a ajouté le chef de l'Etat.
La coalition de trois partis au pouvoir en Arménie (Parti républicain, Arménie prospère et Orinats Erkir "Etat de droit") a réclamé jeudi que le parlement renonce à l'examen du projet de loi sur la ratification des protocoles.
L'Arménie et la Turquie n'entretiennent pas de relations diplomatiques bilatérales depuis l'indépendance de l'Arménie en 1991, et la frontière commune entre les deux pays est fermée depuis 1993 à l'initiative d'Ankara. Cette inimitié s'explique, entre autres, par le soutien d'Ankara à la position azerbaïdjanaise sur le conflit du Haut-Karabakh (une enclave peuplée d'Arméniens en Azerbaïdjan) et par l'hostilité de la Turquie à la reconnaissance internationale du génocide arménien de 1915 dans l'Empire ottoman.
Les négociations arméno-turques sur la normalisation des relations bilatérales ont été lancées en 2007 avec la médiation suisse et se sont poursuivies avec celle de Moscou.