Moscou considère le gouvernement intérimaire en Kirghizie comme un pouvoir légitime, a déclaré mercredi le MAE de Russie. Sergueï Prikhodko, conseiller du président, a pour sa part ajouté que la position du Kremlin envers les événements en Kirghizie ne changera pas, en dépit des propos de certains hommes politiques.
Rappelons que Dmitri Medvedev a été on ne peut plus clair à ce sujet : il ne sera possible de développer une pleine coopération internationale qu'après la légitimation du nouveau pouvoir et le rétablissement de l'Etat en tant que tel.
On comprend que le rappel de la position russe a été dû aussi à des passages plus qu'étranges à l'adresse de la Russie du leader bélarusse Alexandre Loukachenko, qui a soutenu le dirigeant kirghiz déchu. Il a dit, en particulier, que les actions de la Russie ont posé la question de survie de l'Etat bélarusse. Et cela alors que des conditions extrêmement favorables sont réunies à l'écoulement de la production bélarusse sur le marché russe.
La communauté experte pense que Minsk a besoin de « l'émigration politique » de Bakiev au Bélarus comme une occasion de plus pour s'opposer à Moscou. La position du président du Bélarus ne fait pas pour la première fois dissonance avec le point de vue des leaders de Russie et du Kazakhstan. Or cela n'aura pas d'incidence grave sur les rapports de ces pays, est persuadé Alexeï Vlassov, directeur général du Centre pour l'étude de l'espace postsoviétique.
Jusqu'à présent il n'y a eu pas de dégradations importantes dans les rapports du Bélarus avec la Russie et le Kazakhstan. Je ne crois pas qu'il en sera autrement cette fois. Minsk se montrait contradicteur déloyal à propos des problèmes plus graves que celui-là, par exemple, touchant l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
Nous devons cependant remarquer que pour les relations entre les membres de l'Union de telles déclarations ne constituent pas le meilleur fond qui puisse être. Tant que Minsk critique Moscou, le Kazakhstan et l'Ouzbékistan consentent un maximum d'efforts pour enrayer la tension à proximité de leurs frontières. Les grands problèmes du gouvernement intérimaire de Kirghizie sont dus à une situation économique et sociale difficile dans le pays.
Entre temps Djalal-Abad, censé être le dernier fief du président déchu, est passé sous contrôle du gouvernement provisoire de Kirghizie.
