Notre observateur Alexei Grigoriev propose à votre attention son commentaire «Postface à la tournée africaine du Patriarche Cyrille »
Les représentants de l'Eglise orthodoxe russe avaient visité par auparavant le continent africain, les paroisses de l'Eglise orthodoxe d'Alexandrie en raffermissant les liens réciproques. Or, la visite du Saint Patriarche Cyrille, ses entretiens avec le Patriarche d'Alexandrie et de toute l'Afrique Théodore II, la visite au Caire sont en fait symboliques. Le Patriarche Cyrille a promis d'étendre conjointement avec l'Eglise d'Alexandrie la mission ecclésiastique russe sur l'ensemble du continent : soutenir les paroisses, en aménager de nouvelles pour les orthodoxes russophones et africains, construire des églises, envoyer le clergé russe en Afrique, instruire les prêtres en Russie.
« L'orthodoxie était toujours liée à l'Afrique mais on a l'impression que l'immense continent africain demeure « terra incongnita » pour les orthodoxes, a demandé notre observateur au chef du secrétariat du Département des liens ecclésiastiques extérieurs pour les rapports interorthodoxes du Patriarcat de Moscou le prêtre Igor Yakimtchouk ayant accompagné le Patriarche en Egypte.
En réalité l'Afrique est une région hétérogène au plan de l'orthodoxie, répond Igor Yakimtchouk. L'orthodoxie est apparue en Egypte à l'époque apostolique. Cela concerne également certaines régions du Nord africain : les territoires des pays comme l'Algérie, la Tunisie, la Libye. C'est dans ces régions qu'a existé l'Eglise de Carthagène connue et très influente dans l'Antiquité. Par la suite elle a connu son déclin pour des raisons historiques et actuellement ces pays sont placés sous la juridiction de l'Eglise d'Alexandrie. Bref, il serait erroné d'affirmer que l'orthodoxie est apparue il n'y a pas longtemps en Afrique du Nord. Cependant, la plupart du continent constitue le territoire des missions, autrement dit les territoires où il faudra initier les peuples à l'Eglise sans bien sûr porter préjudice aux autres confessions. Le Patriarcat missionnaire d'Alexandrie est l'un des plus puissants, il déploie les efforts intenses dans cette voie et nos frères « africains » ont enregistré des succès substantiels.
Selon le prêtre Igor Yakimtchouk, cela concerne le Séminaire à Nairobi, au Kenya, où font leurs études les habitants autochtones. Il existe actuellement plus de 300 paroisses orthodoxes faisant partie de la métropole kenyane dirigée par le métropolite Makari ayant terminé l'Institut orthodoxe russe Saint Serge à Paris. Avant d'être élu Patriarche, Théodore II avait la chaire au Zimbabwé. Plusieurs evêques africains font leur service pastoral à l'Eglise d'Alexandrie. Ainsi, le métropolite Iona, d'origine ougandaise, est supérieur de la métropole du pays regroupant plus de 80 paroisses. La paroisse russe Saint Serge, la plus représentative en Afrique noire : 5-6 mille paroissiens s'est formée il y a dix ans à Johanesburg. Le Patriarche Théodore II, poursuit Igor Yakimtchouk, a visité l'Afrique du Sud où il a célébré la liturgie dans la cathédrale pittoresque à cinq coupoles Saint Serge de Radonej ayant rendu hommage aux victimes de l'attentat qui s'est produit ce jour dans le métro moscovite.
Les paroisses orthodoxes dont a parlé Yakimtchouk se trouvent dans les pays où prédomine le christinisme. Et comment évolue la situation dans les îlots d'orthodoxie dans les pays islamiques, notamment en Tunisie, au Maroc ?
Les églises orthodoxes existent aussi dans les pays traditionellement musulmans, dit le prêtre Igor Yakimtchouk. Ce sont les églises fondées par les expatriés russes dans les années 1920-1930 liées à l'histoire de la flotte impériale de la mer Noire ayant abandonné la Russie et stationnée dans les ports de ces pays.Les marins ont fondé les églises orthodoxes : deux églises en Tunisie - à Tunis et à Bizerte, deux autres au Maroc - à Rabat et à Casablanca. Ce sont des églises historiques gardant le souvenir des expatriés. Ayant été témoins des événements dramatiques à leur Patrie, ils ont su, néanmoins, conserver les valeurs orthodoxes à l'étranger.
« Plusieurs pays, notamment islamiques, du continent africain se heurtent à l'extrémisme. Comment l'Eglise orthodoxe russe étendant sa présence sur le continent apprécie ce phénomène ?
L'Eglise russe a une vaste expérience dans le dialogue avec les musulmans en Russie et dans les pays de la CEI, dit le prêtre Igor Yakimtchouk. Nous coopérons avec succès pour prévenir les tendances extrémistes. Le Patriarche Cyrille s'est rendu pendant sa visite en Egypte à l'Université al-Azhar. Il a été convenu lors d'un entretien avec son recteur le cheih Ahmed At-Taib de promouvoir la coopération et d'engager un dialogue, en particulier théologique, qui renforcera la confiance et la compréhension mutuelle entre l'orthodoxie et l'islam. Il ne faut pas mettre l'extrémisme et le terrorisme en rapport avec telle ou telle religion. Nous nous entretenons depuis longtemps à ce sujet avec les théologues iraniens. C'est une voie prometteuse.
A la question : si l'Eglise orthodoxe russe se proposait d'accomplir également la mission de paix en Afrique, le prêtre Igor Yakimtchouk a répondu sans ambaqges : « Oui, elle envisage cette mission également ». « Nous voulons faire part aux peuples africains du contenu pacifique de l'orthodoxie, de sa tolérance et de son respect envers les autres confessions. Ces idéaux et valeurs consituent l'apport de notre Eglise à l'extension de la coopération russo-africaine », a dit pour conclure Igor Yakimtchouk.
