Aujourd'hui au programme :
La France découvre l'île de Solovki et son héritage spirituel et politique unique
La ville de Perm postule pour le titre de capitale culturelle à la fois russe et européenne
Saint-Pétersbourg pourrait être exclu de la liste du patrimoine de l'Humanité
La France découvre l'île de Solovki et son héritage spirituel et politique unique
La ville de Perm postule pour le titre de capitale culturelle à la fois russe et européenne
Saint-Pétersbourg pourrait être exclu de la liste du patrimoine de l'Humanité
Solovki - la perle et la page noire de l'histoire russe
L'exposition « Les îles Solovki. Perle du Nord » a fait le parcours Paris-Marseille-Toulouse-Rouan-Le Havre qui se termine à Nice. Organisée dans le cadre de l'Année croisée France-Russie, cette exposition a fait découvrir au public européen ce monument russe unique à la fois historique, spirituel, culturel et naturel qui figure sur le liste du patrimoine de l'humanité de l'UNESCO.
Voici la description de la beauté inédite de l'archipel Solovetski en Mer Blanche donnée par le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne : « Sur la Mer Blanche où le soleil ne se couche pas pendant la moitié de l'année, l'île Bolchoï Solovetski sort de l'eau avec ses églises blanches ceintes de murailles composées de gros blocs maculés de taches couleur de rouille de lichens et ses vols de mouettes argentées qui vont et viennent au-dessus du Kremlin ». Et voici l'histoire du monastère vue par Soljenitsyne : « Ces îles sont sorties de mer pour se remplir de 200 lacs poissonniers, se peupler de coqs de bruyère, de lièvres et de cerfs sans jamais abriter de carnassiers...Les aurores boréales éclairaient de leur lueur la moitié du ciel, les années paisibles coulaient et les sapins grandissaient se prélassant sous le soleil... 500 ans avant la période des Soviets, les moines Sabattius et Guerman ont traversé la mer couleur de nacre dans une barque fragile pour décovrir cette île sans carnassiers bénie de Dieu. Ils ont fondé le monastère Solovetski ».
Pendant bien longtemps, depuis le 15ème siècle, Solovki, le nom donné en Russie à cet archipel composé de six grandes et des centaines de petites îles, était essetiellement peuplée de moines. Ils y érigeaient des temples majestueux, recopiaient des livres ecclésiastiques, peignaient des icônes uniques, élevaient des digues en gros bloc par la technique qu'ils étaient seuls à maîtriser pour protéger les îles des tempêtes, contruisient d'autres ouvrages hydrotechniques et débarcadères. Ils ont même aménagé un jardin des plantes avec des serres pour cultiver des fruits tropicaux à seulement 160 km du cercle polaire! Bref, ce cloître à la pointe nord de la Russie prospérait et attirait une énorme quantité de pèlerins nonobstant le fait qu'on ne pouvait y accéder que par mer.
- Mais l'histoire de Solovki a connu un changement crucial au XXème siècle. Les bolcheviks qui s'étaient emparés du pouvoir ont démantelé le monastère, chassé les moines et transformé les îles en lieu de détention pour les prisoniers politiques. D'ailleurs, déjà aux temps des tsars, depuis le 17ème siècle, les vieilles murailles du monastère Solovetski servaient à isoler et châtier les criminels et hérétiques. A tel point qu'il y a eu dans la langue russe l'expression « déporter à Solovki » consacrée par l'usage qui s'entendait comme la mesure de relégation la plus sévère du moment que c'était le fin fond de la Russie. Mais quelques centaines de détenus passés par la prison de Solovki en 400 ans ne sont rien en comparaison des milliers de victimes en deux décennies de l'histoire pénitentiaire de Solovki au XXème siècle. Le camp Solovetski à destination spéciale est devenu le précurseur du GOULAG, système des camps de concentration pour prisonniers politiques qui couvraient le pays tout entier en période de la terreur stalinienne. Cette évolution n'avait rien d'un hasard, pense l'historien Youri Brodski, auteur du livre « Solovki : 20 ans de destination spéciale ».
Solovki est un lieu spécial et son histoire ne se confond pas avec celle du monastère éponyme. L'adage « aujourd'hui à Solovski, demain dans toute la Russie » existait bel et bien depuis le 18ème siècleé En effet, de nombreux événements qui se produisaient d'abord à Solovki se reproduisaient ensuite à grande échelle dans le pays tout entier.
Le présent de Solovki inspire heureusement de l'optimisme. En 1990 le monastère y a repris les droits de la cité et deux ans plus tard le Musée ethnographique des îles Solovetski a été porté sur la liste du patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO.
Les pages noires de l'histoire de l'archipel ont basculé dans le passé mais elles demeurent vivaces dans la mémoire des Russes de même que les noms des prisonniers, grandes figures du XXème siècle, comme l'académicien Dmitri Likhatchev, expert en histoire russe ancienne, le philosophe et théologien Pavel Florenski et beaucoup d'autres.
« La période permienne » de la culture russe
Pour le nombre d'événements culturels par unité de temps la vieille cité russe de Perm pourrait rivaliser avec les centres qui ont déjà été ou seront proclamés capitales culturelles européennes. Quand à la Russie, on y considère sérieusement Perm, la capitale de la région d'Oural, comme une nouvelle capitale culturelle nationale.
« Un terrain d'expériences et d'innovations dans le domaine de la politique culturelle », - c'est ainsi que les autorits régionales définissent aujourd'hui la mission dévolue à Perm, en travaillant sur « un modèle culturel » spécifiquement permien. Ce modèle se réduit à l'intensité de la vie culturelle. En effet, rien que cette année la ville accueille 15 festivals principalement internationaux, comme le festival du théâtre d'avant-garde « Territoria », le festival de musique pour connaisseurs « Vladimir Spivakov vous invite », « Les accents européens », événements qui se décline en présentation culturelle de plusieurs villes d'Allemagne et d'Hongrie, sans compter de nombreux événements dans le cadre de l'Année croisée France-Russie.
Et pourtant, cette profusion n'est pas seule en cause. « La culture a perdu son statut d'assistée pour devenir partie prenante de la politique régionale », - a noté dans son interview à la « Voix de la Russie » le ministre de la Culture de la région de Permi Boris Milgram.
Nous voulons étendre notre expérience à d'autres régions où la culture commence également à émerger en remplisant sa mission de suvegarde du patrimoine pour les générations futures. Certes, il a des choses qu'il faut préserver dans la culture mais c'est aussi le domaine où se crée le nouveau. La culture peut devenir une industrie, générer des emplois, donner aux loisirs une dimension qualitativement nouvelle et améliorer globalement la qualité de la vie. Les habitants des villes de province n'auront plus le sentiment d'être laissés pour compte et éclipsés par Moscou mais seront fiers de leur terroir. C'est un aspect important de notre « modèle culturel ».
Perm est la ville où est né le grand imprésario russe Serge de Diaghilev qui a révélé l'art russe au monde au début du XXème siècle. Les « Saisons internationales Diaghilev » s'y déroulent depuis longtemps en souvenir de ce permien légendaire, de même qu'un concours international de ballet « Arabesques ». L'opéra de Perm est titulaire des prix nationaux les plus prestigieux. La ville peut se prévaloir de sa collection fantastique de sculptures en bois qui perpétuent la tradition locale unique en la Russie. Mais ces derniers temps, la vie culturelle de la ville a pris une dimension nouvelle qui a même permis d'assainir l'économie dans le contexte de la crise. Il s'agit de l'implantation à Perm d'un Musée d'art contemporain fondé par Marat Guelman, citique d'art, curateur et fervent adepte de tout ce qui est nouveau.
Premièrement, cette ville de la région d'Oural a acquis une notorité internationale grâce au musée. Deuxièmement, et c'est le principal, nous avons pu casser le préjugé selon lequel une vie culturelle intéressante serait impossible en province. Notre musée organise une quantité d'événements auxquels participent des artistes des quatre coins du monde et, par conséquent, la ville commence à devenir plus intéressante pour les investisseurs. Les hôtels qui récemment encore étaient vides sont maintenant pleins et il faut réserver la chambre bien à l'avance. Même le prix des terrains autour du musée est monté en flèche, signe que les affaires marchent bien. Et enfin, le musée génère des innovations. Autour de lui se crée un Centre du design qui travaille avec les industriels de Perm. Il y aura bientôt une Maison de la photographie gardienne de l'histoire de Perm et un Musée paléonthologique parce que Perm avait, comme on le sait, donné son nom à toute une période géologique, le permien.
« La période permienne » dans la culture russe s'assimile au temps des projets innovants comme la mise en scène russo-britannique de l'unique opéra de Ludvick Van Beethoven « Fidelio ». Son action a été transposée de la prison jacobine dans un camp stalinien et le spectacle sera présenté sur la scène du Musée des répressions politiques de Perm. Mais c'est le gouverneur de la région de Perm qui a avancé l'initiative la plus audacieuse : en 2016 Perm postulera officiellement pour le titre de capitale culture de l'Europe nonobstant le fait que la Russie n'est pas membre de l'UE. Pourtant, il faut être réaliste et demander l'impossible!
Saint-Pétersbourg risque de se retrouver en marge du
du patrimoine culturel mondial
Saint-Pétersbourg est menacé d'exclusion de la Liste du patrimoine de l'Humanité dressée par l'UNESCO, tel est l'enjeu de la construction d'un gratte-ciel de 400 m dans la partie historique de la ville. Une mission d'inspection de l'UNESCO a commencé son travail en ville.
La situation est grave parce que la même mission avait déjà étudié l'état du site figurant sur la liste du patrimoine de l'humanité sous le nom de « Centre historique de Saint-Pétersbourg et les monuments associés ». La mission a soumis l'été dernier son rapport où elle a pour la première fois évoqué la possibilité d'exclusion de la ville du patrimoine cultuel de l'Humanité. C'est qu'en 2007 Saint-Pétersbourg a déposé une demande de rénomination, c'est-à-dire d'une réduction considérable de la zone protégée par l'UNESCO. Les autorités municipales ont fait valoir le fait que cette zone était démesurée - de l'ordre de 26 000 hectares. Les centres historiques des autres villes, c'est au maximum un hectare et demi, comme à Rome. Mais cette initiative a un objectif inavoué : « les sites qui perdent leur statut de territoires protégés » se couvrent en toute hâte d'édifices qui sont parfois loin d'embellir le paysage urbain. C'est le cas du projet de construction du gratte-ciel « Okhta-Centre » (immeuble de bureaux) dans la zone qui reste encore sous la protection de l'UNESCO. Les experts sont formels : le fameux gratte-ciel risque de déformer « la silhouette unique de Saint-Pétersbourg ». Les opposants au gratte-ciel, c'est la moitié des habitants de la ville, organisent des piquets mais le vice-directeur d'« Okhta-Centre » Vladimir Gronski s'en fiche complètement.
Le projet est également soutenu par le gouverneur de la ville Valentina Matvienko qui souligne que cet arrondissement qui s'appelle Krasnogvardéïski vit une situation économique dépressive et que l'Okhta-Centre est capable de lui insuffler une vigueur nouvelle.
C'est l'ifrastructure qui manque aux habitants de l'arrondissement Krasongvardéïski qui sont las de végéter en marge du brillant Saint-Pétersbourg, - dit Valentina Matvienko. Ils veulent aussi profiter de l'architecture moderne et soutiennnent dans leur grande majorité ce projet qui promet une rénovation des réseaux technique, routier et de transport. Il s'agit d'énormes investissements dans l'économie de la ville et de nouveaux emplois, y compris pour les jeunes.
Les opposants au projet n'apppellent pas à l'abandonner pour de bon. « Il faut seulement y apporter quelques correctifs », - dit l'historien d'architecture Mikhaïl Miltchik.
Je ne suis pas contre la construction d'un centre des loisirs et des affaires dans l'embouchure d'Okhta mais je me dresse résolument contre sa partie verticale, c'est-à-dire contre la construction d'un gratte-ciel de 400 m de haut.
D'ailleurs, c'est aussi l'opinion des experts interntionaux de l'UNESCO. Francesco Bondarin, directeur du Comité du patrimoine de l'humanité déclare pour sa part : « Saint-Pétersbourg est la mieux conservée des capitales européennes. Nous soutenons le projet de construction du Centre d'affaires mais sommes opposés à la construction de la tour qui contredit l'histoire de la ville ». Nodor Krestev, expert du Conseil international de protection des monuments rajoute : « La tour géante change tout autour d'elle - tout semble petit et insignifiant y compris le caractère prestigieux les dominantes urbaines ».
Saint-Pétersbourg restera-t-il sur la liste du patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO? On le saura à la fin des travaux de la mission. Si la ville n'y reste pas, soulignent les experts, « il y aura au-delà des pertes financières - on sait que la liste du patrimoine de l'Humanité est une référence pour les agences de voyages étrangères - un coup dur porté à l'image de Saint-Pétersbourg ».
L'exposition « Les îles Solovki. Perle du Nord » a fait le parcours Paris-Marseille-Toulouse-Rouan-Le Havre qui se termine à Nice. Organisée dans le cadre de l'Année croisée France-Russie, cette exposition a fait découvrir au public européen ce monument russe unique à la fois historique, spirituel, culturel et naturel qui figure sur le liste du patrimoine de l'humanité de l'UNESCO.
Voici la description de la beauté inédite de l'archipel Solovetski en Mer Blanche donnée par le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne : « Sur la Mer Blanche où le soleil ne se couche pas pendant la moitié de l'année, l'île Bolchoï Solovetski sort de l'eau avec ses églises blanches ceintes de murailles composées de gros blocs maculés de taches couleur de rouille de lichens et ses vols de mouettes argentées qui vont et viennent au-dessus du Kremlin ». Et voici l'histoire du monastère vue par Soljenitsyne : « Ces îles sont sorties de mer pour se remplir de 200 lacs poissonniers, se peupler de coqs de bruyère, de lièvres et de cerfs sans jamais abriter de carnassiers...Les aurores boréales éclairaient de leur lueur la moitié du ciel, les années paisibles coulaient et les sapins grandissaient se prélassant sous le soleil... 500 ans avant la période des Soviets, les moines Sabattius et Guerman ont traversé la mer couleur de nacre dans une barque fragile pour décovrir cette île sans carnassiers bénie de Dieu. Ils ont fondé le monastère Solovetski ».
Pendant bien longtemps, depuis le 15ème siècle, Solovki, le nom donné en Russie à cet archipel composé de six grandes et des centaines de petites îles, était essetiellement peuplée de moines. Ils y érigeaient des temples majestueux, recopiaient des livres ecclésiastiques, peignaient des icônes uniques, élevaient des digues en gros bloc par la technique qu'ils étaient seuls à maîtriser pour protéger les îles des tempêtes, contruisient d'autres ouvrages hydrotechniques et débarcadères. Ils ont même aménagé un jardin des plantes avec des serres pour cultiver des fruits tropicaux à seulement 160 km du cercle polaire! Bref, ce cloître à la pointe nord de la Russie prospérait et attirait une énorme quantité de pèlerins nonobstant le fait qu'on ne pouvait y accéder que par mer.
- Mais l'histoire de Solovki a connu un changement crucial au XXème siècle. Les bolcheviks qui s'étaient emparés du pouvoir ont démantelé le monastère, chassé les moines et transformé les îles en lieu de détention pour les prisoniers politiques. D'ailleurs, déjà aux temps des tsars, depuis le 17ème siècle, les vieilles murailles du monastère Solovetski servaient à isoler et châtier les criminels et hérétiques. A tel point qu'il y a eu dans la langue russe l'expression « déporter à Solovki » consacrée par l'usage qui s'entendait comme la mesure de relégation la plus sévère du moment que c'était le fin fond de la Russie. Mais quelques centaines de détenus passés par la prison de Solovki en 400 ans ne sont rien en comparaison des milliers de victimes en deux décennies de l'histoire pénitentiaire de Solovki au XXème siècle. Le camp Solovetski à destination spéciale est devenu le précurseur du GOULAG, système des camps de concentration pour prisonniers politiques qui couvraient le pays tout entier en période de la terreur stalinienne. Cette évolution n'avait rien d'un hasard, pense l'historien Youri Brodski, auteur du livre « Solovki : 20 ans de destination spéciale ».
Solovki est un lieu spécial et son histoire ne se confond pas avec celle du monastère éponyme. L'adage « aujourd'hui à Solovski, demain dans toute la Russie » existait bel et bien depuis le 18ème siècleé En effet, de nombreux événements qui se produisaient d'abord à Solovki se reproduisaient ensuite à grande échelle dans le pays tout entier.
Le présent de Solovki inspire heureusement de l'optimisme. En 1990 le monastère y a repris les droits de la cité et deux ans plus tard le Musée ethnographique des îles Solovetski a été porté sur la liste du patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO.
Les pages noires de l'histoire de l'archipel ont basculé dans le passé mais elles demeurent vivaces dans la mémoire des Russes de même que les noms des prisonniers, grandes figures du XXème siècle, comme l'académicien Dmitri Likhatchev, expert en histoire russe ancienne, le philosophe et théologien Pavel Florenski et beaucoup d'autres.
« La période permienne » de la culture russe
Pour le nombre d'événements culturels par unité de temps la vieille cité russe de Perm pourrait rivaliser avec les centres qui ont déjà été ou seront proclamés capitales culturelles européennes. Quand à la Russie, on y considère sérieusement Perm, la capitale de la région d'Oural, comme une nouvelle capitale culturelle nationale.
« Un terrain d'expériences et d'innovations dans le domaine de la politique culturelle », - c'est ainsi que les autorits régionales définissent aujourd'hui la mission dévolue à Perm, en travaillant sur « un modèle culturel » spécifiquement permien. Ce modèle se réduit à l'intensité de la vie culturelle. En effet, rien que cette année la ville accueille 15 festivals principalement internationaux, comme le festival du théâtre d'avant-garde « Territoria », le festival de musique pour connaisseurs « Vladimir Spivakov vous invite », « Les accents européens », événements qui se décline en présentation culturelle de plusieurs villes d'Allemagne et d'Hongrie, sans compter de nombreux événements dans le cadre de l'Année croisée France-Russie.
Et pourtant, cette profusion n'est pas seule en cause. « La culture a perdu son statut d'assistée pour devenir partie prenante de la politique régionale », - a noté dans son interview à la « Voix de la Russie » le ministre de la Culture de la région de Permi Boris Milgram.
Nous voulons étendre notre expérience à d'autres régions où la culture commence également à émerger en remplisant sa mission de suvegarde du patrimoine pour les générations futures. Certes, il a des choses qu'il faut préserver dans la culture mais c'est aussi le domaine où se crée le nouveau. La culture peut devenir une industrie, générer des emplois, donner aux loisirs une dimension qualitativement nouvelle et améliorer globalement la qualité de la vie. Les habitants des villes de province n'auront plus le sentiment d'être laissés pour compte et éclipsés par Moscou mais seront fiers de leur terroir. C'est un aspect important de notre « modèle culturel ».
Perm est la ville où est né le grand imprésario russe Serge de Diaghilev qui a révélé l'art russe au monde au début du XXème siècle. Les « Saisons internationales Diaghilev » s'y déroulent depuis longtemps en souvenir de ce permien légendaire, de même qu'un concours international de ballet « Arabesques ». L'opéra de Perm est titulaire des prix nationaux les plus prestigieux. La ville peut se prévaloir de sa collection fantastique de sculptures en bois qui perpétuent la tradition locale unique en la Russie. Mais ces derniers temps, la vie culturelle de la ville a pris une dimension nouvelle qui a même permis d'assainir l'économie dans le contexte de la crise. Il s'agit de l'implantation à Perm d'un Musée d'art contemporain fondé par Marat Guelman, citique d'art, curateur et fervent adepte de tout ce qui est nouveau.
Premièrement, cette ville de la région d'Oural a acquis une notorité internationale grâce au musée. Deuxièmement, et c'est le principal, nous avons pu casser le préjugé selon lequel une vie culturelle intéressante serait impossible en province. Notre musée organise une quantité d'événements auxquels participent des artistes des quatre coins du monde et, par conséquent, la ville commence à devenir plus intéressante pour les investisseurs. Les hôtels qui récemment encore étaient vides sont maintenant pleins et il faut réserver la chambre bien à l'avance. Même le prix des terrains autour du musée est monté en flèche, signe que les affaires marchent bien. Et enfin, le musée génère des innovations. Autour de lui se crée un Centre du design qui travaille avec les industriels de Perm. Il y aura bientôt une Maison de la photographie gardienne de l'histoire de Perm et un Musée paléonthologique parce que Perm avait, comme on le sait, donné son nom à toute une période géologique, le permien.
« La période permienne » dans la culture russe s'assimile au temps des projets innovants comme la mise en scène russo-britannique de l'unique opéra de Ludvick Van Beethoven « Fidelio ». Son action a été transposée de la prison jacobine dans un camp stalinien et le spectacle sera présenté sur la scène du Musée des répressions politiques de Perm. Mais c'est le gouverneur de la région de Perm qui a avancé l'initiative la plus audacieuse : en 2016 Perm postulera officiellement pour le titre de capitale culture de l'Europe nonobstant le fait que la Russie n'est pas membre de l'UE. Pourtant, il faut être réaliste et demander l'impossible!
Saint-Pétersbourg risque de se retrouver en marge du
du patrimoine culturel mondial
Saint-Pétersbourg est menacé d'exclusion de la Liste du patrimoine de l'Humanité dressée par l'UNESCO, tel est l'enjeu de la construction d'un gratte-ciel de 400 m dans la partie historique de la ville. Une mission d'inspection de l'UNESCO a commencé son travail en ville.
La situation est grave parce que la même mission avait déjà étudié l'état du site figurant sur la liste du patrimoine de l'humanité sous le nom de « Centre historique de Saint-Pétersbourg et les monuments associés ». La mission a soumis l'été dernier son rapport où elle a pour la première fois évoqué la possibilité d'exclusion de la ville du patrimoine cultuel de l'Humanité. C'est qu'en 2007 Saint-Pétersbourg a déposé une demande de rénomination, c'est-à-dire d'une réduction considérable de la zone protégée par l'UNESCO. Les autorités municipales ont fait valoir le fait que cette zone était démesurée - de l'ordre de 26 000 hectares. Les centres historiques des autres villes, c'est au maximum un hectare et demi, comme à Rome. Mais cette initiative a un objectif inavoué : « les sites qui perdent leur statut de territoires protégés » se couvrent en toute hâte d'édifices qui sont parfois loin d'embellir le paysage urbain. C'est le cas du projet de construction du gratte-ciel « Okhta-Centre » (immeuble de bureaux) dans la zone qui reste encore sous la protection de l'UNESCO. Les experts sont formels : le fameux gratte-ciel risque de déformer « la silhouette unique de Saint-Pétersbourg ». Les opposants au gratte-ciel, c'est la moitié des habitants de la ville, organisent des piquets mais le vice-directeur d'« Okhta-Centre » Vladimir Gronski s'en fiche complètement.
Le projet est également soutenu par le gouverneur de la ville Valentina Matvienko qui souligne que cet arrondissement qui s'appelle Krasnogvardéïski vit une situation économique dépressive et que l'Okhta-Centre est capable de lui insuffler une vigueur nouvelle.
C'est l'ifrastructure qui manque aux habitants de l'arrondissement Krasongvardéïski qui sont las de végéter en marge du brillant Saint-Pétersbourg, - dit Valentina Matvienko. Ils veulent aussi profiter de l'architecture moderne et soutiennnent dans leur grande majorité ce projet qui promet une rénovation des réseaux technique, routier et de transport. Il s'agit d'énormes investissements dans l'économie de la ville et de nouveaux emplois, y compris pour les jeunes.
Les opposants au projet n'apppellent pas à l'abandonner pour de bon. « Il faut seulement y apporter quelques correctifs », - dit l'historien d'architecture Mikhaïl Miltchik.
Je ne suis pas contre la construction d'un centre des loisirs et des affaires dans l'embouchure d'Okhta mais je me dresse résolument contre sa partie verticale, c'est-à-dire contre la construction d'un gratte-ciel de 400 m de haut.
D'ailleurs, c'est aussi l'opinion des experts interntionaux de l'UNESCO. Francesco Bondarin, directeur du Comité du patrimoine de l'humanité déclare pour sa part : « Saint-Pétersbourg est la mieux conservée des capitales européennes. Nous soutenons le projet de construction du Centre d'affaires mais sommes opposés à la construction de la tour qui contredit l'histoire de la ville ». Nodor Krestev, expert du Conseil international de protection des monuments rajoute : « La tour géante change tout autour d'elle - tout semble petit et insignifiant y compris le caractère prestigieux les dominantes urbaines ».
Saint-Pétersbourg restera-t-il sur la liste du patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO? On le saura à la fin des travaux de la mission. Si la ville n'y reste pas, soulignent les experts, « il y aura au-delà des pertes financières - on sait que la liste du patrimoine de l'Humanité est une référence pour les agences de voyages étrangères - un coup dur porté à l'image de Saint-Pétersbourg ».