Saakachvili: un créateur maléfique

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Les actualités autour de la fausse alerte diffusée à la télévision géorgienne ont été et sont toujours commentées par les médias occidentaux de manière neutre et laconique.

Les actualités autour de la fausse alerte diffusée à la télévision géorgienne ont été et sont toujours commentées par les médias occidentaux de manière neutre et laconique.

Ces derniers ont oublié les exemples désormais classiques de l'histoire des médias comme l’adaptation du roman La Guerre des mondes de Herbert Wells qui avait été diffusée à la radio en 1938 et avait fait croire aux Américains à une invasion des martiens, ou encore une émission analogue sur une radio de l’Équateur en 1949 qui s’était terminée par l'assaut national du poste de radio avec un bilan de six morts.

Pourtant si une histoire semblable arrivait en Russie (disons, si la Première chaine russe diffusait une intox sur l’invasion des troupes de l'OTAN à Kaliningrad), un flux d'ironie courra de Vancouver à Tokyo. Ce résultat devrait affliger Saakachvili: rien ne trouble autant un créateur d'idées publicitaires que le manque d'attention des médias. Saakachvili est sans aucun doute un créateur d'idées imaginatif, il était ainsi qualifié par son ancien premier ministre, Zourab Nogaideli, en direct à RIA Novosti. «On peut attendre encore beaucoup de choses de Saakachvili dans le domaine de la promotion créative», a assuré Nogaideli aux journalistes russes et géorgiens.

Malheureusement, ce qu’on appelle de plus en plus souvent « promotion », pourrait être appelé à l'ancienne mensonge, provocation ou encore verbiage. Mais  Saakachvili essaye de marcher avec son siècle, c'est pourquoi il ne lésine pas sur l’argent pour la promotion. Peu de temps avant les « Ides de mars » (tentative d’un coup d’Etat inventé par le philosophe et homme politique romain Cicéron), organisées par la chaîne "Imédi", la Géorgie a embauché une compagnie de communication américaine - Podesta Group. En même temps elle a signé un contrat de 436 mille dollars avec Gephardt Group Government Affairs, société de communication présidée par Richard Gephardt, ancien dirigeant du Parti démocrate à la Chambre des représentants du Congrès américain.

Selon les données de Transparency International, dans les premiers mois qui ont suivi les événements d'août 2008, Saakachvili a dépensé pour ses lobbyistes américains 1,67 millions de dollars. Et cette somme  reflète à peine la totalité des dépenses, puisqu’aux termes des contrats conclus, la partie géorgienne est obligée de payer également aux employés américains leurs missions et leurs séjours dans les hôtels tant en Géorgie qu’aux Etats-Unis, ainsi que de couvrir les autres «dépenses nécessaires» potentielles.

Ce n’est probablement pas bien faire la caisse du budget d'autrui, mais en regardant ces chiffres, on se souvient des professeurs licenciés de l'université de Tbilissi, des vieux livres de la littérature géorgienne, qu’on est obligé de lire à défaut de nouveaux, ainsi que du lugeur qui s'est tué aux Jeux Olympiques à cause de son manque d’entraînement, pour lequel la Fédération des lugeurs géorgiens n’avait tout simplement pas trouvé d'argent.

L'art, la science, le sport, tout cela est archaïque, peu vendeur, peu prometteur. La perspective, c’est la promotion publicitaire. Pour cela, on dépense des millions de dollars, on donne des cours sans réel contenu dans les universités de Moscou et de Tbilissi. La télévision, la radio, les événements sportifs et les concerts de pop musique se transforment en publicité pour des hauts fonctionnaires.

Comme tout mensonge et verbiage, la publicité masque l'absence de vrais succès dans la politique et en plus l'absence de perspectives de résolution de ces problèmes. Depuis la guerre de 2008, les problèmes de l’Ossétie du Sud et le l’Abkhazie ne peuvent plus se résoudre par la voie militaire. Et une pression diplomatique sur la Russie est également impossible pour Saakachvili à cause de sa réputation ambiguë. Il ne lui reste plus que l’organisation de campagnes publicitaires. Et c’est ce qu’il fait.

D'abord ce fut le capitaine d’un cargo turc qui avait fait du commerce avec l'Abkhazie et qui a été condamné à 24 ans de prison par la cour géorgienne. Ensuite ce fut la démolition d’un monument aux soldats soviétiques en Géorgie. Maintenant, c’est la « guerre des mondes »…

A tous les reproches sur l'utilisation de l’argent de l’Etat pour ces mensonges et ces verbiages, les créateurs d’idées publicitaires sales se réfèrent en général à l'expérience mondiale et à la nécessité de renoncer à la conscience autoritaire. Et lorsqu’on a demandé à Saakachvili, dans une émission de la  BBC « Hard Talk », quelles étaient ses liens avec Randy Scheunemann, chef de la campagne électorale de John McCain, l'ancien candidat à la présidence américaine, il s’en est tenu à faire remarquer: «Vous parlez tout comme Poutine».

Embaucher des agences publicitaires américaines signifie probablement marcher avec son siècle. Mais on se souvient de la phrase de l'apôtre Paul: « La Sagesse de ce monde est folie devant Dieu».

 

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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