Les conflits religieux au Nigéria exposent le continent au danger

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Notre observateur Alexei Grigoriev vous invite aujourd’hui à écouter son commentaire « Les conflits religieux au Nigéria exposent le continent au danger » et comme toujours – l’aperçu des événements « L’Afrique : les échos de la semaine ». Vous pouvez suivre cette rubrique sur le site www.ruvr.ru et adresser vos messages à son auteur par e-mail yazon@ruvr.ru.
Plusieurs chaînes internationales de télévision ont diffusé il y a une semaine les chroniques du massacre dans trois villages à proximité de la ville de Jos, centre administratif de l’Etat de Plateau au centre du Nigéria. Ayant pénétré la nuit dans les villages, les attaquants ont ouvert le feu des fusils et se sont mis ensuite à tuer au couteau et à la machette des gens sortant des maisons. Le massacre a continué pendant trois heures et ceux qui sont restés vivants ont découvert à l’aube des centaines de cadavres d’hommes, de femmes, d’enfants, des maisons brûlées et pillées. Les unités armées et les journalistes sont arrivés plus tard et c’est pour ça que le monde a appris le même jour la tragédie qui s’est produite dans les villages nigérians. Près de 300 islamistes de la tribu de Fulanis ont participé à l’attaque nocturne contre les villages habités essentiellement de chrétiens de la tribu de Bérons. Ils ont adressé précédemment les SMS aux fidèles les ayant avertis et leur ayant communiqué le mot de passé « nagge » qui signifie « bétail » chez les Fulanis. Cela confirme que l’attaque a été minutieusement préparée. Le président par intérim du Nigeria, Goodluck Jonathan, a placé « toutes les forces de sécurité du Plateau et des Etats voisins en alerte maximum afin d'empêcher que ce dernier conflit ne déborde ». Néanmoins, malgré les déclarations des militaires ayant protégé, pas tout de suite, il est vrai, les villages pillés, plus de 8 mille chrétiens ont abandonné les villages et les villes de l’Etat. La presse mondiale a déjà informé des affrontements sanglants entre les musulmans et les chrétiens à la mi-janvier à Jos ayant fait plus de 700 tués, essentiellement parmi les musulmans. Le litige entre les deux communautés pour un lot de terre sur lequel les musulmans entendaient construire une mosquée a servi alors de prétexte pour la confrontation. Les musulmans radicaux ont, semble-t-il, entrepris la récente attaque nocturne contre les vilalges chrétiens pour se venger. Fait révélateur : après les affrontements à Jos les émissaires de l’« Al-Qaida au Maghreb islamique » déployant, en outre, ses activités en Mauritanie, dans le Nord du Mali et au Niger ont répandu le message exhortant à durcir la lutte contre les chrétiens et les promesses d’aider les musulmans pour bannir les infidèles du Nord du Nigéria où ont été adoptées les lois de la charia. Ainsi, ce qui s’est produit il y a une semaine dans les trois villages dépasse le cadre d’un affrontement intertribal des Bérons et des Fulanis. Les deux tribus sont en confrontation des siècles durant en disputant les territoires. L’animosité est accentuée par le facteur religieux. Tous les pays africains sont, d’ailleurs, polyethniques et pluriconfessionnels. Il suffit d’évoquer les guerres civiles à l’époque féodale et à l’heure actuelle entre les Hutus et les Tutsis au Rwanda et au Burundi ou bien le conflit armé au Darfour, au Soudan, entre les tribus négroïdes chrétiennes de cultivateurs et les tribus arabes d’éleveurs ayant fait plus de deux millions de victimes. Il y a eu déjà au Nigéria une guerre pour séparer la province pétrolifère du Biafra, dans le Sud du pays, du gouvernement central. Une grande partie des habitants du Sud professent le christianisme. Le séparatisme est soutenu ces dernières années par le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger. La situation dans 13 Etats du Nord habités de Haus professant l’islam est toute autre. Les Haus occupent la plupart des postes clés dans l’administration nigériane, dans l’armée la plus puissante en Afrique de l’Ouest. D’après les données officielles, plus de 10 mille personnes ont péri ces dernières années dans les conflits interethniques et interconfessionnels. Bref, le plus grand Etat africain (140 millions d’habitants) est de plus en plus entraîné dans la confrontation et ceci – non seulement à cause des conflits au sein de l’administration. L’islamisation rampante du Nigéria n’assure pas, loin s’en faut, la stabilité et la confrontation entre l’islam et le christianisme aggrave la situation. Le massacre des chrétiens dans les villages autour de Jos a provoqué la réaction des hiérarques religieux et des leaders de plusieurs organisations internationales. Ainsi, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ke-Moon a exhorté les parties au conflit au Nigéria « à mettre fin à la violence, et les leaders politiques et religieux à réunir leurs efforts pour assurer un règlement admissible du problème ». Le pape Benoît XVI avait auparavant dénoncé « l'atroce » bain de sang au Nigeria après le massacre dimanche à l'aube des villageois chrétiens. Les leaders du Nigéria et de la Ligue arabe ont souligné, à leur tour : « Nous devons ranger notre épée et œuvrer en faveur de la paix. La violence ne peut servir à résoudre les conflits », a déclaré, à son tour, le gouverneur de l’Etat de Plateau. Jonah Jang. « Je lance un appel à ce que nous entreprenions tous trois jours de jeûne pour implorer Dieu de nous pardonner nos péchés et ramener la paix dans notre Etat », a-t-il déclaré dans un discours radio-télévisé.


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