Lutte anti-piraterie: succès tactiques et revers stratégiques

© Vitaly Ankov / Accéder à la base multimédiaLe grand bâtiment anti-sous-marin Marchal Chapochnikov
Le grand bâtiment anti-sous-marin Marchal Chapochnikov - Sputnik Afrique
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Le 24 février 2010, la Flotte russe du Pacifique a envoyé le grand bâtiment anti-sous-marin Marchal Chapochnikov, un bateau remorque de sauvetage et le tanker Petchenga au large de la Somalie pour lutter contre les pirates.

Le 24 février 2010, la Flotte russe du Pacifique a envoyé le grand bâtiment anti-sous-marin Marchal Chapochnikov, un bateau remorque de sauvetage et le tanker Petchenga au large de la Somalie pour lutter contre les pirates.

En plus des équipages, des unités de marines se trouvent à bord de chacun des navires. Deux hélicoptères sont embarqués à bord du grand bâtiment anti-sous-marin. Ce détachement maritime commandé par le capitaine de vaisseau Ildar Akhmerov est déjà le quatrième qu’on envoie dans les eaux africaines en vue d'assurer la sécurité de la navigation.

La flotte russe participe à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie depuis l'automne 2008, lorsque le navire d'escorte Neoustrachimy est arrivé de la Baltique dans le golfe d'Aden. A l’heure actuelle, l'escorteur Neoustrachimy poursuit la lutte anti-piraterie en vue d'assurer la sécurité de la navigation dans ces eaux et s'apprête à transmettre sa mission au bâtiment Marchal Chapochnikov et aux navires qui l'accompagnent.

Des navires des forces navales d'une vingtaine de pays, y compris ceux des grands pays de l'OTAN, de l'Inde, de la Chine, des Etats arabes et d'autres se trouvent au large de la Somalie où ils effectuent un travail de grande importance. Ainsi, trois détachements de navires de la Flotte russe du Pacifique ont escorté plus de 100 navires marchands de 26 pays et repoussé plus de 20 tentatives d’attaque contre ces navires.

Au cours de sa mission dans le golfe d'Aden, le Neoustrachimy a escorté 15 caravanes de tankers et d’autres bateaux battant pavillon étranger, au total, plus de 50 navires.

Cependant, le nombre d'attaques des pirates ne diminue pas. En 2008, 111 incidents ont été enregistrés au large de la Somalie: 42 navires avec 815 membres d'équipages ont été capturés. En 2009, malgré tous les efforts internationaux, le nombre d'attaques dans cette région s'est élevé à 217. Cependant, l’efficacité des pirates a quelque peu baissé: 47 navires saisis et 867 marins retenus en otages. Le taux de réussite est également en baisse passant de 2-3 attaques pour une capture en 2008, à 4-5 en 2009.

Cette "baisse d'efficacité" doit être attribuée non pas à une crise de la piraterie, mais au fait que les mesures prises par les armateurs et les commandants sur place commencent à obtenir des résultats sur le plan tactique. Mais sur le plan stratégique, le nombre d'attaques continue à s'accroître et rien ne laisse présager une diminution.

Les pirates sont de mieux en mieux équipés: un grand nombre d'entre eux sont munis d'armes à feu, d'un système de liaison et de navigation par satellite, de vedettes plus manoeuvrables. Leur tactique se perfectionne également: depuis que les navires marchands ont cessé de s'approcher des côtes de la Somalie, les attaques des pirates sont de plus en plus souvent lancées en haute mer. En principe, ces attaques ne peuvent pas être réussies si les pirates n'ont pas de renseignements sur les itinéraires et le temps du passage des navires, ce qui laisse supposer qu'il existe un réseau ramifié d'informateurs. Autrement dit, la piraterie s'est transformée en business rapportant des millions de dollars de profits pour des frais minimaux, compte tenu de la misère qui règne en Somalie et des bas prix des équipements sur le marché mondial.

Le principal problème de la lutte contre la piraterie reste irrésolu. Les pays dont les flottes opèrent dans les eaux locales n'ont toujours pas de stratégie de cette lutte ni de point de vue unique sur le sort des pirates capturés. La législation des pays européens ne prévoit pas de châtiments sévères, alors que la réclusion dans une prison européenne n'effraie pas les pirates, car ils en sortiront et pourront rester en Europe. Les marins européens ne peuvent pas non plus, en raison des restrictions de loi actuellement en vigueur, transmettre les pirates arrêtés, par exemple, à la justice des Etats arabes où ils seraient condamnés à la peine de mort. Les marins russes et ceux des pays asiatiques jouissent, sur ce plan, d'une plus grande liberté. En règle générale, ils transmettent les pirates au Yémen et à d'autres Etats arabes voisins.

Le nombre de vedettes coulées des pirates s'est considérablement accru en 2009: malgré les restrictions juridiques, les flottes des pays de l'OTAN ont commencé à recourir de plus en plus souvent aux mesures extrêmes, mais il est peu probable que cela permette de réduire le nombre d'attaques.

L'unique moyen d'améliorer un peu la situation par voie militaire est de lancer une opération de grande envergure contre les principales bases des pirates sur le littoral, ce qui demande des forces bien plus importantes. Cependant, puisque ce business est très profitable et qu’il y aura toujours des volontaires pour remplacer les pirates mis hors combat, on ne peut assurer une amélioration durable de la situation qu'en normalisant la situation en Somalie, en y mettant en place une économie solide et en réduisant ainsi le nombre de personnes désireuses de s'essayer dans le rôle de pirates. Mais cette opération prendra plusieurs années et reviendra bien plus cher que la lutte actuelle contre la piraterie et même plus cher que les rançons versées. Dans les conditions actuelles, la communauté mondiale semble préférer de continuer à payer ces rançons en fermant les yeux sur l'absurdité de la situation actuelle.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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