La coopération militaire et technique entre la Russie et l’Inde qui dure depuis près d’un demi-siècle peut être divisée en différentes phases. La première phase, qui débute en 1962 avec les livraisons d’armes soviétiques à l’Inde, au moment du conflit avec la Chine, avait été caractérisée par des ventes de systèmes d’armements en tant que produits finis. La deuxième phase suivit à partir de la fin des années 1960 par le lancement en Inde de la production de systèmes d’armes soviétiques sous licence : avions, armes d’infanterie et autres.
Vers les années 1980, 75% des besoins de l’Inde en armements étaient satisfaits par les livraisons en provenance d’URSS ou par la production d’armements soviétiques sous licence et, vers les années 1990, l’équipement des forces armées indiennes en armes soviétiques était du même rapport. En même temps, l’industrie indienne avait atteint un niveau de développement lui permettant de concevoir de nouveaux modèles d’armements. Les fabricants indiens d’armement avaient commencé à développer une série de projets indépendants, comme la création de missiles balistiques et antiaériens, des navires de combat, des chars et divers aéronefs.
Cependant, comme l’a prouvé l’expérience, l’Inde n’avait pas toujours le potentiel lui permettant de réaliser des projets complexes, ce qui freina beaucoup les travaux et provoqua un retard dans les caractéristiques techniques et tactiques des modèles construits par rapport aux projets analogues de la Russie et de l’Occident. On peut ainsi citer l’exemple du système anti-aérien Akash dont le développement prit près de 25 ans, de 1984 à 2009. Par ses caractéristiques techniques et tactiques, ce système correspond presque au système de missiles sol-air Bouk (Code OTAN SA-17 Grizzly) créé en URSS au début des années 80.
Le projet de char indien Arjun de conception nationale, dont le développement a également duré près de 30 ans, fut également un échec relatif. Les dirigeants indiens préférèrent finalement les conceptions communes, plus prometteuses, permettant de développer leur école scientifique et technique dans la mesure où le résultat obtenu est garanti par les potentialités de l’auteur principal du projet.
Parmi les projets les plus importants on peut citer :
Les missiles antinavires (mer-mer) BrahMos créés sur la base du projet soviétique PKR Oniks/Iakhont. BrahMos représentent l’un des meilleurs projets communs à la Russie et à l’Inde dans le domaine de l’armement. Les livraisons de BrahMos supersoniques pour les forces aériennes indiennes, versions maritime et terrestre, ont déjà commencé, celles de missiles air-sol débuteront bientôt. Sont également attendues des livraisons pour les forces armées russes. En outre, sur la base de BrahMos, un missile anti-navire hypersonique nouveau est en cours de développement, il doit être mis en service dans la prochaine décennie. Le BrahMos permet à l’Inde de montrer l’exemple d’une attitude parcimonieuse envers les armements existants, en équipant de ces missiles les frégates du projet 61 de construction soviétique, contribuant ainsi à accroître considérablement leurs capacités opérationnelles en combat.
Si le BrahMos est dans sa phase de concrétisation, le projet commun le plus ambitieux, à savoir celui du chasseur de cinquième génération FGFA (Fifth Generation Fighter Aircraft), ne fait que débuter. Un accord sur le développement du chasseur FGFA a été signé fin 2008 et le chasseur russe de cinquième génération T-50, créé selon le programme PAK FA (Système d’armes évolutif embarqué de l’aviation tactique) et qui a effectué son premier vol en janvier 2010, constitue son prototype.
Les constructeurs russes jouent également un rôle important dans la création de nouveaux navires pour les forces navales indiennes, parmi lesquels figurent les frégates du projet 17, le sous-marin nucléaire du projet ATV et un porte-avions de concept évolutif. Parallèlement, l’Inde continue à acheter des navires de fabrication russe et le contrat de modernisation du porte-avions Vikramaditya (l’ancien croiseur porte-avions lourd russe Admiral Gorchkov) est le plus important en ce sens. Son sort a été enfin défini : il doit être remis à l’Inde en 2012. La construction de frégates du projet 11356 pour la Marine de guerre de l’Inde continue. Des commandes supplémentaires pour des navires de classes différentes ne sont pas exclues.
A la fin de 2010, l’Inde doit recevoir en location un sous-marin nucléaire russe du projet 971I dont l’exploitation devrait significativement aider l’Inde dans le développement de son projet ATV.
Pour les 15 prochaines années, l’Inde a l’intention d’allouer plus de 100 milliards de dollars pour l’achat de nouveau matériel de guerre et de nouveaux armements. Le marché indien est l’un des plus attrayants et, en même temps, l’un des plus difficiles pour les producteurs mondiaux d’armements parmi lesquels la concurrence fait rage. Les armes russes doivent prouver leurs avantages dans cette compétition face aux meilleurs équipements américains et européens, et les propositions russes de contrats se doivent d’être encore plus attractives que celles du monde occidental.
Il est peu probable que la Russie reçoive les ¾ des commandes des forces armées indiennes, comme c’était le cas à l’époque de l’URSS, mais les producteurs et les auteurs de projets russes ne renonceront pas à lutter pour un marché aussi avantageux. L’un des principaux atouts de la Russie, outre une coopération déjà longue et fructueuse avec l’Inde, est sa volonté de partager des technologies militaires ultramodernes, c’est-à-dire une marchandise que l’Inde ne pourra probablement pas trouver ailleurs.
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Le transfert de technologies comme meilleur atout
22:36 19.02.2010 (Mis à jour: 16:05 05.10.2015)
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