Nezavissimaïa gazeta/Gazeta
Bouclier antimissile américain en Europe: une nouvelle surprise pour Moscou
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a demandé hier des explications à Washington sur ses projets de déployer des éléments de défense antimissile en Bulgarie, lit-on lundi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Gazeta.
Cette dernière avait fait savoir la semaine dernière qu’elle souhaitait coopérer avec les États-Unis.
De même qu’avec la récente déclaration roumaine, Moscou a encore une fois appris les projets américains se répercutant sur la sécurité russe, non par voie diplomatique mais en même temps que le reste du monde.
L'agence bulgare Focus a annoncé, se référant à des sources au ministère de la Défense, que la Bulgarie pourrait accueillir soit des missiles de DCA MIM-104 Patriot, « soit des missiles intercepteurs Standart (SM-3) en vue d'abattre des missiles balistiques de portée moyenne et longue ».
Moscou a réagi assez nerveusement à la surprise de Sofia, de même qu'à celle de ce mois-ci de la Roumanie. "C'est maintenant le tour de la Bulgarie, écrit l'ambassadeur de Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, sur son microblog Twitter. J'estime que cela ne tournera pas bien pour l'Europe … Les Bulgares sont nos frères, mais, du point de vue politique, ils sont peu scrupuleux. Ils ont combattu contre nous dans les deux guerres mondiales… Il ne convient pas de marcher trois fois sur le même râteau!"
La Russie a maintes fois essayé de lier la réduction des armements offensifs et le déploiement du bouclier antimissile américain. Cependant, Washington continue à considérer le déploiement de la défense antimissile en Europe comme un processus à part n'ayant rien à voir avec la nécessité de réduire les armements offensifs. On laisse entendre à Moscou qu'il ne s'agit que de la mise en œuvre du projet modifié de déploiement du bouclier antimissile en Europe annoncé par Obama le 17 septembre 2009 en suspendant le déploiement de la troisième région de positionnement de la défense antimissile.
Comme l'a déclaré l'ancien chef d'état major général des Troupes balistiques stratégiques russes (RVSN) Viktor Essine, les militaires américains ont choisi de façon "argumentée" la position pour le déploiement d'éléments de la défense antimissile, dans le cas où ils auraient l'intention d'abattre des missiles lancés à partir de l'Iran. Cependant, si les Américains décident de déployer non pas des Patriot ou des Standart qui sont, pour l'instant, incapables de menacer les ICBM russes, mais d'autres systèmes, Moscou ne devra pas l'accepter, a déclaré le général.
En attendant, l'initiative roumaine a déjà alarmé Kiev. Selon Vassili Khara, le vice-président du groupe parlementaire du Parti des régions, en proposant aux Etats-Unis de déployer des systèmes américains de défense antimissile sur son territoire, la Roumanie fait de l'Ukraine une zone de risque. "Ils provoquent tout simplement des vols de missiles des parties adverses au-dessus de notre pays", a déclaré le député. Il est certain que la proposition roumaine faite aux Etats-Unis ne manquera pas d'aggraver la situation en Transnistrie, mais le président Viktor Ianoukovitch "ne laissera pas la Transnistrie sans soutien".
Kommersant
La Russie devrait aider les États-Unis et l'OTAN en Afghanistan
Les Américains s’apprêtent à porter aux talibans un coup foudroyant dans le cadre de leur plus importante opération militaire en Afghanistan depuis 2001, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.
Le cas de l'Afghanistan est un exemple éclatant de fiascos des grandes puissances: d'abord la Grande-Bretagne, ensuite l'URSS et maintenant les États-Unis. Ces derniers parviendront-ils à porter des coups décisifs aux talibans? Et à créer des conditions pour une réconciliation nationale qui, seule, peut assurer la stabilité et permettrait aux américains de se retirer du pays sans trop de préjudices? Que doit faire la Russie dans cette situation?
Nous devons éviter de nous engager de façon directe, tout en aidant les États-Unis et l'OTAN. Nous devons les aider pour trois raisons.
La première raison est la drogue : les talibans contrôlent 80% des plantations de pavot. A l’heure actuelle, le nombre de toxicomanes en Russie est à peu près le même que dans les pays européens frontalier, la population y étant moins nombreuse que chez nous. 21% des drogues en provenance de l'Afghanistan sont distribués dans notre pays. A lui seul, cet argument suffirait pour aider les Américains, qui, pour une fois, font le sale travail pour nous. D'autant plus qu’une quantité croissante d’héroïne d’origine afghane arrive chez nous et en Europe Occidentale par les républiques d'Asie Centrale, alors que l'Iran bloque le trafic assez efficacement à ses frontières.
La deuxième raison c’est l’envoi des terroristes. Ces dernières années, ce problème s'est quelque peu effacé, mais de plus en plus commence à se faire sentir de nouveau. Opérant dans le sud, les Américains repoussent les talibans et leurs alliés vers les régions nord, plus calmes.
Enfin, la troisième raison : les extrémistes islamiques. Le mouvement des talibans comporte les trois maux: la drogue, le terrorisme et l'extrémisme.
Les Américains luttent-ils contre les « narcobarons » ? Ils commencent à le faire, écrasant des laboratoires produisant de la drogue, interceptant des caravanes. Mais ils ne détruisent toujours pas activement les plantations. Or, si nous n’aidions pas les américains en Afghanistan, il nous serait plus difficile de les influencer. L'Afghanistan est en fait une frontière avancée de notre propre sécurité.
Il existe aussi un autre aspect important : la Russie n'a pas trop de possibilités d'influer sur la situation aux États-Unis. Mais le fait-même que nous aidions Obama sur une de ses directions prioritaires, accroît ses chances de survie politique face aux attaques intensifiées des forces conservatrices. Or, sa survie politique et la poursuite de sa politique de «redémarrage» ne nous sont point indifférents.
Auteur : Anatoli Adamichine, vice-ministre des affaires étrangères de l'URSS (1986-1990), premier vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie (1992-1994).
Kommersant
La crise mondiale aidera les participants à Nord Stream à éviter les sanctions sur les livraisons de gaz
Le projet de gazoduc Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique, d'un coût de 7,4 milliards d'euros, a reçu toutes les autorisations nécessaires, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.
Sa construction commencera en avril. Comme l'a annoncé le premier ministre Vladimir Poutine, les premières livraisons de gaz par Nord Stream débuteront en septembre 2011, soit plus tôt que ne le prévoit l'opérateur du projet, mais plus tard que les prévisions initiales des participants à Nord Stream. La crise économique permettra d’éviter les sanctions par les clients.
L'agence administrative du Sud de la Finlande a autorisé vendredi dernier la pose de 374 km du gazoduc dans les eaux finlandaises de la Baltique. A présent, l'opérateur du projet Nord Stream AG a toutes les autorisations nécessaires à la construction: russes, finlandaises, suédoises, danoises et allemandes.
Mikka Seppala, conseiller du ministère finlandais de l'Ecologie, a expliqué que l'autorisation était assortie de certaines restrictions. Ainsi, Nord Stream AG devra conclure un accord avec les sociétés finlandaises de pêche en vue d'indemniser "d'éventuelles dommages". Il s'agit d’un versement annuel de 30000 euros pendant cinq ans. La Finlande a également interdit le mouillage des navires sur le lieu de construction du tube.
Nord Stream AG a déjà dépensé environ 100 millions d'euros pour étudier les fonds de la Baltique. Il devra aussi nettoyer le fond de la Baltique des restes de munitions de la Seconde Guerre mondiale. Mikhaïl Barabanov, le rédacteur en chef de la revue Moscow Defense Brief, estime que la destruction des mines peut coûter 150 à 300 millions de dollars de taux d'intérêt des dépenses totales du projet". Les Danois exigent que le tube soit posé en période d'absence de frai des poissons et que la construction soit concertée avec les propriétaires de câbles de télécommunications passant par le fond de la mer et se trouvant sur l'itinéraire de Nord Stream.
Maxime Chéïne de Brockerkreditservice indique qu'initialement le gazoduc devait être mis en service au troisième trimestre de 2010. "L'accord des actionnaires (Gazprom, E.On et BASF) prévoyait des sanctions en cas d'irrespect des engagements pris dans le contrat sur la livraison de volumes supplémentaires", précise l'analyste. Cependant, ajoute l'expert, la crise mondiale a aidé les participants à Nord Stream: les Européens achètent moins de gaz russe.
Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis, souligne que Gazprom assumera la livraison de moins de 40% de la capacité de Nord Stream (20 milliards sur les 55 milliards de m3), le reste du gaz sera livré par les tubes transitant par l'Ukraine, la Biélorussie et la Pologne. "Gazprom économisera probablement 1 à 1,2 milliard de dollars par an en réduisant les volumes de transit par l'Ukraine", estime l'expert. En raison de la diminution de la demande de gaz en Europe, le délai de construction de la deuxième tranche du gazoduc peut être reporté.
Vedomosti/Kommersant
Severstal: possible introduction en bourse de ses actions d’or pour 2 à 3 milliards de dollars
Severstal pourrait, cette année déjà, mettre en vente à la bourse (IPO - Initial Public Offering) jusqu’à 50% de ses actifs dans le secteur de l’extraction d’or, lit-on lundi dans les quotidiens Vedomosti et Kommersant.
C’est ce qu’a notifié la banque Ouralsib Capital a ses clients à l’issue d’une rencontre avec les hauts responsables de la société.
La banque a estimé les actifs en question à 2 à 3 milliards de dollars environ. Severstal cherche à améliorer les performances opérationnelles de sa division d’extraction d’or, sans toutefois rien faire de concret pour préparer une introduction en bourse, c’est ainsi qu’un représentant du groupe métallurgique a commenté la nouvelle. L’idée d’effectuer un placement en bourse existe en tant que telle, mais ce n’est pour demain, ajoute-t-on de sources proches de Severstal.
La division « or » de Severstal comprend plusieurs actifs en Russie, au Kazakhstan et au Burkina Faso, dont le principal (50,1%) est High River (Canada) qui possède des gisements en Russie et au Burkina Faso. En neuf mois, la compagnie a vendu 239 807 onces d’or sur les 534 000 produits au total en 2009, indique la lettre d’Ouralsib. Ainsi, elle s’est classée deuxième producteur d’or de Russie (après Polious Zoloto), alors qu’elle n’était que cinquième en 2008. A l’époque, Severstal comptabilisait la production de High River en proportion de la part de cette dernière, mais à présent elle en a entièrement intégré les données dans son bilan général, explique un employé de la société.
Entre temps, Severstal continue d’augmenter ses actifs en or: elle a annoncé vendredi avoir augmenté de 4,08% à 19,79% (pour une somme de 51 millions de dollars) sa part dans Crew Gold Corporation, compagnie britannique à laquelle appartient la mine de Lefa, en Guinée. L’année dernière, la production de Crew Gold a constitué un tiers environ du volume total de la production de l’or aux gisements contrôlés par Severstal.
Avant de lancer une introduction en bourse, Severstal devrait détacher ses actifs d’or au sein d’une compagnie distincte, ainsi donc le placement des actions n’est sûrement pas pour l’année en cours, estime Marat Gabitov, analyste à Unicredit Securities. Par ailleurs, 50% des actions, c’est une proportion trop importante, ajoute l’expert, étant donné que les actifs qui forment la division en question de Severstal ne sont devenus rentables que maintenant, c’est-à-dire au moment où l’once d’or est à 1000 dollars. Du reste, la croissance des prix se poursuivra sans doute, de même que le coût respectif des actifs de Severstal, note Gabitov. Pour les neuf premiers mois de 2009, l’EBITDA de sa division-or a constitué de 140 à 150 millions de dollars, affirme la lettre d’Ouralsib, et d’après le bilan de toute l’année, elle pourrait atteindre quelque 200 millions de dollars.
Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.
Revue de la presse russe du 15 février
19:36 15.02.2010 (Mis à jour: 16:05 05.10.2015)
© Flickr / by pedrosimoes7Revue de la presse russe du 15 février
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