En avant vers un système politique moderne

© RIA Novosti . Vladimir Rodionov / Accéder à la base multimédiaEn avant vers un système politique moderne
En avant vers un système politique moderne - Sputnik Afrique
S'abonner
Le principal événement de la semaine dernière, c’est la réunion du Conseil d'Etat sur l’évolution du système politique qui s'est tenue vendredi 22 janvier.

Le principal événement de la semaine dernière, c’est la réunion du Conseil d'Etat sur l’évolution du système politique qui s'est tenue vendredi 22 janvier.
Il y a bien longtemps qu’une telle féerie de pluralisme dans les réunions politiques officielles avec la participation de premiers personnages de l'Etat n'avait pas été observée. Le fait est que le président Dmitri Medvedev a décidé d’attribuer des postes de dirigeants régionaux aux chefs des sept partis politiques enregistrés en Russie, y compris à des personnalités de l'opposition comme le président du parti Iabloko Sergueï Mitrokhine. Chacun des chefs de partis a pu exprimer son point de vue.

Comme l'a fait remarquer Dmitri Medvedev, le Conseil d'Etat a examiné pour la première fois « des questions de politique intérieure et d’autres qui concernent le développement du système politique, des institutions démocratiques de notre pays ». En fin de compte, cette réunion rappelait les Congrès des députés du peuple de l'époque de Mikhaïl Gorbatchev. Cette impression a d'ailleurs été confirmée par sa retransmission en direct par la chaîne de télévision Vesti 24, chaîne destinée à un large public, mais apparemment peu de téléspectateurs ont regardé l’émission. La réunion du Conseil d'Etat de vendredi dernier ressemblait davantage aux sessions de la Douma (chambre basse du parlement russe) de la deuxième moitié des années 1990, c’est-à-dire à l’époque où le parlement était encore un lieu de discussions.

Toute la discussion a été guidée par une idée simple : une véritable modernisation sans coercition ne sera possible qu’à condition de changer le système politique russe, de façon plus ou moins radicale selon la position des orateurs. Mais le principe même a été reconnu par tous.

Le président a souligné que le système était « loin d'être idéal, mais il fonctionne », toutefois sans se limiter à cette thèse. « Notre objectif est de faire en sorte que les principes de gestion politique correspondent au caractère pluridimensionnel de notre société et à sa diversité culturelle et idéologique. Nous devons rendre la politique plus intelligente, plus souple et plus moderne, mais l'expérience montre que, malheureusement, pour gérer les processus sociaux de plus en plus complexes, on a recours souvent à une administration bureaucratique primitive, je dirais même, stupide », a déclaré le chef de l'Etat.

Ces thèses générales ont été soulignées par les chefs des partis, en premier lieu, par des personnalités en vue comme le président du parti Russie Juste et également président du Conseil de la Fédération (la chambre haute du parlement russe) Sergueï Mironov, le principal communiste Guennadi Ziouganov et le leader du LDPR (le Parti libéral-démocrate de Russie) Vladimir Jirinovsky. Critiquant de façon acerbe le parti du pouvoir, ils ont tous désigné trois choses très importantes nécessaires pour le développement du système politique, objet de la réunion. Ces « trois piliers » sont : la concurrence politique, les élections libres et la confiance du peuple dans le pouvoir. Selon les orateurs, les progrès qui restent à faire dans cette voie sont considérables.

Les élections régionales et municipales de l'année dernière, surtout celles de la Douma de Moscou (assemblée législative) ont de nouveau été sévèrement critiquées. Les concurrents, Mironov, Ziouganov et Jirinovsky ont de nouveau accusé le parti « Russie unie ». Le président Medvedev n'a pas non plus éludé la question.  A propos des résultats des élections à la Douma de Moscou, le 11 octobre 2009,  il a « réfléchi à haute voix »: « Deux fractions sont représentées, par exemple, à la Douma de Moscou, mais reflètent-elles toute la diversité des penchants politiques des Moscovites ? Je reconnais en douter dans la mesure où il s'agit d'une ville immense, complexe, à la population très bigarrée et active, mais il n'y a que deux fractions représentées ». Le président a reconnu que c'était dû au fait que « les Moscovites ne sont pas très enclins à se rendre aux urnes pour les élections locales ». « D’ailleurs, le faible taux de participation est en lui-même un problème politique », a-t-il ajouté.

Presque tous les participants à la discussion ont été unanimes à estimer que le système électoral avait besoin d'être perfectionné, entre autres du point de vue technique, et qu’il convient de ne pas répéter les erreurs de l'année dernière aux élections régionales et municipales prévues pour le 14 mars. On verra nettement quelle sera l’efficacité pour les résultats des élections de l'équipement des bureaux de vote en moyens électroniques modernes de vote et de dépouillement du scrutin.

Enfin, l'ombre du PCUS et de l'URSS a sans cesse plané sur la discussion au Conseil d'Etat. Le leader du KPRF (le Parti communiste de la Fédération de Russie) Guennadi Ziouganov, par exemple, a soudain comparé le parti communiste d'antan et le parti actuellement au pouvoir : « Le PCUS a été plus intelligent, plus fort, plus compétent et plus méritant que « Russie unie », mais même lui n'a pu se maintenir sans dialogue normal, lorsqu’un ordre donné par une personne était exécuté par tous, sans réfléchir ». Le président du parti Iabloko Sergueï Mitrokhine, le participant le plus radical des débats, a effrayé l'assistance par sa déclaration grandiloquente : « Le maintien du système politique actuel est incompatible avec une modernisation». Il l'a même comparé au « système communiste de la dernière période de l'URSS ».

D’un autre côté, Dmitri Medvedev a su rassurer ses interlocuteurs en déclarant que le retour au système politique de la période de l'Union Soviétique est impossible, ne serait-ce que pour la bonne raison que ni le peuple, ni ses chefs ne le veulent.

Clôturant les débats, le président a déclaré que la réunion fut éclatante, dynamique. On peut même dire probablement qu'elle aura constitué une percée ou un tournant. Bien qu’aucune idée ou proposition foncièrement nouvelle n'y aient été énoncée, l'auteur de ces lignes a ressenti, durant trois heures, une sensation du nouveau. Il serait peut-être plus juste de dire que ce nouveau était surtout du vieux bien oublié.

Le fait est que, pour la première fois depuis plusieurs années, les discours critiques des chefs de groupes parlementaires ont retenti non pas entre les murs de la Douma, mais ils ont été retransmis en direct à travers tout le pays. Cette réunion marque peut-être une tendance : la grande politique sort à nouveau des couloirs du pouvoir qui restent habituellement dans l’ombre. Il n’y a plus qu’à continuer.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала