L’Europe plonge doucement dans le Traité de Lisbonne

© Flickr / rockcohenL’Europe plonge doucement dans le Traité de Lisbonne
L’Europe plonge doucement dans le Traité de Lisbonne - Sputnik Afrique
S'abonner
Depuis le 1er décembre, la Grande Europe vit au rythme d’une nouvelle constitution.

Depuis le 1er décembre, la Grande Europe vit au rythme d’une nouvelle constitution.

 Il est vrai que son « accouchement » a été tellement long et douloureux – environ 8 ans se sont écoulés depuis le début de son élaboration, après quoi elle a été adoptée, rejetée, revue, approuvée, ensuite mise en échec et de nouveau adoptée – que le terme de « constitution » n’est plus, officiellement, employé par personne.

Aujourd’hui, c’est le terme « Traité de Lisbonne » qui est le plus souvent de mise. Le Traité de Lisbonne, qui modifie la procédure d’adoption des décisions au sein de l’Union européenne, modifie ses structures institutionnelles et attribue de plus vastes pouvoirs au Parlement européen, a ses fervents partisans et ses adversaires non moins convaincus, comme cela arrive souvent dans la « maison européenne ». Selon les premiers, le traité fait progresser le processus d’intégration européenne et porte l’UE au niveau qui lui revient, celui d’une structure européenne unique, dont la voix sera entendue de Pékin à Washington. Selon les seconds, le traité ne règle nullement le problème qualifié par les critiques de « déficit de démocratie » dans l’UE.

Après l’introduction de nouveaux gènes juridiques dans les chromosomes de la bureaucratie bruxelloise, tout ne sera certainement pas facile, mais l’UE vivra tout de même plus facilement avec les nouveaux Statuts que sans eux. Ce travail sur les statuts a commencé, en fait, en 2001, année du début de l’élaboration des changements radicaux à apporter aux documents statutaires sur la création de l’UE, de ses institutions et sur l’appartenance à la communauté. Le traité est né dans des douleurs particulières à cause des Irlandais, qui ont tenu deux référendums à ce sujet: ils l’avaient rejeté l’année dernière et l’ont approuvé d’une majorité écrasante le 2 octobre dernier.

Pour comprendre la raison de l’apparition de nouvelles règles de conduite dans l’UE, il convient de rappeler que la nécessité de la réforme a été surtout ressentie après 2004. Depuis ce moment et jusqu’en 2007, le nombre de membres de l’UE est passé de 15 à 27. La plus puissante vague d’élargissement a apporté dans l’UE la Hongrie, Chypre, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie, la République tchèque et l’Estonie, autrement dit, presque tout le « bloc communiste ». Deux ans plus tard, en 2007, deux autres anciennes démocraties populaires ont adhéré à l’UE: la Bulgarie et la Roumanie.

Les « jeunes » ont apporté avec eux le désir de goûter le plus vite possible au « bien-être européen », une main-d’œuvre nombreuse, une compréhension inadéquate de la façon dont vit la partie occidentale de l’UE et un orgueil exagéré  d’avoir la possibilité de voter et de bloquer n’importe quelle décision au sein de l’UE. Les nouveaux pays-membres ont reçu de l’Europe bien plus  qu’ils ne lui ont donné, naturellement, si l’on ne tient pas compte de leurs territoires. Mais les nouveaux membres avaient une notion assez étrange du rapport entre les droits et les obligations. Ils exigeaient une voix politique qui, et c’est un euphémisme, ne correspondait nullement, à leur poids économique, financier, démographique et territorial, sans parler de leur ancienneté.

Puisque toutes les décisions importantes était adoptées à Bruxelles par consensus, les « vieux » - en premier lieu, la France et l’Allemagne, ainsi que l’Italie et l’Espagne – ont senti qu’ils n’étaient plus perçus comme les plus anciens Européens faisant autorité. Le fait que, dans une communauté comptant déjà plus de 500 millions d’habitants, des pays de 4 millions, voire de 2 millions d’habitants puissent bloquer n’importe quelle décision a commencé à être considéré comme absurde. Il fallait remédier à ce « défaut » de la démocratie européenne.

De nouveaux dirigeants de l’UE – le président du Conseil européen, l’ancien premier ministre belge Herman Van Rompuy, et le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (ministre des Affaires étrangères), la Britannique Catherine Ashton – sont officiellement entrés en fonction. Cette dernière a déclaré qu’elle appliquerait une « diplomatie douce ». Cependant, ni Paris, ni Berlin, ni Londres, où les conservateurs arriveront certainement au pouvoir l’année prochaine (la lady Ashton est travailliste convaincue), ne lui permettraient d’appliquer une « diplomatie forte ».

Pour la Russie et ses rapports avec Bruxelles, l’apparition de nouveaux dirigeants de l’UE apporte peu voire presque pas de changements. Les problèmes qui existent entre la Russie et l’UE ne peuvent être réglés qu’au niveau national, au moyen de négociations bilatérales avec chacun des 27 pays membres de l’Union européenne. Ni Herman Van Rompuy, ni même la baronne Ashton ne pourront rien changer à cela. D’autant que l’objectif d’Herman Van Rompuy est autre: équilibrer les rapports complexes au sein de l’UE.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала