Dmitri Medvedev s’adresse à la diaspora russe

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Le troisième Congrès mondial des compatriotes, qui s’est ouvert mardi 1er décembre à Moscou, est le premier au cours duquel le président Dmitri Medvedev ait pris la parole.

Le troisième Congrès mondial des compatriotes, qui s’est ouvert mardi 1er décembre à Moscou, est le premier au cours duquel le président Dmitri Medvedev ait pris la parole.

Il a évoqué, naturellement, la modernisation de la Russie, le fait qu’elle doit confirmer son statut de puissance mondiale sur une base foncièrement nouvelle et son besoin de mettre en œuvre une « économie intelligente » tournée vers l’avenir. Le chef de l’Etat a reconnu qu’il comptait beaucoup sur l’aide de la diaspora russe.

Le président a déjà évoqué ce sujet dans ses discours. Lors du deuxième Forum international sur les nanotechnologies, qui s’est tenu début octobre à Moscou, Dmitri Medvedev s’est adressé aux scientifiques russes qui ont quitté leur pays : «Nous fondons de grands espoirs sur le potentiel intellectuel de nos compatriotes se trouvant à l’étranger pour différentes raisons. Il serait impardonnable de négliger une telle richesse. C’est pourquoi notre objectif consiste à susciter leur intérêt en leur proposant des projets et des conditions de travail appropriés dans notre pays ».

Dans son article « Russie, en avant ! », le président écrit: « La modernisation de la démocratie russe et la formation d’une nouvelle économie ne sont possibles, à mon avis, que si nous profitons des ressources intellectuelles de la société postindustrielle. Sans complexe, de façon ouverte et pragmatique... Nos possibilités financières et technologiques intérieures sont aujourd’hui insuffisantes pour élever réellement notre qualité de vie. Nous avons besoin de l’argent et des technologies des pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie ».

Lors du Congrès des compatriotes, le président a de nouveau confirmé que la Russie avait besoin du potentiel intellectuel et professionnel des représentants de la diaspora. La question est de savoir si ceux-ci sont prêts à aider leur mère patrie dans un élan d’enthousiasme et de patriotisme.

Le problème bien connu de la fuite des cerveaux n’a pas disparu. Point de statistiques officielles dans ce domaine, on ne dispose que de calculs approximatifs, mais ils produisent déjà une forte impression.

Feu l’académicien Vitali Guinzbourg a déclaré dans l’une de ses dernières interviews que parmi ses collègues de l’Académie des sciences de Russie, un sur cinq travaillait en Occident. Notre « diaspora scientifique », si on peut l’appeler ainsi, compte en tout au moins 50000 spécialistes. Mais ce sont des scientifiques, et leurs rangs sont constamment grossis par la nouvelle génération. Selon le recteur de l’Université d’Etat de Moscou Viktor Sadovnitchi, environ 15% des diplômés quittent tous les ans la Russie. Le vice-ministre de l’Education et de la Recherche Dmitri Livanov estime que, de 1989 à 2004, quelque 25000 scientifiques ont quitté la Russie et 30000 autres travaillent à l’étranger sous des contrats temporaires. Enfin, d’après les données de la Fondation russe d’études fondamentales, « au moins 80000 scientifiques ont quitté le pays durant la première moitié des années 90 du siècle dernier et les pertes directes essuyées ainsi par la Russie se sont élevées à près de 60 milliards de dollars ». Ce processus déplorable pour la science russe est toujours aussi intense.

Les scientifiques d’aujourd’hui et de demain ne partent pas en raison des salaires bas, comme l’estime Viktor Sadovnitchi. Ce qui les dérange, c’est plutôt  « l’économie inefficace, la sphère sociale semi-soviétique, la faible démocratie  et la corruption séculaire », mentionnées plus tôt par le président Dmitri Medvedev, d’où des conditions de travail insuffisamment confortables et une profonde inquiétude pour l’avenir de leurs enfants. Ces scientifiques seront sans aucun doute prêts à revenir ou ne voudront plus quitter la Russie lorsque la modernisation apportera ses fruits et lorsque cette « économie intelligente » sera créée. Or, sans leur potentiel intellectuel, c’est-à-dire, tout simplement, sans ces « cerveaux », le processus de modernisation ne se déroulera pas au rythme nécessaire.

Le président a promis au congrès de rompre ce cercle vicieux. Il reste à créer en Russie des conditions attrayantes pour que la plupart des scientifiques qui ont dû émigrer aient le désir de revenir dans leur pays. Est-ce possible et de quelle façon, l’avenir nous le montrera.

Cependant, il ne faudrait pas « donner envie de revenir » à une autre catégorie de nos compatriotes résidant  à l’étranger: les habitants russophones des anciennes républiques de l’ex-URSS. Ils seraient bien contents de rentrer, mais l’Etat n’est déjà pas en mesure de gérer ce processus.

Selon le président russe, «en novembre 2009, le programme (Programme publique d’aide au retour volontaire – NdlR) a permis à plus de 17000 participants et les membres de leurs familles de revenir en Russie ». Bien entendu, ce nombre est insignifiant. Le président n’avait rien d’autre à faire qu’à promettre de changer la situation et, avant tout, de créer un mécanisme spécial de soutien aux compatriotes en vue de « défendre leurs droits ».

Cet objectif n’est pas facile à atteindre. Le président a informé les délégués du congrès que le gouvernement « étudiait des pistes pour régler ce problème », bien qu’il leur ait donné cette consigne en février dernier. Nos compatriotes résidant dans certaines anciennes républiques soviétiques devront évidemment, attendre.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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