Kouriles du Sud: un territoire nécessaire pour la Russie?

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Le gouvernement japonais a entériné un document considérant les Kouriles du Sud comme « un territoire occupé ». Cette formule se trouve dans une réponse à une requête des députés japonais.

Le gouvernement japonais a entériné un document considérant les Kouriles du Sud comme « un territoire occupé ». Cette formule se trouve dans une réponse à une requête des députés japonais.

L’expression « occupation illégale » a été utilisée pour la première fois le 17 octobre par le ministre japonais des Transports Seiji Maehara, qui assume aussi le poste de ministre de l'archipel d'Okinawa et des Territoires du Nord, comme sont appelées au Japon les quatre îles des Kouriles du Sud Kunashir, Iturup, Shikotan et les Habomai. A la suite de cette déclaration, les députés japonais lui ont adressé une requête et ont reçu cette réponse.

La réaction du ministère russe des Affaires étrangères était prévisible: une note considérant la position de Tokyo comme inacceptable a été transmise au Japon.

Les Kouriles du Sud sont importantes pour la Russie d’un point de vue économique: la mer qui baigne ces îles est riche en ressources biologiques et la perte de dizaines de milliers de kilomètres carrés d'une zone économique exclusive russe n'arrange pas la Russie.

Cette question touche aussi au prestige national russe. L'URSS a reçu les Kouriles après avoir remporté la guerre de 1945, revanche de la défaite essuyée par la Russie dans la guerre de 1904-1905.

Militairement, les détroits des Kouriles du Sud ont aussi une grande valeur, car ils assurent aux navires de la Flotte russe du Pacifique leur "propre" sortie sur l'océan. Les autres détroits - de Sangar et de Tsushima - sont contrôlés par des Etats étrangers, tandis que ceux des groupes central et septentrional des Kouriles se trouvent bien plus au Nord et sont beaucoup moins explorés.

Plus important encore: en cas de passage des Kouriles du Sud au Japon, la Russie perdrait la possibilité de contrôler l'entrée de navires et des sous-marins étrangers dans la mer d’Okhotsk, la région sillonnée par les croiseurs sous-marins stratégiques lance-missiles de la Flotte russe du Pacifique. En cas de conflit, un adversaire éventuel aurait la possibilité de surveiller les sous-marins dans cette région et de les détruire rapidement.

Il est à remarquer que le problème des Kouriles ressemble à celui des Malouines. Le contentieux pour les Malouines a conduit en 1982 à un conflit armé entre l'Argentine et la Grande-Bretagne. Les dirigeants argentins se sont toujours servis des Malouines comme d'un atout permettant de régler les problèmes intérieurs en détournant l'attention de la population sur la lutte contre "l'ennemi extérieur".

Certes, la situation au Japon diffère de la situation de l’Argentine dans les années 50-80 du siècle dernier, mais théoriquement, les Kouriles du Sud pourraient s'avérer un jour une cible très commode pour une agression.

La "commodité" de cette cible sera plus grande encore si la Russie fait traîner en longueur le renouvellement et l'extension des infrastructures militaires et économiques de l'Extême-Orient russe, qui a besoin de nouveaux navires, de bases militaires, d’aérodromes, d'avions et de matériel, mais surtout d’un personnel qui puisse y vivre et y travailler de façon permanente, au lieu de « tourner avec des saisonniers ».

Il est à noter que de son côté le Japon accroît le potentiel de ses forces armées. En ce qui concerne les armements conventionnels, le Japon détient actuellement une supériorité en nombre sur le groupement extrême-oriental russe, sans parler de son pourcentage de matériel moderne dans ses forces navales, aériennes et terrestres.

Cependant, la Russie dispose d’atouts importants, comme la présence dans le Pacifique d'un groupement de sous-marins nucléaires puissants et invulnérables, ainsi que d’une aviation à grand rayon d'action. Ces atouts combinés à l’arme nucléaire assurent, pour l'instant, une protection efficace des régions de l'Extrême-Orient russe contre une attaque éventuelle, mais leur influence n'est pas illimitée.

Il faut aussi comprendre que n'importe quel potentiel militaire ne vaut rien sans volonté politique, et que si le Japon (ou tout autre pays) comprend un jour que la Russie n'attache pas une importance suffisante à tels ou tels territoires russes  pour  combattre pour eux, le résultat sera à déplorer.

Un bon moyen de remettre le problème des Kouriles du Sud une fois pour toutes sur la voie des pourparlers pacifiques (par exemple, en coopérant pour mettre en valeur leurs richesses) pourrait être une déclaration non ambiguë qui aviserait le Japon que leur souveraineté sur ces îles ne se ferait, premièrement, qu'en déclenchant une guerre ouverte contre la Russie et, deuxièmement, en la gagnant.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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