Le sommet du 18 novembre UE-Russie aura lieu dans une conjoncture favorable. L'Union européenne et la Russie qui étaient depuis longtemps en désaccord sur la question énergétique ont enfin trouvé un point de convergence. C'est le Mémorandum sur le mécanisme de pré-alerte signé par les deux parties le 16 novembre à Moscou. Ce document est destiné, en premier lieu, à assurer les livraisons régulières de gaz russe aux pays de l'UE.
Il y a un an et demi, lors du sommet Russie-UE à Khabarovsk, il semblait que le dialogue énergétique entre l'Union européenne et la Russie était dans l'impasse. Après le conflit gazier de janvier entre l'Ukraine et la Russie, à la suite duquel de nombreux européens sont restés sans livraisons de gaz russe, la Russie estimait que l'Union européenne s'était, en fait, rangée du côté de l'Ukraine. Les dirigeants de la Commission européenne ont traité la Russie de fournisseur de gaz indigne de confiance et l'Ukraine, de pays de transit non fiable.
L'UE et la Russie ont préparé pour le sommet de mai à Khabarovsk leurs propres propositions dans le domaine énergétique. La Russie a proposé sa "Conception d'une nouvelle base juridique pour la coopération internationale dans le domaine énergétique" ayant pour but de consolider la disposition sur la prévisibilité de l'écoulement des ressources énergétiques. La Commission européenne a soumis de son côté aux dirigeants russes un document contenant pour la première fois une formule sur le mécanisme de pré-alerte en cas de risques de transit. Son idée maîtresse était d'assurer que les livraisons de gaz à l'Europe ne cessent pas malgré les divergences entre les pays producteurs de gaz et les pays de transit.
A Khabarovsk, les parties n'ont pas réussi à concerter ces propositions réciproques. Mais, à la fin du sommet de mai, le président russe Dmitri Medvedev a souligné la nécessité d'élaborer de nouveaux accords sur la sécurité énergétique.
Le dialogue énergétique s'est poursuivi. A présent, se remettant du conflit gazier de l'année dernière et voulant s'assurer contre sa répétition, les parties russe et européenne ont préparé un Mémorandum sur le mécanisme de pré-alerte dans le domaine énergétique dans le cadre du dialogue énergétique Russie-UE.
Elles l'ont signé littéralement à la veille d'un nouveau sommet UE-Russie qui se tiendra le 18 novembre à Stockholm. Le 16 novembre, à Moscou, le mémorandum a été signé par le ministre russe de l'Energie Sergueï Chmatko et le Commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs.
Le mécanisme de pré-alerte représente un ensemble de mesures d'évaluation instantanée des problèmes et des risques éventuels liés aux livraisons et à la demande de matières et de produits énergétiques, ainsi que les mesures de prévention et de réaction rapide en cas de situation d'urgence. Le document concerne la prévention des situations d'interruption de livraisons non seulement de gaz, mais aussi de pétrole, de houille et d'électricité.
Comme l'a expliqué Andris Piebalgs, le nouveau document détermine le système de notification, le mode de travail des experts, les mesures à prendre en vue de prévenir d'éventuelles interruptions de livraisons énergétiques et la façon dont ces mesures seront effectuées.
Selon le ministre russe de l'Energie Sergueï Chmatko, la Russie et l'UE ont signé un document très important. "Il fournit une certaine technologie formalisée des contacts entre la Fédération de Russie et l'Union européenne pour qu'elles puissent s’informer l'une l'autre des risques éventuels, de leurs appréhensions, et met en marche un mécanisme d'actions coordonnées", a souligné Sergueï Chmatko.
"C'est notre document bilatéral, mais les pays de transit le connaissent bien. Il n'est pas dirigé contre eux, mais il montrera notre position commune visant à empêcher l'interruption des livraisons de ressources énergétiques", a ajouté Sergueï Chmatko.
Le ministre russe de l'Energie a expliqué que le document ne contenait pas de sanctions contre des pays tiers, mais qu'il prévoyait des actions communes concertées en vue de prévenir l'interruption des livraisons. Selon le Commissaire européen à l'Energie, le seul problème substantiel réside actuellement dans le paiement opportun des factures par l'Ukraine pour le gaz russe consommé par elle, et ce problème peut être parfaitement réglé.
Il est significatif que le lendemain, le 17 novembre, l'Ukraine ait réagi au mémorandum commun de l'UE et de la Russie. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Piotr Porochenko a déclaré que l'Ukraine envisageait de signer avec l'UE, après la Russie, un accord de pré-alerte en cas de situations de crises dans le domaine énergétique.
Bien que le mémorandum sur la pré-alerte mentionne de nombreuses mesures techniques, ce document signé par la Russie et l'UE revêt plutôt un caractère diplomatique et témoigne du réchauffement des rapports entre les deux grands partenaires dans le domaine énergétique, dont aucun n'a besoin d'un nouveau conflit gazier cet hiver. En fait, l'Ukraine n'en a pas besoin non plus.
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