Pour sauver les économies dans un contexte de crise mondiale, les pays les plus développés du G20 ont commencé à prendre massivement des mesures anti-crise conduisant inévitablement au protectionnisme. Dans ce contexte, les appels pour faire renaître les principes de libre échange, lancés au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui s'est tenu la semaine dernière à Singapour, ont fait dissonance avec la politique réelle des grands pays du monde. Mais de telles déclarations ont pourtant été faites par de petits pays de la région. Quant aux grands partenaires commerciaux - les Etats-Unis et la Chine - qui protègent leurs marchés, ils ont mené une discussion stérile sur la formation des cours des devises.
Une zone de libre échange dans le Pacifique
L'APEC regroupe 21 économies, y compris les géants économiques comme les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Russie. Mais la plupart des membres du forum sont de petits pays de la région, dont l'économie est fondée sur l'exportation de produits vers les pays développés du monde, en premier lieu vers les Etats-Unis. Ces pays ne sont pas en mesure d'apporter une aide financière substantielle à leurs économies. Quant aux grandes économies du monde, en premier lieu celle des Etats-Unis, le protectionnisme a sapé considérablement leurs revenus provenant du commerce extérieur.
Les petits pays de l'APEC manifestent avec esprit de suite leur attachement aux principes de libre échange. Ces vingt dernières années, à la suite de leurs efforts, les taxes douanières se sont réduites dans la région, en moyenne, de 17% à 5%. Ce n'est pas par hasard que les participants au sommet de l'APEC des 14 et 15 novembre derniers ont examiné le "paradigme de la nouvelle croissance", terme signifiant la réduction de la dépendance des pays d'Asie-Pacifique de l'exportation vers les pays riches, ainsi que les perspectives d’intégration économique potentielle à l'intérieur de la région, y compris un plan à long terme de création d'une zone de libre échange en Asie-Pacifique.
D'ailleurs, en ce moment, les petits pays d'Asie-Pacifique restent les seuls partisans de la promotion du round des négociations de l'OMC à Doha prévoyant la signature d'un accord universel sur le libre échange dans le monde entier.
Dans la déclaration finale du sommet de l'APEC, toutes les formes de protectionnisme ont été condamnées. Déclaration assez forte, car les Etats-Unis viennent d'accroître leurs taxes à l'importation d'acier chinois et la Chine, à l'importation de tous les produits de l'industrie chimique.
Le président russe Dmitri Medvedev représentant la Russie au sommet de Singapour a assuré que son pays avait pris temporairement des mesures protectionnistes dans l'économie, mais qu'elles seraient annulées.
Le yuan contre le dollar
Une âpre discussion sur les cours des devises a eu lieu à Singapour entre les deux plus grands partenaires commerciaux de la région et du monde entier: la Chine et les Etats-Unis. Les deux pays tentent d'améliorer leur propre commerce et leur économie dans son ensemble, au moyen d'un cours monétaire avantageux pour l'un et l'autre, en causant ainsi, volens nolens, un préjudice au partenaire.
Les Etats-Unis accusent depuis des années la Chine d'abaisser artificiellement le cours du yuan, ce qui assure à l'empire Céleste un immense solde positif dans le commerce avec les Etats-Unis.
Mais, cette fois-ci, la Chine a attaqué le dollar. Selon les représentants chinois, pendant la crise, les Etats-Unis se sont mis à réduire artificiellement la cote de leur monnaie au moyen de taux d'intérêt bas des actifs en dollars, ce qui représente une menace pour la reprise de l'économie mondiale.
Selon les Chinois, les taux d'intérêt bas aux Etats-Unis ont entraîné d'immenses dimensions de ce qu'on appelle "carry trade". Ce mécanisme permet de prendre des crédits dans le pays (en l'occurrence, aux Etats-Unis) à un taux d'intérêt bas et de transférer l'argent reçu dans les pays où le rendement des investissements est plus grand.
Les Chinois affirment que cela conduit aux investissements spéculatifs sur les marchés émergents, ce qui menace, à son tour, de l'apparition de "bulles de savon" qui vont crever.
En réalité, ce qui inquiète réellement la Chine, ce sont les immenses réserves de l'empire Céleste investies dans les bons du Trésor américains. Puisque le dollar se déprécie et les revenus provenant de ces titres diminuent, les réserves de la Chine, les plus grandes au monde, commencent à maigrir.
D'ailleurs, la politique monétaire chinoise fait également l'objet de critiques massives. Des crédits importants accordés cette année par les banques chinoises peuvent également entraîner des "bulles de savon" et l'inflation.
Rien d'étonnant à ce que les paroles finales du sommet de l'APEC à Singapour à propos de la politique monétaire aient suscité les débats les plus animés. D'une manière ou d'une autre, les ministres des Finances de l'APEC ont réussi le 12 novembre à proposer la formule de "l'opportunité des cours de change des devises orientés sur le marché et reflétant les facteurs économiques fondamentaux".
Cependant, suite aux efforts du président chinois Hu Jintao, elle a été exclue de la déclaration finale. Le président américain Barack Obama l'a approuvé.
Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.
L'APEC, un îlot de libre échange en temps de crise
17:04 17.11.2009 (Mis à jour: 16:05 05.10.2015)
© RIA Novosti . Aleksandr Yurev / Accéder à la base multimédiaL'APEC, un îlot de libre échange en temps de crise
© RIA Novosti . Aleksandr Yurev
/ S'abonner
Pour sauver les économies dans un contexte de crise mondiale, les pays les plus développés du G20 ont commencé à prendre massivement des mesures anti-crise conduisant inévitablement au protectionnisme. Dans ce contexte, les appels pour faire renaître les principes de libre échange, lancés au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui s'est tenu la semaine dernière à Singapour, ont fait dissonance avec la politique réelle des grands pays du monde