En Afghanistan, l'Amérique perdra la face, ou, au contraire, la trouvera

© Sputnik . Andrey GreshnovAfghanistan
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Un nouveau scandale a éclaté à Washington à la suite de la divulgation d'une correspondance confidentielle. Pour d'autres pays la chose est inconcevable: les plus importants médias publiant des messages secrets de l'ambassadeur au dirigeant du pays écrits il y a à peine une semaine.

Un nouveau scandale a éclaté à Washington à la suite de la divulgation d'une correspondance confidentielle.

Pour d'autres pays la chose est inconcevable: les plus importants médias publiant des messages secrets de l'ambassadeur au dirigeant du pays écrits il y a à peine une semaine.

L'ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan, Karl Eikenberry, écrit une lettre au président (et les médias américains la publient instantanément et sans aucune gêne), en lui disant qu'il est insensé d'envoyer des renforts en Afghanistan, si le gouvernement du président Hamid Karzaï ne manifeste pas le désir de lutter contre la corruption et autres vices qui ne contribuent qu’à renforcer les talibans et leurs semblables.

Le président américain a plusieurs variantes pour augmenter les effectifs des troupes en Afghanistan afin de les porter de 10000 à 40000 hommes. Ces renforts coûteront 33 à 50 milliards dollars par an. L'ambassadeur estime qu'il est absurde de faire quoi que ce soit sans changement de régime.

Il n'est pas étonnant que l'examen de ce problème devant s’effectuer dans le plus grand secret ait alimenté le débat public. Le fait est que, pour les Etats-Unis (ou, plus largement, pour toute la civilisation occidentale), il n'y a rien de plus important en ce moment. En effet, en Afghanistan, il s'agit non seulement de milliards de dollars, mais aussi de vies humaines. Par exemple, la Grande-Bretagne y a perdu son 200e soldat. Au nom de quoi?

Qui plus est, il devient de plus en plus clair que l’absurdité de l'organisation, d’ailleurs américaine, de l'élection présidentielle en Afghanistan fin août sape entièrement les efforts ultérieurs déployés par les Etats-Unis dans ce pays.

Rappelons que l'administration Obama considérait cette élection comme le point culminant de son programme de règlement du "problème afghan". Lorsque Karzaï et ses partisans ont été accusés d'avoir truqué les résultats de l'élection, la pire variante a été adoptée: le recompte des voix a rendu nécessaire un second tour. D'abord, la diplomatie américaine a fait pression sur le président du pays en l'obligeant à accepter un second tour. Ensuite, cette même diplomatie s'est retrouvée dans une situation idiote, lorsque le rival de Karzaï a retiré sa candidature pour le second tour.

Karzaï s'en est offensé et dit à présent ouvertement ce qu'il pense de la politique américaine dans son pays (cela explique le mécontentement de l'ambassadeur américain).

Comment il pouvait se taire puisque l'Amérique a fait tout son possible pour montrer aux Afghans que leur président n’est qu‘une marionnette (ce que nombreux soupçonnent), de plus, une marionnette ayant trop de fils tirés par beaucoup trop d'Américains aux avis opposés. En Afghanistan, on peut diriger sans élections, mais pas sans respect.

Au moment où se déroulait toute cette comédie, le président Obama a déclaré du haut de la tribune de l'ONU que la démocratie n'était pas un produit d'exportation et que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de l'exporter. C'est l'idée théorique, mais comment "ne pas l'exporter" concrètement en Afghanistan? Les Etats-Unis et, en général, la civilisation occidentale ne le savent pour l'instant pas.

Bref, l'agonie durera longtemps et c'est en Afghanistan que l'Amérique trouvera sa nouvelle image (et un nouveau style de comportement dans le monde), ou bien elle la perdra définitivement (l'Europe mérite une conversation à part).

Pour le moment, de nombreux pays ont commencé à participer plus activement aux affaires afghanes, en créant une alternative évidente à la politique américaine. Un cas rare: l'ONU a adopté unanimement une résolution appropriée de l'Assemblée générale (c'est-à-dire de tous les pays membres de l'ONU) à l'initiative de l'Allemagne. Dans cette résolution, les élections en Afghanistan sont considérées comme libres, justes et dignes de confiance. Le Japon a décidé d'accroître son aide à l'Afghanistan en la portant de 3 à 5 milliards de dollars (sur cinq ans). D'autres pays donateurs de l'Afghanistan se sont réunis à Istanbul, et il n'a pas été question de réduire l'aide.

Enfin, l'Inde, la Chine et la Russie (lors d'une rencontre de leurs ministres des Affaires étrangères à Bangalore) ont inclus dans le document final quelques paragraphes intéressants sur leur désir d'élaborer "conjointement avec d'autres pays" une stratégie afghane collective. Pourquoi? C'est simple: l'administration américaine veut apporter des changements dans ses actions à l'étranger, en premier lieu, en Afghanistan et dans la région. Mais s'il est nécessaire d'agir de façon nouvelle - notamment, avec l'aide de la Russie - on est tout de suite en présence d'une paralysie déjà familière de la volonté et de la pensée.

Auteur: Dmitri Kossyrev, RIA Novosti.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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