Revue de la presse francophone du 6 novembre

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Chute du mur de Berlin/Ligue des champions:FC Barcelone-Rubin Kazan/Le dernier film de Pavel Lounguine,Tsar, dans les salles de Moscou

Le Figaro

«Gorbatchev-Védrine, une histoire inédite du Mur» : back in the USSR


Ce furent nos années Mitterrand, nos années Kohl, nos années Reagan, Honecker, Walesa et, bien entendu, Gorbatchev. L'Europe était en marche, en état de marchés. La fin de la guerre froide, le commencement de la paix tiède. Le film de Stéphane Paoli se veut une histoire inédite du Mur. «Comment, pourquoi et par qui cette autre révolution russe a-t-elle été possible ? La fin de la guerre froide et de l'équilibre de la terreur constitue sinon la fin de l'histoire au moins la fin d'une histoire entre l'Est et l'Ouest dont Berlin et le Mur furent le symbole. Un homme a provoqué la fin de cette histoire : Mikhaïl Gorbatchev.»
Et il est là, vingt ans après, face à Hubert Védrine, qui fut l'ancien conseiller de Mitterrand puis ministre des Affaires étrangères. Les deux hommes sont assis l'un en face de l'autre dans un austère salon de la Fondation Gorbatchev, à Moscou. Entre eux, une petite table. Derrière, un aquarium, une cheminée, une télévision. L'intelligence au fond des yeux noirs de Védrine. Sa discrétion, son art de l'effacement devant celui qui fut la première star politique russe. Ému lorsque ce dernier déclare : «La chute du Mur a été semblable à celle d'un grand arbre qui s'effondre soudainement parce que son tronc est pourri.» Puis : «Nous avions une telle envie de vivre, nous qui avions été touchés par la guerre. Nous étions heureux d'être en vie. J'ai toujours voulu prendre part à la vie réelle. J'ai toujours été curieux des autres. (…) J'ai compris à l'époque (celle de Brejnev, NDRL) que je ne pouvais prendre certaines décisions sans enfreindre la loi. Je peux le confesser aujourd'hui.» Regard admiratif de Védrine devant le grand homme, si profondément russe, qui fit basculer le monde en douceur. Et toujours sur le haut de son front, cette célèbre tache de vin qui ressemble à la carte de la nouvelle Russie. Un admirable document.


L'Express

Ligue des champions: Barcelone tenu en échec à Kazan


Le FC Barcelone, tenu mercredi en échec 0-0 sur le terrain du Rubin Kazan, s'est grandement compliqué la tâche dans le groupe F de la Ligue des champions.
Déjà battus au Nou Camp par les champions de Russie il y a deux semaines, les hommes de Frank Rijkaard ne comptent que cinq points au classement.
Ils sont devancés à la différence de buts particulière par le Rubin Kazan tandis que le Dynamo Kiev (4) et l'Inter Milan (3) s'affrontent en soirée en Ukraine.
Largement dominateurs en première période, notamment au milieu de terrain, les Catalans, peu inspirés, n'ont pas trouvé la faille dans la défense russe lors d'une soirée glaciale.
Leur meilleure occasion est intervenue à deux minutes de la fin avec une frappe de Zlatan Ibrahimovic sur le poteau.
Après la pause, Yaya Touré et Andres Iniesta se sont essayés aux tirs de loin, sans succès.
A un peu plus de dix minutes de la fin du temps réglementaire, la défense du Barça a senti le vent du boulet.
Aleksandr Bukharov s'infiltrait dans l'axe, résistait à Carles Puyol et Gerard Pique mais butait sur Victor Valdes, qui repoussait le ballon dans les pieds d'Aleksadr Ryazantsev.
L'ailier russe ne gardait pas son sang froid et sa frappe, trop molle, était contrée par Eric Abidal.
L'entrée en jeu de Thierry Henry en fin de partie n'a rien changé à l'affaire.

Le Figaro

Le «Tsar» violent de Lounguine irrite les Russes 

 Depuis la sortie, mercredi, dans les salles moscovites, du dernier film de Pavel Lounguine, Tsar, le public russe redécouvre Ivan le Terrible, l'un des personnages les plus sombres de l'histoire nationale. Tel qu'il est dressé par le réalisateur de Taxi Blues et d'Ostrov (L'Ile), le portrait de cet homme cruel et maladif, qui a assis son autorité monarchique sur le meurtre et la torture de masse, tout en faisant découler ses actes d'une intercession divine, trouble et divise le pays. Bien qu'habitués à la brutalité des reportages télévisés, les spectateurs russes jugent le film violent. Ce dernier, qui sortira en France le 11 janvier prochain, permet néanmoins au pays de s'adonner à son exercice favori : l'introspection.
La veille de la sortie en salle, le 3 novembre, l'Union des porte-bannières, une frange réactionnaire de l'Église orthodoxe, avait manifesté à Moscou, assimilant le film à une «parodie de la Russie et de son histoire». Cette date était chargée de symbole. Le lendemain, la Russie célébrait la journée de « l'unité du peuple», commémorant la victoire, en 1612, de l'armée populaire russe - alors guidée par l'Église orthodoxe - sur l'envahisseur polonais qui occupait Moscou. C'était trente ans après la mort d'Ivan le Terrible.
L'Union des porte-bannières a rappelé que le tsar « était un homme souffrant qui a essayé de construire un pays puissant à partir de petits royaumes épars ». Contrairement à Eisenstein qui, pour complaire à Staline, avait dépeint le Terrible sous les traits d'un unificateur de la terre russe, mu par une ambition de fer, Lounguine préfère creuser la paranoïa du personnage et insister sur ses échecs politiques et militaires. Parfois au détriment de la vérité historique, il met en lumière le personnage du métropolite Philippe, ami d'Ivan, qui tentera en vain d'arrêter le bain de sang et de faire prévaloir la vocation «humaniste» de l'Église. «La mythologie russe a toujours tourné autour du mal. Avec Philippe, j'ai voulu insérer dans mon film la figure du bien», explique Pavel Lounguine dans un entretien au Figaro. «Par ailleurs, les Russes s'appuient uniquement sur la mythologie et pensent que l'histoire n'existe pas, ce qui les empêche de rationaliser l'idée du pouvoir», ajoute le cinéaste. Ce dernier souhaite ainsi faire œuvre de pédagogie.
Il a pu développer ces idées lors d'une projection privée à la Douma, l'équivalent du Parlement, puis à l'occasion d'une rencontre publique avec le président russe, Dmitri Medvedev, mercredi. « Lounguine évoque les relations entre le pouvoir et l'Église et l'attitude de ce même pouvoir envers le peuple, ce qui est très intéressant d'un point de vue philosophique », a résumé un député, Arthur Tchilingarov. Ce débat est au cœur des interrogations russes, chacun s'efforçant de dresser un parallèle entre les figures d'Ivan le Terrible, de Staline et de Vladimir Poutine aujourd'hui. Un film spécifiquement russe mais qui devra également, demain, séduire le public étranger.

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