Revue de la presse francophone du 5 novembre

Romandie.com
Les Nordiques disent oui au gazoduc russe pour approvisionner l'Europe
Après des ans d'atermoiement, la Suède et la Finlande ont donné jeudi leur aval au passage du gazoduc russe Nord Stream dans leurs eaux de la mer Baltique, ouvrant la voie à ce projet très controversé destiné à approvisionner l'Europe en gaz russe par un canal "sûr", indique jeudi le portail suisse Romandie.com. Le Danemark avait, lui, donné son feu vert le 20 octobre dernier à la construction au printemps prochain du gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne.
Ce déblocage du projet Nord Stream intervient au moment où de nouvelles tensions ont surgi entre Moscou et l'Ukraine, pays par lequel transite actuellement la majorité du gaz russe destiné à l'Europe, rappelle le site. Cet accord était d'autant plus attendu que l'Union européenne cherche à diversifier ses sources et routes d'approvisionnement en gaz pour ne plus être l'otage des différends entre la Russie (40% de ses importations), et l'Ukraine, pays de transit pour 80% de ses achats. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'est immédiatement félicité de ces accords, remerciant ses "collègues suédois" et "partenaires finlandais".
Les trois pays nordiques avaient émis de grandes réserves sur ce projet en raison de l'impact potentiel sur l'environnement. Le scepticisme des gouvernements nordiques avait entraîné des tensions avec la Russie.
Le projet, piloté par le géant gazier russe Gazprom, associé à deux groupes allemands, doit relier sur 1.220 kilomètres Vyborg en Russie à Greifswald en Allemagne, en passant sous la mer Baltique par les territoires russe, finlandais, suédois, danois et allemand. La livraison de gaz à l'Europe via ce gazoduc, formé de 2 tubes, devrait commencer à l'automne 2011. Ces deux tubes pourront acheminer à terme 55 milliards de m3 de gaz naturel par an de la Russie vers le marché européen, correspondant à 11% de la consommation annuelle attendue de l'UE en 2011.
Le feu vert suédois intervient à deux semaines d'un sommet Russie-Union européenne le 18 novembre en Suède, pays qui assure la présidence tournante de l'Union.

Le Point
Liberté en Europe, renaissance de l'Asie
Le Point réfléchit sur la portée de la chute du mur de Berlin qui « a clos le XXe siècle, placé, au fil de trois guerres mondiales, sous le signe de la lutte à mort entre la démocratie et le totalitarisme, les nations et les empires ».
Avec le Mur se sont effondrés l’Union soviétique et le marxisme en tant qu’idéologie. La déconfiture du communisme fut assimilée à tort au triomphe de la démocratie de marché. Pendant que les démocraties dilapidaient les dividendes de la paix, les révolutions, les guerres et les crises mutaient, indique le journal. Ce n’est plus le marxisme mais la nation et la religion qui animent les passions révolutionnaires. La guerre, chaude et non plus froide, effectue un retour en force, tour à tour classique - de l’Afghanistan à l’Irak en passant par les Balkans ou la Géorgie. Sous les rêves de nouvelle économie ou d’une autorégulation des marchés s’est installée une économie de bulle, débouchant sur le pire krach du capitalisme.
La dissolution de l’empire soviétique a permis à l’humanité d’entrer dans l’âge de l’histoire universelle. Mais sa dynamique repose sur le capitalisme, non pas sur la liberté politique. Le principe du XXIe siècle réside dans la mondialisation. Le Mur est tombé en Europe, mais le monde a basculé vers l’Orient et le Sud.
L’Europe n’est toujours pas en mesure d’assurer sa sécurité. Elle est réunifiée mais non pas relevée en tant que puissance. Dans le même temps, la Russie de Vladimir Poutine, si elle a rompu avec le communisme, réinterprète le soviétisme, avec pour piliers un impérialisme agressif et une fusion entre les services de sécurité et le capitalisme d’Etat qui sont promis à l’échec. Compte tenu du déclin relatif des Etats-Unis, c’est donc au Sud - notamment en Asie avec la Chine et l’Inde - qu’il faut chercher les grands vainqueurs de l’après-guerre froide. La chute du mur de Berlin appartient à l’histoire du XXe siècle. Celle du XXIe siècle s’écrit sous d’autres latitudes.
L’ordre public de la mondialisation passe par une gouvernance planétaire que préfigure le G20. La mondialisation exige une forme de réassurance politique planétaire, au-delà des Etats-nations. Et l’Europe - seule expérience historique d’une intégration fondée sur la liberté - dispose d’une légitimité pour l’inspirer, pour peu qu’elle sache réaliser son unité politique. La chute du Mur déboucherait alors non plus seulement sur la réunification du continent mais sur sa renaissance.

Le Figaro
Meurtre/Russie: deux interpellations
Deux personnes ont été interpellées dans l'affaire de l'assassinat de la journaliste Anastassia Babourova et de l'avocat spécialiste des droits de l'homme Stanislav Markelov, lit-on dans un article du Figaro qui se réfère à des sources des forces de l'ordre citées par la presse russe.

Il s'agit d'un jeune homme et d'une jeune femme, tous deux anciens membres du mouvement nationaliste Unité nationale russe (RNE) et impliqués directement dans le meurtre. La femme aurait "mené" les deux victimes à la sortie de la conférence de presse à laquelle ils avaient participé, et le jeune homme aurait tiré sur eux, selon ce journal. Selon une autre source, les criminels cherchaient à se venger de l'avocat, très actif dans la défense des victimes de nationalistes et néofascistes. Mais l'arrestation n'a pas été confirmée de source officielle.

L'avocat Stanislav Markelov, 34 ans, et la journaliste Anastassia Babourova, 25 ans, qui travaillait pour le tri-hebdomadaire Novaïa Gazeta, avaient été tués par balles le 19 janvier en plein centre de la capitale russe. Ce double meurtre avait suscité une vive émotion au sein de la société civile russe et dans les pays occidentaux.