Revue de la presse russe du 5 novembre

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La plus ambitieuse transaction de la construction automobile russe a échoué, mais le pays pourrait en retirer avantage/ Le monopole gazier russe pourrait accroître sa part dans Verbundnetz Gas/ La transaction militaire russo-française dépend d'une impulsion politique/ Les groupes pharmaceutiques étrangers se partagent le marché russe

Vedomosti
La plus ambitieuse transaction de la construction automobile russe a échoué, mais le pays pourrait en retirer avantage

Un point final a été mis à une saga durant depuis plusieurs mois sur la vente d'Opel au consortium canadien Magna et au russe Sberbank : le constructeur automobile allemand reste la propriété de General Motors (GM). Le conseil des directeurs de GM a pris sa décision en toute logique : après l'annonce par la compagnie américaine de l'accroissement de ses ventes aux Etats-Unis, pour la première fois depuis 21 mois, il n'y a plus besoin de vendre Opel, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Cette décision ne s'explique pas par les ambitions de GM considéré depuis plusieurs années comme le plus grand constructeur automobile mondial. Le fait est que, dans la structure actuelle de GM, chacune de ses quatre filiales régionales (nord-américaine, australienne, sud-coréenne et européenne) conçoit des automobiles de segments différents. Opel fabrique de petites voitures, les plus demandées dans la situation économique actuelle. GM ne peut pas se permettre de se priver d'Opel : rien ne peut remplacer les conceptions des ingénieurs allemands. Un tel tigre à trois pieds aurait pu survivre jadis, mais, en perspective, GM ne serait pas en mesure de supporter la concurrence d'autres carnassiers affamés de l'industrie automobile mondiale.

On ne peut pas dire que le groupe Magna Int. soit affligé par l'annulation de la transaction. En cas d'achat d'Opel, un des plus grands équipementiers automobiles du monde se retrouverait au centre d’un conflit d’intérêts. Si Ford et PSA Peugeot Citroën ont déclaré qu'ils faisaient confiance à Magna, son autre client important, Volkswagen, a exprimé sa profonde inquiétude face à la transaction.

A première vue, la Russie semble lésée, car elle ne peut plus rêver d'accéder aux technologies modernes de la production automobile en achetant une compagnie européenne et en les implantant, par exemple, à GAZ (Usine automobile de Gorki). Mais, peut-être que c’est pour le mieux: dans les conditions actuelles, au lieu de rêver aux nanotechnologies et à d'autres types de high-tech, mieux vaut réfléchir au changement de la gestion de l'Etat pour permettre aux compagnies de respirer plus librement, ce qui assurerait la mise au point et l'application de technologies. Sans cela, tout cela n’est que bavardage.

Kommersant
Le monopole gazier russe pourrait accroître sa part dans Verbundnetz Gas

Le consortium énergétique GDF Suez fait traîner en longueur sa décision de participer à Nord Stream, car Gazprom a proposé aux Français de partager ses actifs de transport de gaz: 5,26% des actions de Verbundnetz Gas, le plus grand distributeur de gaz d’Allemagne de l'Est. En réponse, le monopole gazier français a déclaré qu'il envisageait la possibilité d'adhérer au projet Nabucco, concurrent de Nord Stream, lit-on jeudi dans le quotidien Kommersant.

Deux sources ont confirmé au quotidien l'information du Handelsblatt  sur les négociations entre Gazprom et GDF Suez. Pour Gazprom, ce serait une bonne transaction, car le monopole gazier russe recevrait aussitôt l'accès aux réseaux d’Allemagne de l'Est (Verbundnetz Gas AG contrôle 95% du marché de l'ancienne RDA, 16% de tout le marché du gaz de l'Allemagne) et la possibilité d'accroître sa présence sur le marché allemand, a expliqué au journal une source au courant des négociations.

Il y a quelques années, EON Ruhrgas avait vendu des actions de VNG à Gaz de France (ce dernier a fusionné avec Suez en juillet 2008) et non à Gazprom afin d’éviter un concurrent. N'ayant pas reçu de papier, le monopole qui choisissait le troisième partenaire de Nord Stream avait accordé en 2008 sa préférence non pas aux Français, mais aux Néerlandais qui lui avaient cédé 9% dans le gazoduc sous-marin Balgzand Bacton Line reliant les Pays-Bas à la Grande-Bretagne, ainsi que le droit d'utiliser des capacités de transport de gaz aux Pays-Bas.

Gazprom a fait savoir que les négociations au sujet de Nord Stream se poursuivaient. GDF Suez voudrait jouir de droits supplémentaires dans la gestion de Nord Stream: avoir une place au conseil de direction de la compagnie et un droit de veto sur les transactions importantes et les questions stratégiques. Gazprom établit de son côté le montant des compensations en cas de sortie des Français du projet, ainsi que la responsabilité des parties devant les créditeurs, indique un des interlocuteurs du quotidien.

Le directeur d'East European Gas Analysis (Etats-Unis) Mikhaïl Kortchemkine fait remarquer que "la collision consisterait en ce que GDF Suez reçoive une partie de la part d'EON Ruhrgas dans Nord Stream, mais il exige la compensation de Gazprom. Selon lui, en cas de réalisation de la transaction sur VNG, Gazprom s'assurerait la possession des réseaux gaziers de l'Allemagne, mais pas leur gestion. Maxime Chéïne de Brokerkreditservice souligne que Gazprom voulait accéder au marché intérieur de la France et obtenir une part dans les terminaux de GNL (gaz naturel liquéfié). On verra ce que stipulera l'accord final.

Vedomosti

La transaction militaire russo-française dépend d'une impulsion politique

La question de l'achat par la flotte russe du porte-hélicoptères d'assaut français Mistral pourrait être réglée lors de la visite de Vladimir Poutine en France prévue pour fin novembre. Ce navire arrivera à Saint-Pétersbourg pour être étudié, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Selon une source du ministère russe de la Défense, la convenance des armements russes à ce navire sera vérifiée lors de la visite du Mistral à Saint-Pétersbourg (aux alentours du 15 novembre): il est prévu qu'un hélicoptère Ka-52 se pose sur son pont.  Le chef adjoint d'état-major de la Marine de guerre russe Oleg Bourtsev a déclaré qu'au cours de cette visite le navire serait examiné par des militaires russes qui s'apprêtent à en acheter un à la France et à en construire quatre sous licence en Russie.

Cette visite sera, en fait, l’occasion de prendre connaissance du plus grand navire que la Russie ait l'intention d'acheter en payant en espèces. Cela se produira deux semaines avant les négociations politiques en France où le projet sera soit approuvé au niveau le plus élevé, soit clairement classé comme prématuré, indique un interlocuteur du quotidien Vedomosti.

Selon le rédacteur en chef du bulletin militaire stratégique français TTU Arnaud Kalika, au cours de la visite de Poutine, on saura si la transaction est approuvée ou non par les dirigeants russes et français: ce que les services français et la société publique DCNS qui construit ces navires, attendent, c’est une impulsion politique. Il en est de même en Russie, affirme une source au ministère russe de la Défense.

Les experts doutent toujours de la nécessité d'acheter un navire aussi cher. Le coût total du projet dépassera un milliard d'euros, indique l'expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies Konstantin Makienko. Selon lui, on pourrait dépenser cet argent pour satisfaire des besoins plus urgents: par exemple, équiper de viseurs thermiques tous les chars qui ne seront pas retirés au cours de la réforme militaire.

Le directeur général de Rosoboronexport (agence russe en charge de l'exportation des armes) Anatoli Issaïkine a déclaré la semaine dernière que l'intermédiaire de l'Etat n'avait pas encore reçu d'ordre d'entamer les négociations sur l'achat du navire français. Cependant, affirme la source proche du ministère de la Défense, la transaction peut être conclue sans intermédiaire, comme cela a été le cas avec la société israélienne IAI pour la livraison de drones pour l'armée.

RBС daily

Les groupes pharmaceutiques étrangers se partagent le marché russe

Le producteur danois d’insuline Novo Nordisk a annoncé sa décision de construire une usine en Russie. Pour le moment le groupe choisit l’espace du chantier pour la répartition des rendements et fixe les délais de construction. Les experts estiment que Novo Nordisk craint de perdre son rôle de leader du marché russe dans le domaine de la médicamentation visant à baisser le niveau de sucre. Le concurrent principal des danois en Russie, le groupe français Sanofi Aventis a annoncé la semaine dernière l’achat du producteur russe d’insuline Bioton-Vostok, lit-on jeudi dans le quotidien RBС daily.

Selon le représentant de Novo Nordisk Yana Kotoukhova, la production russe ne sera pas seulement destinée au marché national. Le groupe ne dévoile pas l’étendue des investissements ni les délais de construction.
Le directeur du département de recherches marketing CMI Farmexpert David Melik-Gousseinnov estime la construction d’une usine de cycle complet à partir de zéro à environ 100 millions de dollars. L’expert ajoute que cela va prendre 3-4 ans au groupe pour sortir les insulines sur le marché. «Rien que l’enregistrement des nouvelles préparations devrait prendre 1,5-2 ans», - explique-t-il.

Avant que Novo Nordisk ne mette l’usine en marche et n’enregistre les médicaments, Sanofi-Aventis l’aura dépossédé d’une part du marché, pensent les experts. Novo Nordisk a annoncé la construction d’une usine en Russie quelques jours après la communication des français, concernant l’achat de 4% d’actions du producteur d’insuline Bioton-Vostok. C’est donc Sanofi Aventis qui, parmi les producteurs étrangers d’insuline, a le premier fait un pas pour la localisation de sa production en Russie.

L’existence de production propre donne au groupe l’avantage pour les achats nationaux de médicaments. En particulier, le prix du contrat pour l’acteur local est de 15% supérieur à celui pour les groupes étrangers. «Après avoir acheté Bioton-Vostok, Sanofi Aventis pourra entrer dès l’an prochain dans le système des achats d’Etat. La part du groupe augmentera instantanément, et il deviendra le leadeur du marché», - note Melik-Gousseinov.

Selon les données de Farmexpert en neuf mois, Novo Nordisk arrive en première place parmi les acteurs du marché des médicaments anti-diabétiques – 32,6%. À la deuxième place – Sanofi Aventis avec 19,9%. Cela étant Novo Nordisk est totalement dépendant des achats de l’état: le groupe ne vend au détail que 4,5% des médicaments.

Ces  textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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