Washington et Moscou, parviendront-ils finalement au redémarrage?

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Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

Notre "redémarrage" avec les Etats-Unis s'effectue tout de même très lentement. La récente visite de la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à Moscou en est une illustration éloquente. D'ailleurs, c'était sa première visite en Russie en sa qualité de chef de la diplomatie et, en fait, elle n'a apporté rien de foncièrement nouveau.

Comme cela a été déclaré, les négociations sur un nouveau traité START se poursuivent et les parties espèrent même conclure une sorte de nouvel accord cadre sur la réduction des ogives nucléaires stratégiques vers le 5 décembre prochain, date de l'expiration du traité START-1. Compte tenu des problèmes de la concertation sur le nombre de vecteurs de chaque partie, on a peine à y croire. Bien que, d'autre part, il ne reste pas beaucoup de choses à concerter et, si les Américains sont prêts à accepter les propositions russes (environ 500 vecteurs de part et d'autre), le traité peut effectivement être techniquement rédigé.

Dans chaque visite des Américains à Moscou, l'essentiel est toujours non pas ce qu'ils ont apporté, mais ce qu'ils n'ont pas pris avec eux. Sous George W. Bush et sa Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, ce "panier" était toujours plus qu'à moitié vide. Sous Obama et Hillary Clinton, il est "rempli" un peu plus qu'à moitié. Certes, c'est un progrès par rapport à l'époque Bush, mais c'est insuffisant pour tomber dans une "euphorie de redémarrage".

Clinton n'a pas apporté l'essentiel : les projets plus ou moins précis d'Obama de remplacer le bouclier antimissile de Bush en Pologne et en République tchèque par le bouclier d'Obama en Europe du Sud, de l'Est et du Nord. Il est vrai que même le Pentagone n'a pas une idée claire de ces projets, en reconnaissant qu'ils doivent être étudiés et concrétisés. En échange de ces projets qui ne sont pas encore réalisés, qui sont incompréhensibles et qui n'ont pas encore été expliqués à Moscou du point de vue géostratégique, les Etats-Unis souhaitent déjà recevoir du Kremlin des concessions importantes sur le deuxième sujet important de l'agenda de nos rapports : les sanctions à l'encontre de l'Iran et de son programme nucléaire.

Pour la Russie, accepter ces sanctions signifie anéantir ses contacts économiques et commerciaux assez larges avec l'Iran et, ce qui peut être encore plus dangereux, avoir des ayatollahs indignés dans le Sud, dans la région proche de la "zone musulmane" de la Russie. Certains ont tort de douter que l'Iran musulman puisse exercer une influence sur les républiques musulmanes de la Russie. La Chine, dont les contacts commerciaux avec l'Iran sont bien plus vastes que ceux de la Russie, se prononce toujours fermement contre les sanctions.

La réponse de Sergueï Lavrov, au cours de la conférence de presse commune avec Hillary Clinton, à la question ayant trait à la défense antimissile donne à penser qu'on cache de nouveau quelque chose à Moscou. Sergueï Lavrov a déclaré que les nouveaux projets de Washington concernant la défense antimissile n'étaient pas les idées communes des Etats-Unis et de la Russie, mais qu'ils avaient été élaborés bel et bien par des experts de l'administration du président américain Barack Obama.

En général, de nombreux experts estiment maintenant que le nouveau système de défense antimissile américaine en Europe n'a de sens que dans le seul cas où Israël porterait tout de même un coup préventif aux sites nucléaires iraniens. On ne voudrait certes pas faire des prévisions apocalyptiques, mais, compte tenu du caractère ardent de ceux qui détiennent le pouvoir en Iran, il n'est pas exclu qu'il puisse, en réponse , lancer ses missiles dans toutes les directions.

Le vice-ministre israélien de la Défense Efraïm Sneh a haussé les mises concernant les sanctions contre l'Iran, en déclarant qu'Israël pourrait soumettre les usines nucléaires de l'Iran à Qom, pas loin de Téhéran, aux bombardements aériens après Noël, c'est-à-dire après le 25 décembre.

La réponse des Iraniens a été bien prévisible. Mojtaba Zolnur, représentante d'Ali Khomenei dans la Garde révolutionnaire de l'Iran, a déjà affirmé après la déclaration du vice-ministre israélien : "Si ne serait-ce qu'un seul missile américain ou sioniste tombe sur notre pays, avant que la poussière se dépose, les missiles iraniens détruiront le coeur d'Israël".

Toutes ces déclarations sont naturellement faites en vue de faire pression diplomatique sur Téhéran, la Russie et la Chine. La menace de la punition israélienne de Téhéran pour sa bombe devrait amener la Russie et la Chine à prendre des sanctions, sinon � Mais Moscou et Pékin sont certains que les moyens diplomatiques sont loin d'être épuisés.

En principe, notre approche du problème nucléaire de la Corée du Nord est semblable à celle des Etats-Unis, nous intensifions notre coopération sur l'Afghanistan. Le corridor nécessaire pour faire parvenir les cargaisons militaires en Afghanistan via la Russie s'élargira. En outre, Moscou insiste sur son accès à la recherche des moyens de régler le problème afghan dans le cadre de l'Otan, et elle l'aura probablement. A en juger par la visite d'Hillary Clinton, l'Iran et le bouclier antimissile restent les principaux problèmes dans nos rapports. L'essentiel est de savoir combien cela durera. Nous nous trouvons en état de "semi-redémarrage" déjà depuis 8 mois qui ont suivi son annonce en mars. Bien entendu, cela ne peut durer longtemps.

En fin de compte, la patience d'une des parties viendra à bout. Pour l'instant, il semble que le "redémarrage" né, si l'on s'en souvient, avec une faute linguistique (en mars dernier, Hillary Clinton a offert à Sergueï Lavrov le fameux bouton symbolique avec l'inscription "redémarrage") ne s'

apprête nullement à en devenir une correction active. Parfois, il semble même que Washington interprète ce terme autrement que la Russie et qu'il attend de Moscou non pas le "redémarrage", mais une "nouvelle orientation".

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

 

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