ABM: le problème passe de la confrontation à la discussion

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Ilia Kramnik, RIA Novosti

Ilia Kramnik, RIA Novosti

La visite de Hillary Clinton, arrivée à Moscou le 12 octobre, portera évidemment sur la nouvelle configuration du système national de l'ABM, annoncée récemment par Barack Obama.

Cette nouvelle configuration prévoit l'abandon du déploiement en Europe des antimissiles GBI et la création d'ensembles opérationnels maritimes et terrestres, destinés à intercepter les missiles de courte et de moyenne portée. Une telle décision constitue visiblement cette à la situation que les diplomates russes et américains recherchaient ces dernières années.

"Le bouclier antimissile européen sera plus souple, plus efficace, moins cher, plus moderne, plus sophistiqué et plus fiable. Il sera plus à même de contrer les menaces modernes contre les Etats-Unis, leurs forces en Europe, leurs alliés et l'OTAN. De plus, il tiendra compte des préoccupations russes et sera intégré dans le système de défense antimissile de l'OTAN�", selon la description faite par Barack Obama et par le secrétaire américain à la Défense Robert Gates de la nouvelle configuration de l'ABM.

En quoi la nouvelle configuration diffère-t-elle du projet précédent? La différence principale réside dans l'absence de missiles intercepteurs de longue portée (plusieurs milliers de kilomètres) GBI. Déployés en Europe, les missiles de ce type pourraient constituer une menace réelle contre les groupements de Troupes russes de missiles stratégiques dans la partie européenne de la Russie, ainsi que contre des navires lance-missiles stratégiques de la Flotte russe du Nord. La première étape ne prévoyait que l'installation de 10 missiles intercepteurs de ce type, ce qui ne posait pas de gros problème. Pourtant, l'augmentation du nombre de ces engins combinée aux silos GBI déjà existants en Alaska pourrait aggraver considérablement ce danger. Notamment dans le contexte de la réduction successive des forces nucléaires stratégiques de la Russie. En cas de première frappe éliminant la plupart des forces stratégiques déployées, le système américain serait en mesure d'intercepter la grande majorité des missiles restants, ce qui réduit à néant la conception-même de la dissuasion nucléaire.

Cette menace pourrait encore s'aggraver avec le développement des éléments aérien et spatial de l'ABM: des appareils atmosphériques et orbitaux capables d'abattre les missiles et leurs ogives.

Tous ces grands projets apparus à l'époque de Georges W. Bush ont cependant fait l'objet d'une révision massive en 2009. Cela s'explique par l'idéologie différente de l'administration d'Obama, aussi bien que par la crise économique obligeant à remettre en question nombre de projets-clés en matière de développement de l'armée américaine, notamment du système de l'ABM.

Ainsi, on déploiera en Pologne les systèmes PAC-3, destinés principalement à lutter contre les missiles de courte et moyenne portée. De plus, la région pourrait voir également apparaître des systèmes navals SM-3 qu'on installera sur des croiseurs et des destroyers munis du système de guidage et d'information de combat AEGIS. Ils visent eux-aussi à intercepter les missiles de longue et moyenne portée. Quant aux missiles balistiques intercontinentaux, ils ne pourront les abattre que dans la première phase de leur trajectoire et à proximité du site de lancement. Un groupement de navires antimissiles de type AEGIS se trouve actuellement au Japon pour lutter contre des lancements éventuels de missiles nord-coréens.

Les engins SM-3 peuvent également être utilisés par des systèmes terrestres. Muni d'un réseau approprié de radiodétection, un tel bouclier est capable de défendre réellement l'Europe contre les missiles iraniens sans détruire l'équilibre mondial des forces.

Les modifications de la conception de l'ABM ont soulevé la question de l'implantation de ses éléments. On a même déjà pressenti l'Ukraine comme pays susceptible d'accueillir un radar ABM, bien que Kiev rejette pour le moment une telle possibilité.

Les projets de déploiement des éléments de l'ABM concernent des pays très différents: de la Pologne à la Turquie. Il est à noter que les discussions ont encore une fois concerné l'utilisation du radar azerbaïdjanais de Gabal? en tant qu'élément de l'ABM. La Russie avait déjà évoqué cette question en 2007, mais son initiative était restée lettre morte à l'époque.

Bref, on peut constater que le problème de l'ABM est passé aujourd'hui du terrain de la confrontation à celui de la discussion. Et cela constitue probablement un des acquis les plus importants de l'année.

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

 

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