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Présence d'hydrogène détectée sur la Lune par le LEND russe, mais...

Le LEND russe embarqué à bord de la sonde américaine LRO a surpris les scientifiques en détectant la présence d'hydrogène sur la Lune là où ils ne s'attendaient pas forcément à en trouver, rapportent les sites rian.ru et nkj.ru.

Les premières données recueillies par le LEND (Lunar Exploration Neutron Detector) russe embarqué à bord du LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) de la NASA ont amené les scientifiques à reconsidérer leurs idées "naïves" concernant la glace d'eau lunaire. Cette appréciation émane d'Igor Mitrofanov, chef du projet LEND. Il dirige le laboratoire de spectroscopie gamma spatiale de l'Institut d'études spatiales de l'Académie des sciences russe.

Pourquoi une telle appréciation ? "Nos idées de base - idées que je partageais - étaient trop naïves. Nous pensions que là-bas (sur la Lune), il pouvait il y avoir de petits "antarctiques", autrement dit des cratères plongés en permanence dans l'obscurité : le Soleil ne brillant jamais dans ces endroits, quand les comètes viennent les heurter, de la glace s'y forme", explique Igor Mitrofanov. Une théorie que n'a pas vraiment confortée le LEND.

Le LEND est un détecteur neutronique, qui a pour vocation de repérer, en fonction des variations du flux de neutrons en provenance de la surface lunaire, les zones ayant une teneur élevée en hydrogène et, donc, recélant potentiellement de l'eau. Une grande concentration d'hydrogène dans le sol conduit à la baisse du flux de neutrons, ces régions apparaissant sous la forme de tâches sombres sur les "cartes neutroniques".

Selon les responsables de la NASA, il ressort des premières données transmises par le LEND que celui-ci a effectivement détecté des régions ayant une teneur élevée en hydrogène. Mais la délimitation de ces régions ne coïncide pas avec les fameuses zones demeurant en permanence à l'ombre, ces "pièges à froid" sur lesquels misaient les scientifiques.

Commentant ces premiers résultats, Igor Mitrofanov a rappelé que l'axe de la Lune est faiblement incliné. Ce qui fait qu'à côté des pôles lunaires, il existe des zones où le soleil ne pénètre jamais. C'est pourquoi les chercheurs avaient émis l'hypothèse que dans ces régions pouvaient s'être conservés des noyaux de glace des comètes. C'est pourquoi le LRO a pour principale mission d'étudier les zones polaires et d'y rechercher, notamment, de la glace d'eau. "A la suite des investigations qui ont été menées, a bien spécifié Igor Mitrofanov, des régions présentant un faible flux neutronique ont été découvertes. Mais, à notre grande surprise, ces régions ne coïncidaient pas avec les régions à l'ombre des cratères proches des Pôles que nous connaissions."

"Par conséquent, a relevé le chercheur russe, dès les premières données que nous a transmises le LEND s'est trouvée réfutée l'hypothèse, communément admise, relative à la localisation des régions ayant une teneur en hydrogène élevée sur la Lune." Cette inadéquation, a-t-il poursuivi, n'exclut pas la présence de glace d'eau sur la Lune, mais les chercheurs vont devoir élaborer une théorie beaucoup plus complexe. La glace pourrait être enfouie sous une couche de régalite, a-t-il avancé.

Dans certains endroits proches du Pôle sud de la Lune, les zones présentant une teneur élevée en hydrogène coïncident tout de même avec des régions constamment à l'ombre. L'une de ces zones est celle du cratère Cabeus A. Après étude des données envoyées par le LEND, il a été retenu comme "cible" pour procéder à l'expérience qui doit être menée à l'aide de la sonde LCROSS (Lunar Crater Observation and sensing Spacecraft). Celle-ci, composée initialement d'un petit module truffé d'appareils et de l'étage supérieur d'une fusée "Centaure", observera les résultats de la chute sur le sol lunaire des deux tonnes et quelque du bloc "Centaure", après que celui-ci se sera séparé de la sonde. Le nuage de poussière de gaz qui apparaîtra sera analysé. C'est ainsi que l'on pourra peut-être détecter physiquement la présence d'eau. Cette expérience est prévue pour le 9 octobre. La chute du "Centaure" provoquera la formation d'un cratère de plusieurs dizaines de mètres.

Pour l'heure, les scientifiques ignorent pourquoi, dans la couche supérieure du cratère Cabeus et d'autres régions détectées par le LEND, la teneur en hydrogène est aussi élevée et sous quelle forme celui-ci est présent : glace d'eau, minéraux lunaires� Les données déjà recueillies par le LEND et celles qui le seront par la suite seront utilisées pour élaborer une nouvelle hypothèse scientifique qui devra expliquer l'origine des zones lunaires ayant une forte teneur en hydrogène.

La sonde LRO se trouve depuis le 15 septembre sur son orbite normale de travail pour cette première étape des investigations, qui a pour objectif de prospecter les ressources lunaires en réalisant une carte neutronique et durera un an. Après quoi, la sonde passera à la seconde étape de son étude de la Lune et de l'espace circumlunaire, conformément au programme scientifique de cette mission.

Nano-encre pour un système d'impression numérique performant

Rosnano a décidé d'investir dans le développement d'un système d'impression numérique à jet d'encre applicable sur toutes sortes de surfaces, utilisant l'ultraviolet et reposant sur les nanotechnologies, rapportent inauka.ru et rian.ru.

La société russe de nanotechnologies Rosnano a décidé de contribuer au développement du projet de la société SAN, de Novossibirsk, qui fabrique de l'encre sur la base des nanotechnologies, et des équipements pour des types d'impression numérique de haute technologie. SAN fabrique des systèmes d'impression numérique jet d'encre utilisant l'ultraviolet pour renforcer la pérennité de cette impression. Ces systèmes incluent une encre fabriquée à partir des nanotechnologies et des imprimantes grand format.

A la différence des imprimantes traditionnelles, ces machines permettent non seulement de sortir des publications diverses, des publicités, mais aussi d'imprimer sur des façades de meubles, sur des carreaux, du verre, du matériel technique et électronique, de faux plafonds, des panneaux, etc. Le système offre un bon rendu des couleurs, garantit une résistance élevée des impressions à la lumière, autorise une bonne productivité et un faible coût d'exploitation, et assure grâce au traitement ultraviolet une conservation prolongée des nano-encres.

"La taille des grains du pigment varie entre 20 et 70 nanomètres, ce qui permet à la couleur de tenir sur n'importe quelle surface", a précisé la directrice générale de SAN, Natalia Stassiouk. La technologie utilisée dans son entreprise, a-t-elle dit, est unique au monde. SAN produit déjà 20 tonnes de cette encre par mois et souhaiterait passer d'ici six mois à 100 tonnes. L'impression peut être réalisée, si on le souhaite, avec un relief de 5 mm. L'image obtenue est renforcée par un traitement à l'ultraviolet opéré par des diodes installées sur les imprimantes. Ces dernières, fabriquées également par SAN (15 par mois), peuvent réaliser des impressions de 5 m sur 0,20 m. Ces machines sont vendues actuellement entre 70 et 100.000 dollars pièce, mais SAN pense pouvoir fabriquer des modèles à 10.000 dollars.

Le volume total des investissements prévu est de plus de 1,1 milliard de roubles, l'apport de Rosnano devant se monter à 166 millions. Les investissements devraient être amortis en deux ans et demi, l'entreprise misant sur un chiffre d'affaires de 5,7 milliards de roubles en 2015, avec un développement centré sur la Russie dans un premier temps, puis à l'international (Europe, Asie, Amérique du Nord).

L'Oural : un grand fleuve malade mais guérissable

La récente visite du Président Medvedev dans la région de l'Oural et au Kazakhstan a mis en lumière les problèmes du fleuve Oural, dont la situation écologique préoccupe grandement tant les scientifiques que la population. Des solutions existent pourtant, rapporte rian.ru.

En visite dans la région de l'Oural, le président Medvedev a déploré le "triste spectacle" donné par le fleuve Oural. Ce grand fleuve d'Europe orientale (*), qui s'étire sur près de 1.200 km dans la région d'Orenbourg, mais aussi dans deux autres entités géographiques de la Russie et au Kazakhstan, est à la fois victime d'une forte pollution et menacé d'assèchement.

La situation écologique du bassin de l'Oural est considérée comme tendue. Les scientifiques mettent en garde contre un changement du régime hydrologique du fleuve, dont le déficit annuel en eau atteint 4,7 millions de mètres cubes. Le lit de ce fleuve, bien commun de la Russie et du Kazakhstan, s'envase progressivement, tandis que ses berges sont en train d'être détruites. La végétation qui prospérait grâce aux crues de printemps se dégrade, la biodiversité est en recul.

Les réserves de poissons s'appauvrissent, elles aussi, la population d'esturgeons étant ainsi au bord de l'extinction. Pourtant, à la fin des années 70 du siècle dernier, le fleuve Oural intervenait à hauteur de 33% dans la pêche mondiale d'esturgeons, et de 40% pour la production de caviar noir. Au cours des deux dernières décennies, la population d'esturgeons du fleuve a été divisée par plus de 30.

Selon Alexandre Tchibilev, directeur de l'Institut des steppes de l'Académie des sciences russe, si des mesures ne sont pas prises, l'Oural va se trouver asséché à mi-parcours. Pour lui, si tous les utilisateurs, en Russie comme au Kazakhstan, "ne se servent de ce fleuve qu'à partir de leurs intérêts locaux, l'Oural cessera de se jeter dans la Caspienne, de la même manière que le fleuve Elba ne se jette plus dans cette mer depuis 1939."

Les chercheurs relèvent qu'à côté des modifications écologiques, objectives, le bassin de l'Oural a subi l'influence de l'homme. On peut citer, notamment, la régulation du cours supérieur de l'Oural et de ses affluents, la mise en culture de terres vierges et en friches, la coupe des forêts concernées par les crues de printemps et des forêts assurant le partage des eaux, l'épuisement des ressources hydrobiologiques, l'activité économique d'entreprises métallurgiques de toutes sortes (métaux ferreux et non ferreux).

Selon Alexandre Tchibilev, la consommation industrielle de l'eau est un facteur majeur, à l'origine à la fois de pertes irrécupérables d'eau et de déversements représentant une source très dangereuse de pollution. A cet égard, les complexes industriels gaziers de Karatchaganak et d'Orenbourg et la mise en valeur de gisements pétroliers ont un impact dangereux sur le fleuve. Les régions de la vallée de l'Oural, où s'accumulent les conduites d'hydrocarbures et où sont édifiées des entreprises de production et de transformation d'hydrocarbures, constituent des zones de risque écologique particulier.

Il convient d'ajouter à cela que l'écosystème de l'Oural est perturbé par la construction de barrages de toutes sortes. Le problème de la préservation des zones inondées au printemps se pose. Les massifs forestiers sont victimes de l'irrégularité des arrivées d'eau, même en période d'inondations. Selon les chiffres d'Alexandre Tchibilev, sur l'ensemble du cours de l'Oural sont installés 4 gros réservoirs, 80 gros noeuds hydrauliques, auxquels il convient d'ajouter quelque 3.100 barrages de terre, édifiés de manière anarchique sur tous les petits cours d'eau, ce qui cause un gros préjudice au bassin du fleuve.

Les scientifiques notent également que la situation écologique tendue est liée au comportement des habitants, le niveau de culture écologique de la population vivant dans les villes et bourgades situées le long du fleuve étant très faible. Nombreux sont ceux qui considèrent l'Oural et ses affluents comme un égout commode. L'encombrement du fleuve par les ordures et les déchets humains influe négativement sur l'état de l'écosystème du bassin.

"Le problème de l'Oural, note Sergueï Gorchenine, président du gouvernement de la région d'Orenbourg, c'est celui des 12 millions d'habitants qui vivent le long du fleuve, en Russie et au Kazakhstan. La création d'une commission interétatique chargée du fleuve Oural permettra de rechercher les mécanismes les plus efficaces, les plus pertinents, et d'élaborer des positions communes pour l'utilisation rationnelle des ressources de l'Oural".

Alexandre Tchibilev souligne que l'état de ce fleuve transfrontalier préoccupe gravement, et depuis longtemps, les habitants de la région d'Orenbourg et du Kazakhstan. "La destruction de l'équilibre hydrique entraîne l'envasement du lit. Le principal danger émane des projets de construction de petits barrages sur la Sakmara, un gros affluent de l'Oural. L'Oural, qui fournit de l'eau à plus de sept millions de personnes, est lui-même approvisionné par la Sakmara, qui lui apporte 60% de ses eaux. Si le cours de la Sakmara est régulé, la ville kazakhe d'Atyraou risque d'être privée d'eau, note le chercheur."

Selon Alexandre Tchibilev, pour sauver l'Oural, il est indispensable d'appliquer en permanence deux mesures - exécuter des travaux d'approfondissement du lit dans le delta du fleuve et, lors des crues de printemps, de libérer les eaux du réservoir d'Iriklinskoïé, situé dans la région d'Orenbourg. "Durant la période des eaux abondantes résultant de la fonte des neiges, l'Oural se nettoie remarquablement, sans intervention humaine, des pollutions technogènes et anthropogènes, note pour sa part Sergueï Jdanov, chercheur à l'Institut des steppes. Mais ces dernières années, les crues de printemps ont été peu importantes, ce qui fait que l'équilibre écologique s'est trouvé perturbé."

La solution du problème de l'Oural, souligne Sergueï Gorchenine, se situe au niveau interétatique, car "il faut agir au niveau adéquat, en mettant en oeuvre les ressources de toutes les parties intéressées." Le gouverneur de la région d'Orenbourg, Alexeï Tchernychev, a proposé pour sa part la création d'une structure écologique interétatique dotée de prérogatives étendues.

(*) Long de 2.428 km (dont 1.164 dans la région d'Orenbourg), le fleuve Oural, qui coule en Europe orientale, est le troisième plus long fleuve d'Europe, après la Volga et le Danube. Son débit le place parmi les 30 premiers cours d'eau européens. L'Oural est le seul grand fleuve du versant "sud" du continent ayant un cours moyen et inférieur non régulés. Il traverse le territoire de trois entités de la Fédération de Russie (régions d'Orenbourg et Tcheliabinsk, république du Bachkortostan) et de trois régions du Kazakhstan.

Nouvelle station polaire dérivante russe dans l'Arctique

La nouvelle campagne de dérive dans l'Arctique d'une station polaire russe a débuté en septembre avec le départ de SP-37, rapporte le site nkj.ru.

La station scientifique Severnyi Polious-37 (Pôle Nord-37) a commencé à dériver le 7 septembre dernier. Les coordonnées de la station étaient alors de 81 degrés 24 minutes de latitude nord et de 162 degrés 55 minutes de longitude est, a précisé Sergueï Baliaskanov, conseiller du directeur de l'Institut de recherche arctique et antarctique dépendant des Services russes de l'hydrométéorologie (Rosguidromet). Lors de la précédente campagne, la station SP-36 avait dérivé sur 2.500 km.

Cette nouvelle expédition a pour principaux objectifs, selon Sergueï Baliaskanov, de réaliser en continu, durant toute l'année, tout au long de sa dérive, des observations météorologiques, aérologiques, glaciologiques et océanographiques, de surveiller de manière complexe l'état de l'environnement et sa pollution dans les régions de latitude élevée. L'étude des processus qui déterminent les modifications climatiques intensives que connaît l'Arctique central, l'évaluation de leur incidence sur le milieu naturel et sur les écosystèmes de la région arctique de la Russie figurent également au programme.

Le brise-glace Yamal a acheminé jusqu'à bon port les quinze membres de l'expédition et l'ensemble des équipements - 29 bungalows à usage technique ou d'habitation, 4 centrales électriques diesel, trois tracteurs DT-75 et quatre motos-neige Bourane. Les réserves de fuel ont été stockées dans divers points, éloignés les uns des autres. La plateforme de glace sur laquelle s'est installée l'expédition mesure 13 km sur 12 et fait 3 m d'épaisseur.

L'expédition SP-37, dont la moitié des membres ont moins de 35 ans, est dirigée par un "vétéran" de l'Arctique, Sergueï Lessenkov. L'équipage de la station est secondé par deux chiens, chargés, si besoin, de protéger ses membres des ours polaires.

(*) SP-37 est la 6e expédition de ce type depuis la reprise, en 2003, de l'activité des stations dérivantes russes, après 12 années d'interruption. La première station dérivante soviétique avait inauguré cette série en 1937, avec quatre hommes à son bord. La Russie possède une expérience unique au monde en matière de stations dérivantes.

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