UNE SURPRISE TANT ATTENDUE. Au micro le journaliste indépendant Boris Toumanov

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Ce n’est donc pas la Russie mais la Géorgie qui a provoqué en août 2008 le conflit en Ossetie du Sud.
Ce n’est donc pas la Russie mais la Géorgie qui a provoqué en août 2008 le conflit en Ossetie du Sud. Telle est la conclusion de la commission indépendante ad hoc qui a analysé la genèse de cette guerre sur la demande de l’Union européenne. La présidente de cette commission Heidi Tagliavini a clairement souligné que «du point de vue de la commission c’est la Géorgie qui a déclenché la guerre en attaquant la ville de Tskhinvali à l’artillerie lourde dans la nuit du 7 au 8 août 2008».
Le document de la commission Tagliavini estime que la première riposte militaire à l’attaque géorgienne a été légitime mais indique dans le même temps que l’action militaire de Moscou a dépassé par la suite les limites raisonnables. Je sais que bon nombre d’hommes politiques et d’observateurs à Moscou ont d’ores et déjà tendance à considérer ce verdict comme une condamnation sans appel du président Saakashvili, sinon comme une absolution pour les péchés de la Russie.
Je pense pourtant que l’importance de ce rapport et de ses conclusions consiste surtout dans le fait que ses auteurs ont fait preuve d’une louable objéctivité basée sur une étude détaillée du problème soumis à leur attention. Cela devient encore plus évident quand on compare les résultats de leur analyse aux réactions spontanées et émotionnelles à la guerre russo-géorgienne qu’on observait en Europe il y a un an. Même la plus timide tentative de parler de la responsabilité éventuelle de Mikhaïl Saakashvili était considéré à l’époque comme un sacrilège.
Je suis absolument certain que ce préjugé traduisait non les sentiments russophobes que certains de mes compatriotes attribuent volontiers à l’Europe mais surtout l’ignorance des réalités de ce qu’on appelle l’espace post-soviétique. En fait la phraséologie et même la politique pro-occidentale des leaders de certaines républiques ex-soviétiques ne représentent pas necésserement un gage de leur comportement civilisé et responsable, et le cas de M. Saakashvili en témoigne de manière suffisamment convaincante.
A propos, Thorbjoern Jagland qui vient d’être élu secrétaire général du Conseil de l'Europe a fait une remarque fort judicieuse sur l’utilité de tenir compte de l’histoire de la Russie et de la psychologie traditionnelle de son pouvoir non pour l’exempter mais pour mieux la comprendre. Or, l’histoire de la Géorgie, pour ne parler que d’elle, et la psychologie de son élite méritent une attitude non moins attentive pour comprendre une fois de plus que l’habit ne fait pas le moine.
Et c’est ce qui a fait en somme la commission de Mme Tagliavini pour le grand bien de l’Europe.
Bravo!
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