Médecine/ Baïkal/ espace/ Arctique
Premiers tests du vaccin russe contre la grippe A
Les premiers tests de deux vaccins russes contre la grippe A (l'un vivant, et l'autre inactivé) ont débuté, rapportent rian.ru et strf.ru.
Le lancement des tests cliniques de vaccins russes contre la grippe A/H1N1 a eu lieu le 10 septembre à Saint-Pétersbourg. La nouvelle avait été préalablement annoncée par l'académicien Oleg Kisselev, responsable du Centre national de la grippe de l'OMS, à Saint-Pétersbourg. Comme à l'accoutumée, avait-il indiqué, plusieurs collaborateurs de son institut, dont lui-même, devaient faire partie des volontaires pour ce test.
Un premier groupe de volontaires a été convoqué le 7 septembre. Après divers examens, une trentaine ont été retenus et ont commencé à recevoir une injection (par spray) de vaccin. Ce premier test porte exclusivement sur le vaccin vivant, a précisé Oleg Kisselev. Le premier vaccin testé est un vaccin intranasal de type vivant, tandis que l'autre est un vaccin unidose inactivé (mort).
Olga Kotova, collaboratrice de l'Institut de la grippe de l'Académie des sciences médicales russe, a précisé que ce premier groupe de volontaires était composé de personnes jeunes (18 à 35 ans), excepté deux, plus âgées. Une fois le vaccin reçu, les personnes testées doivent demeurer une semaine en observation dans une clinique. Durant cinq à sept jours, les médecins procèdent à des analyses des écoulements nasaux et à des prises de sang. Ce vaccin vivant administré par spray doit être testé au total sur une soixantaine de personnes.
Les vaccins russes sont fabriqués par des filiales de la société Microguen, à Irkoutsk pour le vivant, et à Oufa pour l'autre, inactivé. Ce dernier sera testé, quant à lui, sur quelque 70 volontaires. Les tests portant sur le premier vaccin dureront 42 jours, et ceux concernant le second 56 jours. Le cycle complet des tests devrait être achevé d'ici la fin octobre.
Dans un premier temps, a indiqué Oleg Kisselev, la Russie pourrait avoir besoin, selon le développement de la situation épidémiologique, de 10 à 20 millions de doses de vaccins. Au total, d'ici la fin de l'année 2009 et lors du premier trimestre 2010, ce sont quelque 40 millions de doses qui seront produites.
"Nous ne doutons pas du résultat du programme de tests cliniques, a déclaré avec optimisme Oleg Kisselev. De par leurs caractéristiques antigènes et autres, les nouveaux vaccins sont nettement supérieurs à ceux des années précédentes." Au début septembre, le virus avait déjà frappé 319 Russes, pour l'essentiel de retour de l'étranger.
Fin de la seconde expédition Mir dans le Baïkal
La seconde campagne de plongée des sous-marins de poche Mir dans le Baïkal a pris fin, rapportent les sites strf.ru et inauka.ru. Avant même que ne soit achevé le dépouillement de toutes les données recueillies, le bilan apparaît d'ores et déjà comme très positif.
Pour cette seconde campagne d'exploration des profondeurs du Baïkal, 69 des 70 plongées prévues ont été réalisées par les deux sous-marins de poche. La 70e plongée de Mir-1, prévue le 5 septembre pour marquer le second anniversaire d'une autre plongée mémorable (celle des Mir dans l'Arctique), n'a pu avoir lieu, en raison d'un temps détestable. "Nous avons été trahis par les conditions atmosphériques, a résumé le commandant du Mir-1, Evgueni Tcherniaïev, chercheur à l'Institut d'océanologie Chirchov. L'an dernier, déjà, nous n'avions pu travailler en septembre, car le temps change brusquement. Or, pour descendre et remonter, il nous faut une fenêtre météo excellente." 69 plongées ont néanmoins été réalisées cette année, ce qui porte leur total à 122 en deux ans.
La campagne de l'an dernier, a poursuivi Evgueni Tcherniaïev, était en quelque sorte une entrée en matière. Les chercheurs avaient alors procédé à des explorations, afin d'établir en quels points et à l'aide de quels appareils il valait mieux travailler. C'est pourquoi les principaux travaux, les principales découvertes ont été réalisés cette année.
"Les premiers résultats ne laissent pas d'impressionner, souligne Evgueni Tcherniaïev. La première chose que nous ayons découverte, ce sont les hydrates de gaz (une solution de gaz de méthane et d'eau, sous forme de glace). Des couches très épaisses d'hydrates de gaz, à l'état solide. Il s'agit de monticules de six mètres de haut. Et il y en a beaucoup. Nous avons également vu du gaz s'en échapper. Nous avons étudié et collecté ce gaz dans des poches spéciales : il s'est transformé sous nos yeux en hydrate de gaz ! Nous avons ensuite observé à quelles profondeurs il se transforme à nouveau en gaz."
Les chercheurs ont observé le processus de désintégration de la combinaison cristalline formée par un morceau d'hydrate de gaz détaché d'une proéminence au fond de l'océan. Ils ont établi, en le remontant à la surface, les principales phases de la désintégration des hydrates, ce qui est extrêmement important pour évaluer les perspectives de leur utilisation comme source d'énergie. Il s'avère qu'à partir de la cote -400 m, le processus de désintégration s'accélère, et qu'à -100 m la combinaison se désagrège totalement, en produisant une petite "explosion".
"Le caractère sensationnel de cette découverte, relève Evgueni Tcherniaïev, réside en ceci que des hydrates de gaz ont été mis au jour pour la première fois dans des quantités aussi abondantes, et qui plus est dans de l'eau douce. Même dans l'océan, où nous avons travaillé pendant de nombreuses années pour tenter de découvrir ces hydrates, nous n'avons jamais vu des couches aussi épaisses. D'ordinaire, on trouve de petites inclusions dans des sédiments. Mais là, nous avons vu pour la première fois des monticules de glace faits d'hydrates. C'était vraiment impressionnant !"
Un autre résultat remarquable de cette expédition est la découverte de dégagements de pétrole et de gaz du fond du Baïkal. Les échantillons géologiques et biologiques recueillis par les scientifiques présentent un intérêt indubitable. Ils seront étudiés et permettront d'effectuer, à n'en pas douter, plus d'une découverte.
Dans le cadre de cette seconde campagne d'été d'étude du Baïkal, les sous-marins de poche ont procédé pour la première fois à une exploration nocturne du lac. Cette visite nocturne des Mir dans les eaux du Baïkal a été réalisée à la fin juillet. Les deux sous-marins ont plongé de 10 heures du soir à 6h30 du matin, a précisé l'Institut de limnologie du Baïkal.
Cette "sortie nocturne" avait pour objectif de révéler les particularités de la migration et de l'alimentation de certaines variétés de plancton et de poissons. En effet, durant les heures précédant la levée du jour, ces organismes remontent des profondeurs vers la surface en quête de nourriture. Les chercheurs ont pu ainsi procéder à des mesures et capturer des échantillons à différentes profondeurs - de plus de 1.200 m jusqu'à la surface. Ils ont pu constater qu'au sein de la couche d'eau, le plancton et les poissons se répartissent selon leur taille. Ainsi, dans les couches supérieures du lac, prédominent des poissons de moins de 2 cm ; entre 50 et 80 m de profondeur, on trouve en abondance des individus de 3 à 4 cm, tandis qu'à des profondeurs supérieures à 350 m, leur taille atteint 6 à 8 cm.
Une autre orientation des recherches menées par les scientifiques a été l'étude des canyons sous-marins pour y trouver des concrétions de fer-manganèse. Ces minéraux présentent un grand intérêt pour les géologues. En effet, les fonds océaniques concentrent d'énormes quantités de concrétions de fer-manganèse, considérées comme des sources réellement exploitables de manganèse, leur teneur atteignant parfois les 50%. La forme des concrétions rappelle un peu celle d'une pomme de terre, leur couleur variant, selon que prédomine le fer ou le manganèse.
Pour découvrir des concrétions de fer-manganèse, les sous-marins de poche ont été acheminés jusqu'à un point situé à 14 km de la localité de Grémiatchinsk (Bouriatie). Les chercheurs y ont mis au jour en juillet, par 800 m de fond, des concrétions au-dessus du limon sédimentaire, puis sur les pentes de canyons sous-marins. Ils ont également découvert des concrétions en étudiant sous divers aspects le mont Akademitcheski, situé entre les îles d'Olkhon et d'Ouchkani.
Le mont Akademitcheski formait il y a 8 ou 9 millions d'années la rive septentrionale du Baïkal, a expliqué l'académicien Kouzmine. Le fleuve Bargouzine est venu se jeter dans le Baïkal, si bien que peu à peu le lac a progressé vers le Nord et un autre réservoir s'est formé, le réservoir Nord (Sévernaïa). Les chercheurs ont eu confirmation de cette hypothèse en étudiant les sédiments: ceux-ci sont épais de 8.000 m dans le réservoir Sud, et de 4 à 5.000 m dans le Nord. Les données recueillies au cours de cette campagne permettent ainsi de préciser des pans de l'histoire du Baïkal... et peut-être aussi de celle de la Russie.
En effet, lors d'une de leurs dernières plongées, les sous-marins Mir ont découvert les restes des wagons d'un train qui pourrait être celui qui transportait l'or de Koltchak - autrement dit, une partie des réserves d'or de l'Empire russe. Cet or s'était retrouvé, en 1918, durant la Guerre civile, entre les mains de l'amiral Koltchak et de son armée, avant de disparaître. Il est possible que ce trésor ait sombré dans les profondeurs du Baïkal après le déraillement de plusieurs wagons du train le transportant. Les membres de la prochaine expédition, dont on ignore quand elle aura lieu (en principe, ce ne sera pas l'an prochain, les Mir devant être utilisés dans l'Atlantique) auront à coeur de tirer au clair cette affaire.
Calme record pour le Soleil
L'actuel 23e cycle de l'activité solaire est le plus calme depuis les 160 ans qu'existent les observations de notre astre, notent les équipes gérant l'observatoire spatial russe TESIS, rapporte le site rian.ru.
Le cycle actuel d'activité solaire, le 23e, a débuté en 1996. Il est le plus calme depuis 160 ans si l'on considère le nombre total de journées sans tâches sur le Soleil, ces tâches étant traditionnellement considérées comme la principale manifestation de l'activité de notre astre. Au 1er septembre, on dénombrait 706 journées, précisaient sur le site les chercheurs de l'Institut de physique Lebedev (FIAN).
"C'est un cycle record, le précédent record ayant été établi lors du 15e cycle, de 1913 à 1923. On avait dénombré alors 698 jours sans tâches", a confié à RIA Novosti un chercheur de haut rang du FIAN, Sergueï Bogatchev.
De plus, il s'en est fallu de seulement deux jours pour qu'un autre record de ces dernières décennies ne soit battu : celui de la plus longue période ininterrompue sans tâches. On a observé un Soleil "vide" de tâches durant 49 jours consécutifs, du 12 juillet au 1er septembre 2009, le "record", tout récent, ayant été établi en 2008, avec 51 jours.
En 160 années d'observation du Soleil, le "trou" le plus important dans cette apparition des tâches a été enregistré il y a près d'un siècle, en 1913. Le Soleil avait connu alors une interruption de 92 jours, du 8 avril au 8 juillet. La deuxième période de calme la plus longue avait été observée en 1901 (63 jours), et la troisième en 1879 (54 jours).
"La proximité dans le temps de ces trois "trous" record dans la formation des tâches n'est pas fortuite, indique le site de TESIS. Selon les conceptions modernes, elle est considérée comme la preuve qu'existent sur le Soleil, outre les périodes de 11 ans bien connues, des cycles encore plus globaux, à l'échelle séculaire ou même millénaire. C'est leur coïncidence, estime-t-on, qui peut conduire à des chutes prolongées, de nombreuses années durant, de l'activité solaire. Le phénomène le plus connu étant le minimum de Maunder, de 1645 à 1715, qui avait coïncidé avec ce que l'on avait appelé "le petit âge glaciaire"."
La période record de calme que l'on observe actuellement sur le Soleil suscite un grand intérêt de la part des scientifiques, car l'on devrait s'attendre, normalement, à un maximum solaire en 2012. Il ne reste donc qu'à peine un peu plus de trois ans. "Toute la question est de savoir, notent les chercheurs, si le Soleil sera en mesure de se hisser au niveau d'activité attendu en un laps de temps aussi court ou si nous sommes réellement entrés dans une époque historique, pendant laquelle il nous sera donné d'assister à la convergence de plusieurs minimums de cycles séculaires et millénaires."
Arctique: il faut prélever des échantillons du sous-sol océanique
La répartition des zones du plateau continental arctique entre les différents pays concernés doit reposer sur l'étude d'échantillons du sous-sol, a affirmé un scientifique russe lors d'une table ronde organisée par la Nezavissimaïa gazeta, rapporte le site de ce journal, ng.ru.
Il nous faut prélever des échantillons du sous-sol océanique à quelques kilomètres de profondeur pour démontrer l'appartenance du plateau continental arctique au territoire de la Russie, a déclaré le géophysicien Léopold Lobkovski, membre correspondant de l'Académie des sciences russe et directeur du Laboratoire de sismologie et de géodynamique de l'Institut d'océanologie de l'ASR. Le chercheur russe a cité l'exemple de la dorsale Lomonossov, bien connu désormais. C'est une chaîne linéaire, qui relie le plateau continental de la Russie et du Danemark - c'est la raison pour laquelle les Danois affirment tout autant que les Russes que cette chaîne leur revient.
Mais, objecte Léopold Lobkovski, tous les experts sérieux s'accordent à dire que la dorsale Lomonossov est une prolongation du plateau continental russe. La seule question qui pourrait se poser serait de savoir quelle en est la nature: s'agit-il d'une chaîne continentale ou d'une chaîne océanique ? L'Islande, par exemple, est une île purement océanique, basaltique. Les îles Hawaï, aussi, sont d'origine purement océanique. Il existe de nombreux exemples du même type dans l'océan mondial.
Il est évident que la dorsale Lomonossov est d'origine continentale, poursuit Léopold Lobkovski. Pour les spécialistes de la tectonique des plaques, cette question est réglée, et ils n'ont pas besoin de forage profond. Pour ce qui est de l'Arctique orientale et des dorsales Mendeleïev et Alpha, la question se pose. Ces chaînes sont d'une forme plus complexe que la dorsale Lomonossov. Et elles ne sont pas linéaires. Là, la réponse n'est, fondamentalement, pas évidente. Il peut y avoir des structures purement océaniques, qui se seraient formées voilà plus d'une centaine de millions d'années. Pour savoir si la dorsale Mendeleïev a une origine continentale, il faudra forer au moins sur plusieurs kilomètres. On aura alors une preuve indiscutable.
La "Stratégie de développement de la zone arctique" signée par le président russe Dmitri Medvedev stipule que le problème de la juridiction du plateau continental étendu de la Russie doit être résolu d'ici 2014, poursuit Léopold Lobkovski. C'est aussi en 2014 que la demande de la Russie d'élargir son plateau continental doit être examinée. Il est fort probable que la commission internationale nous dise à nouveau qu'elle ne dispose pas de suffisamment de données. Les données géophysiques ne suffiront pas, estime le chercheur: il faudra fournir les résultats de forages profonds. On ne pourra en faire l'économie, conclut-il.