MOSCOU, RIA Novosti
Gazeta.ru
Les Européens effrayés par le spectre de l'axe "Moscou-Berlin"
Sur la toile de fond des rapports russo-polonais, pour lesquels le 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale a été une épreuve difficile, l'atmosphère régnant dans les rapports entre la Russie et l'Allemagne est presque radieuse. Face à leur coopération si fructueuse, Varsovie, sensible et jalouse, est allée au point même d'assimiler le projet de gazoduc Nord Stream contournant la Pologne, l'Ukraine et la Biélorussie au pacte Molotov-Ribbentrop, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.Ru
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le système de sécurité en Europe occidentale reposait sur le principe formulé par le premier secrétaire général de l'OTAN, lord Hastings Lionel Ismay : "Keep the Russians out, the Americans in, and the Germans down" (ne pas laisser les Russes entrer en Europe, y assurer la présence des Américains, refréner l'Allemagne). Après la fin de la guerre froide, cette approche n'a pas changé, mais elle est absurde dans la situation nouvelle où la Russie n'est plus un ennemi, l'Allemagne démocratique ne représente plus une menace, les priorités de l'Amérique se trouvent dans d'autres régions.
Ayant tiré les leçons terribles des deux guerres mondiales, les nations européennes ont déployé leurs efforts pour ne pas voir surgir un proscrit aigri dans le Vieux Monde, pour cela, elles ont serré l'ancien agresseur dans une douce étreinte.
L'attitude de Berlin à l'égard de Moscou s'inscrit dans l'idée européenne suivante: "le rapprochement par l'entrelacement". Malgré les zigzags de la politique russe, le potentiel et le marché de la Russie restent très attrayants. Mais tous n'ont pas la psychologie de la "nouvelle Europe", loin s'en faut. En tout cas, les pays d'Europe centrale et d'Europe de l'Est qui sont pris de panique aux moindres contacts russo-allemands entretenus en dehors d'eux, n'ont pas cette psychologie, pas plus que les Etats-Unis qui n'ont jamais renoncé à leur mentalité stratégique du bon vieux temps.
La Russie ne jouit pas de confiance en Europe et l'axe "Moscou-Berlin" réveille tous les souvenirs désagréables et les soupçons que la Russie puisse y trouver un moyen d'influer sur le reste de l'Europe. Il s'avère que l'Allemagne n'inspire pas non plus une grande confiance.
Dans le modèle européen sont fixées tout aussi bien une garantie de solidité des rapports russo-allemands qu'une restriction. La garantie provient de la mentalité économique de l'élite allemande et de l'influence traditionnellement forte du monde des affaires sur le gouvernement. La restriction consiste en ce que l'Allemagne ne peut pas outrepasser le cadre du système commun de règles et de notions. Tout cela représente une base stable, mais elle ne permet pas d'atteindre un niveau qualitatif nouveau. La dégradation du vieux modèle est si évidente que des changements sont inévitables, il est vrai, pas forcément pour le mieux.
Auteur : Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue "Rossia v globalnoï politike" (La Russie dans la politique globale).
Kommersant
Moscou et New Delhi ont progressé dans le litige sur la modernisation d'un porte-avions
Le principal bilan des négociations qui ont eu lieu jeudi entre le président russe et la présidente indienne au Kremlin s'est traduit par le fait que Moscou et New Delhi ont apparemment progressé dans le litige sur la modernisation du porte-avions Admiral Gorshkov pour les forces navales indiennes. Aucun document n'a été signé à l'issue de la rencontre entre Dmitri Medvedev et Pratibha Patil puisque de nouveaux accords ne doivent être conclus qu'en décembre prochain, lors de la visite à Moscou du premier ministre indien Manmohan Singh qui détient le pouvoir réel, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.
Dans le système politique de l'Inde, le rôle du président est largement cérémoniel, il n'en reste pas moins qu'au cours des négociations d'hier, les parties ont tout de même abordé certains problèmes cruciaux, dont le principal est le sort du croiseur porte-avions lourd Admiral Gorshkov.
Ce croiseur est en voie de modernisation à l'usine Sevmach depuis 2004 sur commande du ministère indien de la Défense.
D'abord, le contrat a été évalué à 750 millions de dollars et 16 chasseurs MiG-29K embarqués devaient coûter autant. En 2012, le porte-avions baptisé Vikramaditya (Tout-Puissant) devait faire partie de la Marine de guerre indienne. Ensuite, Sevmach a annoncé que le coût du contrat devait être augmenté. Selon l'information du quotidien Kommersant, les Russes ont demandé pour le croiseur environ 2,5 milliards de dollars, sans prendre en compte le groupe d'avions. New Delhi s'est prononcé contre la révision des conditions du contrat.
Hier, le directeur de la corporation publique Rostekhnologuii Sergueï Tchemezov et le chef d'Etat-major général des forces armées russes Nikolaï Makarov se sont concertés sur presque tous les détails litigieux et le problème doit être définitivement clos en octobre. D'ailleurs, les sources du journal sont encore assez prudentes dans leurs appréciations. "Les parties n'ont pas arrangé toutes les questions, la signature des documents en octobre n'est pas garantie. Tout doit être prêt pour décembre", estime un interlocuteur proche des négociations.
Les experts attribuent le progrès réalisé aux négociations au fait que l'Inde s'est trouvée, effectivement, dans une impasse. "Si New Delhi renonce aujourd'hui au projet, elle restera sans porte-avions et même la restitution de l'argent par la Russie et le paiement des amendes ne compenseront pas la perte de temps", a déclaré l'expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies Konstantin Makienko. L'achat d'un nouveau porte-avions reviendra plus cher à l'Inde.
Vedomosti
Signes de sortie de crise pour la Russie
L'optimisme sur un début de sortie de crise s'accroît dans le monde. En Russie, ceux qui ont discerné des "pousses vertes" deviennent également de plus en plus nombreux. La dynamique sera différente, mais la nature sera identique en Russie et dans le reste du monde, l'ancien modèle économique commence à revenir aux indices quantitatifs d'avant-crise. Il n'y a pas eu de changements qualitatifs, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.
Les analystes de Renaissance Capital ont publié un rapport spécial intitulé "La Russie après la crise : nous recherchons des pousses vertes dans le jardin". L'optimisme repose, pour l'essentiel, sur les principaux changements positifs des indices d'un mois à l'autre, d'un trimestre à l'autre (bien que, d'une année à l'autre, le tableau reste négatif).
Le signe de l'optimisme, probablement le plus substantiel, est le nouveau pronostic fait par le gouvernement russe en ce qui concerne les prix du pétrole en 2009-2012 (l'accroissement de 3 dollars le baril jusqu'à 57, 59 et 60 dollars, respectivement) avec l'accroissement correspondant des recettes budgétaires. C'est un pronostic conservateur, mais c'est le pétrole (le baril d'Urals coûte aujourd'hui environ 70 dollars) justement qui constitue la principale source d'optimisme russe.
Des mesures anti-crise de stimulation économique se sont avérées efficaces dans le monde. Cependant, la majorité des problèmes posés par la crise n'ont pas encore été réglés, à en juger par la forte dépendance de nombreuses compagnies, banques et de la population vis-à-vis des crédits. L'assainissement n'a pas eu lieu : l'argent créé par des dérivatifs et volatilisé en temps de crise a été remplacé par des fonds budgétaires. Il n'y a pas eu de banqueroutes massives. Les gouvernements ont décidé de durcir le contrôle des marchés financiers. Il en reste qu'il est encore trop tôt pour juger si le résultat est bien systématique et efficace.
La répartition globale des rôles est restée la même. L'Occident consomme, l'Est produit et accumule. Cela étant, l'Occident ne peut plus consommer autant et l'Est n'a pas encore réglé le problème de la réorientation de sa production vers le marché intérieur.
Selon certains experts, en Russie, la crise mondiale s'est superposée à la crise cyclique (d'après le Centre d'analyse macro-économique et de prévisions à court terme), la récession a commencé en juin 2008). Mais les actions du gouvernement russe n'ont été conséquentes ni dans la lutte contre la crise cyclique, ni dans celle contre la crise mondiale. Selon les analystes de Standard & Poor's, la discordance des mesures de la politique économique de la Russie a aggravé la profondeur de la crise et reste l'un des principaux risques sérieux lors de la sortie de crise.
L'économie russe reste basée sur les matières premières, par conséquent, en cas de prix élevé stable du pétrole, les leçons de la crise seront oubliées.
Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.