Revue de la presse russe du 5 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Gaz: Poutine se rend à Ankara pour discuter de l'avenir de South Stream

La rencontre de Vladimir Poutine et de Recep Tayyip Erdogan à Ankara sera consacrée aux questions énergétiques, a annoncé un responsable du gouvernement russe, cité mercredi par le quotidien Vedomosti.

L'accent sera mis sur le gaz, indique la source: "La coopération avec la Turquie dans le domaine gazier sera élargie. Il s'agit du renouvellement de tous les accords concernant l'itinéraire occidental, du développement de la branche de Blue Stream et de la coopération ultérieure dans le cadre de South Stream".

La Russie compte sur la coopération avec la Turquie dans la mise en oeuvre de South Stream, a fait remarquer hier le ministre russe de l'Energie Sergueï Chmatko à la suite de ses négociations avec son homologue turc Taner Yildiz: "Il s'agit d'un projet d'envergure internationale. Nous espérons que "..." avancerons ensemble et coopérerons avec la Turquie" (citations Interfax).

Autre question cruciale pour la Russie: la discussion avec la Turquie des perspectives du concurrent de South Stream, le gazoduc Nabucco, qui devrait livrer le gaz de la région caspienne vers l'Europe en contournant la Russie, affirme Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis.

La Turquie ayant déjà signé l'accord sur Nabucco avec l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie, Moscou pourrait pourtant tenter de gagner Ankara à sa cause en lui offrant de coopérer au projet South Stream. Une des variantes du projet prévoit le passage d'un tronçon du tube via la partie turque de la mer Noire, a souligne en juillet le vice-premier ministre russe Igor Setchine. La Turquie ne semble pas pressée de se joindre à la coalition gazière russe. Les "futures négociations" détermineront le degré de participation du pays à ce projet, a déclaré M.Yildiz.

"Le délai représente un élément primordial des négociations sur South Stream et Nabucco", estime M. Kortchemkine. Les acteurs du projet Nabucco ne signeront les contrats de livraison de gaz via ce pipe-line qu'à la fin de l'année. Si la Russie arrive à obtenir le soutien de la Turquie, cela pourrait freiner la mise en oeuvre de Nabucco, ajoute Mikhaïl Kortchemkine. Nabucco et South Stream étant des concurrents directs, les délais de réalisation des deux projets conditionneront leur statut, indique Adjar Kourtov, expert de l'Institut de recherches stratégiques: "Le gazoduc constitue de fait un instrument géopolitique". La décision d'Ankara dépendra en fin de compte des recettes qu'il pourrait tirer du tel ou tel projet, conclut M.Kortchemkine.

Le gaz ne sera pourtant pas la seule question à l'ordre du jour des négociations. Les parties prévoient de signer un nombre d'accords concernant notamment le pétrole, l'énergie nucléaire et les échanges commerciaux, souligne M.Chmatko. Le nombre exact de documents sera défini d'ici jeudi, annonce une source au sein de la délégation russe: "Il y en aura 6-11 au maximum". Ainsi, la Russie et la Turquie envisagent de signer un accord intergouvernemental de coopération sur le projet d'oléoduc Samsun-Ceyhan et sur la construction d'une centrale nucléaire en Turquie qu'Ankara prévoit d'achever d'ici 2012. La Russie pourrait fournir le pétrole pour le projet Samsun-Ceyhan, a annoncé M. Yildiz.

Le soutien de la Turquie pourrait permettre à la Russie de résoudre les problèmes dans ses relations avec la Bulgarie, estime M.Kourtov. Le nouveau gouvernement bulgare a décrété un moratoire sur tous les grands contrats énergétiques, notamment sur South Stream et l'oléoduc Burgas-Alexandroupolis. La variante proposée du pipe-line Samsun-Ceyhan constitue une alternative au projet Burgas-Alexandroupolis: les négociations avec la Turquie pourraient donc influer sur les positions bulgares, fait remarquer Dmitri Chiriaïev de Finexpertiza. Un des avantages du projet Samsun-Ceyhan réside dans l'utilisation de l'infrastructure déjà existante sur un tronçon de l'itinéraire, résume-t-il.

Rossiïskaïa gazeta

La Russie pourrait acheter un porte-hélicoptères occidental

La presse occidentale a annoncé que les négociations sur la construction par les chantiers navals français de navires porte-hélicoptères pour la flotte russe touchaient à leur fin, lit-on mercredi dans le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

L'idée-même de l'achat de porte-hélicoptères français de classe Mistral a été évoquée par le commandant en chef des forces navales russes Vladimir Vyssotski au cours du salon Evronaval en octobre 2008. Le coût d'un navire se chiffre à 700 millions d'euros. Il est capable d'embarquer 16 hélicoptères, 470 soldats d'infanterie, 70 voitures et 40 chars.

Rossiïskaïa gazeta a été le premier journal à annoncer cette nouvelle à sensation qui n'a cependant pas eu de grand retentissement, car personne ne l'a prise à l'époque au sérieux. En effet, pourquoi la Russie (qui a construit auparavant des porte-avions, des porte-hémiptères et des croiseurs nucléaires), doit-elle investir des centaines de millions d'euros dans l'industrie militaire occidentale en commandant des navires de guerre? Le complexe militaro-industriel russe est-il aussi puissant que l'industrie de défense de l'URSS? Apparemment, non.

La construction du sous-marin nucléaire Iouri Dolgorouki à Severodvinsk traîne en longueur depuis 13 ans, et on ne sait pas toujours au juste quand il entrera en service. Le chantier naval de Saint-Pétersbourg ne parvient pas depuis 12 ans à mener à bien la création d'un sous-marin de type Lada. Ce dernier a été déjà mis à l'eau, mais l'étape finale des tests dure depuis les trois dernières années. Un délai trop long pour un sous-marin ordinaire, n'est-ce pas? Il y a 100 ans, l'empire russe a mis en chantier le Gangout, le plus grand navire de ligne de l'époque. Le vaisseau entièrement équipé est entré en service cinq ans après.

C'est pourquoi, s'il s'agit d'un renouvellement qualitatif du parc des navires de guerre russes, la commande de porte-hélicoptères à l'Occident est aujourd'hui tout à fait justifiée. Les Occidentaux construiront un vaisseau très moderne plus rapidement et moins cher que les Russes. De plus, l'état-major des forces navales russes espère obtenir une licence de construction des porte-hélicoptères prévoyant l'octroi à la partie russe de technologies modernes. Si Moscou atteint ces objectifs, il s'agira d'une véritable renaissance des constructions navales russes. La question se pose de savoir si cela est possible. Il est risqué d'entamer de grands projets coûteux dans un contexte de crise financière. Qui plus est, on ne peut pas être sûr que les compagnies occidentales, ayant bâti un navire moderne pour la Russie, lui transmettront tous les secrets de sa construction. Il est également probable que les chantiers navals russes ne seront pas en mesure d'assimiler ces technologies.

En outre, le porte-hélicoptères constitue un aérodrome flottant, tandis que la Russie manque d'hélicoptères navals modernes. Le meilleur appareil de ce type - le Ka-29 - est âgé de plusieurs décennies, alors que sa fabrication a été arrêtée il y a longtemps. La variante idéale pour ce navire prometteur de débarquement serait l'hélicoptère rapide Ka-92. Malheureusement, ce dernier n'existe que sous forme d'esquisses. Et la réalisation de ce projet coûtera autant que la construction du navire, son délai étant naturellement imprévisible. Bref, le cas similaire pourrait être similaire à celui du Iouri Dolgorouki: il existe sous-marin nucléaire lanceur d'engins qui n'a toujours rien à lancer.

C'est pourquoi l'idée de commander des navires de guerre dans les pays de l'OTAN (la partie russe considère également les chantiers navals néerlandais et espagnols comme des prestataires éventuels) a ses avantages et ses défauts. Et l'initiative ne nuit pas à la sécurité nationale. Au contraire, des commandes militaires aussi importantes ne feront que consolider la confiance mutuelle entre la Russie et l'Alliance.

Selon certaines informations, la situation autour de la commande du porte-hélicoptères pourrait s'éclaircir cet automne. En attendant, les négociations entre les représentants des forces navales russes et les prestataires potentiels occidentaux sont très actives malgré la discrétion des participants.

Kommersant

Russie-Biélorussie: Minsk annonce la fin de la guerre du lait

Le ministère biélorusse de l'Agriculture et de l'Alimentation affirme avoir rempli toutes les exigences de Moscou concernant les livraisons de lait biélorusse en Russie, rapporte ce mercredi le quotidien Kommersant.

Minsk s'attend donc dorénavant à ne plus avoir de problème pour livrer ses produits laitiers sur le marché russe.

Le vice-ministre biélorusse de l'Agriculture et de l'Alimentation, Mikhaïl Saveliev, a déclaré hier que son pays appliquait désormais tous les accords conclus avec le Rospotrebnadzor (Service fédéral russe de veille au respect des droits des consommateurs) concernant les livraisons de produits laitiers biélorusses à la Russie. Les laiteries biélorusses ont déjà obtenu, selon lui, les certificats requis des experts concernant la production prête à être expédiée sur le marché russe. Il s'agit de près de 800 types de produits. La liste des produits laitiers en provenance des entreprises du pays possédant des certificats sanitaires conformes à la nouvelle réglementation technique russe est accessible sur le site du ministère biélorusse de l'Agriculture et de l'Alimentation.

En outre, la délivrance des nouveaux certificats sanitaires par les laboratoires du Rospotrebnadzor sera dorénavant effectuée selon le schéma ordinaire, afin d'éviter à l'avenir les problèmes liés à la fabrication par les laiteries biélorusses de nouveaux types de produits destinés à l'exportation en Russie, ajoute le vice-ministre. "Si nos entreprises arrêtent la production et la livraison de produits sur le marché russe, nous effacerons rapidement de notre site les données concernant ces produits", explique Mikhaïl Saveliev. "Il sera mis à jour régulièrement et complété par de nouvelles informations".

Rappelons que le conflit laitier russo-biélorusse a commencé au début juin. Le Rospotrebnadzor a presque totalement interdit à l'époque les livraisons de produits laitiers biélorusses en Russie. Il a motivé cette décision par le fait que les fournisseurs biélorusses n'avaient pas obtenu de nouveaux certificats sanitaires, conformes à la nouvelle réglementation technique russe. L'embargo a touché quelque 1.500 produits laitiers biélorusses. Les deux parties ne sont parvenues à régler le conflit que le 17 juin: Moscou a formulé ses exigences concernant la documentation des produits laitiers biélorusses, exigences que Minsk a consenti à satisfaire. Ce processus aurait dû s'achever le 1er août au plus tard.

Il est à noter que le médecin hygiéniste en chef de Russie, Guennadi Onichtchenko, avait déclaré dès la fin juillet qu'il n'y aurait aucun problème pour les livraisons de produits laitiers biélorusses en Russie après le 1er août. "Les plus gros volumes de livraison, autrement dit les principaux types de produits livrés et connus sur le marché russe, ont obtenu les certificats requis. Il n'y aura plus d'à-coups dans les livraisons, ni de paralysie", a-t-il affirmé.

Malgré toutes les promesses de Moscou et la déclaration d'hier de Minsk, il ne s'agit pas, selon des observateurs indépendants, d'un "traité de paix", mais d'un "cessez-le-feu temporaire". Ainsi, l'analyste biélorusse Viktor Martinovitch estime que le conflit laitier "fait partie de l'affrontement politique russo-biélorusse". Le meilleur indicateur de la qualité du lait biélorusse, ce seront, selon lui, les prochaines initiatives d'Alexandre Loukachenko. "La partie biélorusse estime, probablement, avoir satisfait toutes les instructions du Rospotrebnadzor, mais si M. Loukachenko ne signe pas l'accord sur la création de la FCDR (Force collective de déploiement rapide), s'il n'accepte pas la direction de l'OTSC et ne reconnaît pas l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, on trouvera dans le lait biélorusse des choses tout à fait inimaginables", conclut M. Martinovitch.

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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