La Géorgie entre la Russie et les Etats-Unis

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Par Gotcha Dzassokhov, président de l'Assemblée des peuples de Géorgie, spécialement pour RIA Novosti
Par Gotcha Dzassokhov, président de l'Assemblée des peuples de Géorgie, spécialement pour RIA Novosti

Aucun autre pays au monde ne dépend davantage des relations entre la Russie et les Etats-Unis que la Géorgie. Qui plus est, la Géorgie d'aujourd'hui est véritablement l'otage de ces relations. J'espère que les dirigeants russe et américain, en établissant leurs relations pour les années à venir, ne considèreront pas la Géorgie comme "l'élément de trop". Il est grand temps que ces deux grandes puissances s'accordent et fassent de l'ensemble de la région caucasienne un exemple pacifique et attractif de synthèse d'intérêts multilatéraux.

Mais nous sommes pour l'instant les témoins d'une situation étrange et injuste : au lieu de sauver le peuple géorgien, on aide un pouvoir en faillite.

Aujourd'hui, tous les peuples de la Géorgie attendent une stabilisation. Ils veulent qu'on entende la voix des gens, qui ne cessent de protester depuis déjà quatre mois. Ils veulent que soit défini l'avenir de l'Etat géorgien et que ce dernier repose sur une politique de paix et l'intégration du pays à la société contemporaine.

Dieu et l'histoire ont confié au sage partenariat de deux grandes puissances la responsabilité de l'avenir de la Géorgie, et le peuple tellement meurtri de ce pays espère qu'elles se montreront dignes de cette confiance.

Si je pouvais poser une question au président américain, je rappellerais en premier lieu à M. Obama les paroles du grand démocrate du XXe siècle que fut John Kennedy (auquel on le compare assez souvent), selon lequel les forts doivent être justes, et les faibles, protégés. Est-il juste de définir la politique de l'Etat géorgien sans prendre en compte l'opinion et les intérêts de tous les peuples du pays ?

En examinant la question géorgienne, les présidents russe et américain ne peuvent éluder le problème de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Je souhaiterais qu'ils tiennent compte aussi du point de vue de l'Assemblée des peuples de Géorgie lors de cette discussion. La position de cette assemblée est la suivante : la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud a considérablement relevé la barre des exigences envers les élites politiques russes. Il est aujourd'hui très important de trouver un équilibre optimal entre la garantie de la sécurité des nouvelles républiques caucasiennes et une configuration politique capable de satisfaire tous les acteurs de la région. La Russie devra s'attaquer très rapidement à la solution globale de ce problème, car la Géorgie ne se résignera certainement pas à ses pertes territoriales et effectuera donc une pression politique, diplomatique, voire même militaire, au travers de pays tiers. Il faut s'y préparer.

La réconciliation exigera des années d'un travail quotidien, méticuleux. Nous avons affaire ici à des mentalités qui ne changeront que très difficilement et très lentement.

Les mesures de réconciliation doivent être élaborées par les organisations sociales des peuples de la Géorgie, de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, avec la participation des couches les plus larges de la population. L'Assemblée des peuples de Géorgie organise et continuera d'organiser des conférences et des consultations, qui devront être suivies d'un référendum. La démocratie réside dans l'autorité de citoyens indépendants. Ce sont les citoyens qui doivent détenir le pouvoir et non un groupe d'individus.

En cas de résultat positif au référendum, on pourra lancer l'étape suivante de réconciliation. Elle prévoit l'activité économique, notamment la mise en oeuvre de projets conjoints dans certains domaines de l'économie, qui seront avantageux pour tous les participants. Ces projets pourraient concerner les secteurs énergétique, agro-industriel, commercial, touristique et des transports. Ils pourraient également stipuler la création d'un espace douanier et monétaire unique.

L'Assemblée des peuples de Géorgie estime que le processus de réconciliation ne pourra démarrer qu'à deux conditions : le changement du régime à l'origine de l'agression et de la guerre fratricide d'août 2008, et le remplacement de la politique extérieure agressive de la Géorgie par une position neutre envers tous ses voisins, fondée sur les principes de l'amitié.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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