Les autorités russes ont décidé de faire avancer l'idée visant à créer une devise supranationale et à faire du rouble russe une monnaie de réserve lors du futur sommet du BRIC qui aura lieu les 16-17 juin à Ekaterinbourg.
La Russie propose de renoncer au système financier unipolaire en donnant naissance à un système nouveau, fondé sur l'interaction de plusieurs centres régionaux. La liste des devises mondiales de réserve doit également s'élargir grâce au rouble, au yuan etc. Si l'on ne parvient pas à diversifier les monnaies de réserve, la Russie propose une autre voie: créer une nouvelle devise supranationale de "super réserve" qui remplacera le dollar honni et dont la production sera du ressort du FMI.
Les raisons d'une telle obstination à revenir sur cette question peu prometteuse restent une véritable énigme. La logique actuelle reste certainement la même que par le passé: si on évoque souvent un sujet, on s'y habitue et on cesse de le considérer comme quelque chose d'extraordinaire. Dans tous les cas, il est beaucoup plus facile de prôner des idées irréalistes pendant une époque de changements globaux. C'est pour les mêmes raisons que les leaders du pays ne se lassent pas d'évoquer l'organisation d'un centre financier international à Moscou.
Ces initiatives ne peuvent être prises au sérieux qu'à une seule condition: les démarches des autorités ne doivent pas contredire leurs projets. Aujourd'hui, c'est tout le contraire qui se produit: le message budgétaire du président vise à priver de sens les accords de non double imposition avec d'autres pays, notamment avec les paradis fiscaux. Les hommes d'affaires russes seront donc obligés soit de se faire "enregistrer" officiellement dans les zones offshore, soit de payer des taxes sur les revenus perçus dans ces régions à des tarifs russes.
Le monde entier entre dernièrement en guerre contre les paradis fiscaux. La Russie ne fait donc que suivre le mouvement et les décisions du sommet de Londres. Son zèle dépasse pourtant même les efforts des Etats-Unis, ennemi numéro un des paradis fiscaux. Toujours actives, ces zones continuent de constituer une partie importante du système financier international. Le durcissement exagéré des règlements pourrait faire de la Russie un endroit encore moins attrayant pour la création d'un centre financier international.
Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.