Magomed Tolboev

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Cet homme serait bien à sa place dans la peau d’un personnage de « La guerre des étoiles », un vrai, à la différence de ceux de George Lucas. « On nous a chargé de mission de subtiliser mine de rien la station orbitale américaine. Je le voyais déjà dans le viseur de mon fusil à impulsions électromagnétiques.
Pilote et spationaute d’essais, il était en 1988 au moment du retour sur terre de la navette soviétique « Bourane » aux commandes d’un MIG-25 équipé de cameras vidéo pour l’examen extérieur du vaisseau pendant l’atterrissage. « Bourane » volait à 5800 km à l’heure, -se souvient-il,- la mienne ne dépassait guère 1680 km. Je montais alors que Bourane descendait et nous devions manœuvrer pour nous retrouver finalement en contact visuel ». Magomet faisait partie d’un premier groupe des pilotes qui s’entraînaient pour prendre place aux commandes de Bourane mais le programme a fait long feu.
S’exposer au danger de lui fait pas peur. Il s’est catapulté plus d’une fois en se cassant tout ce qui pouvait se casse y compris la colonne vertébrale. Il énumère placidement les noms de ses collègues morts en service commandé. Tel s’est noyé en se catapultant en pleine mer, tel autre s’est crashé lors d’un atterrissage avec le moteur coupé. Troisième, quatrième, cinquième. Tolboev se passionne maintenant pour base jumping et adore planer dans les gorges du Daghestan à côté des aigles. Récemment encore il a sauté du haut de la tour de télévision d’Ostankino à Moscou.
Tolboev est en 1951 dans la république caucasienne du Daghestan dans une famille de conducteur de tracteur. Il s’est essayé en politique, dans le parlement fédéral et celui de son Daghestan natal mais a vite compris que la politique n’était pas sa tasse de thé. « Je n’en avais pas besoin. On m’a tout simplement envoyé promener parce que c’était une période très dure au Daghestan qui aurait pu devenir une nouvelle version de Tchétchénie » Mais il n’a pas négligé pour autant ce travail en soutenant une thèse de doctorat d’État sur la problématiques des relations interethniques au Caucase.
Quant à sa femme, une cosaque du Don, elle n »aime pas du tout prendre l’avion. Nous nous sommes partagés les rôles dans la famille. « Moi, je fais le chasseur que ramène la carcasse de mammouth à la maison », dit Magomed. Les Tolboev ont trois enfants mais aucun d’eux n’a choisi le métier de pilote. Ils ont été élevés comme des enfants de ville, c’est-à-dire comme égaux sur lesquels on ne levait jamais la main.
Magomed Tolboev a son franc-parler. Il a blâmé un jour des policiers de Moscou pour leur tenue débraillée et a eu droit à un passage à tabac nonobstant sa carte de pilote de guerre. Finalement, c’est le patron de la police de Moscou qui lui a présenté ses excuses devant les journalistes.
Il regrette qu’il ne peut pas réunir assez d’argent pour réaliser le projet fou « Le toit du monde ». C’est le saut en parachute depuis un aérostat volant à une altitude de 35 km. Dans ces cas, en chute libre, Tolboev pourrait franchir le mur du son.
A la différence de beaucoup de gens dont le métier leur fait risquer la vie, Tolboev ne croit pas du tout aux présages. Il se souvient de ce que disait son grand-père : « Mes enfants, seule le mouton sait ce qui lui adviendra. Il sera tout le temps tondu et finira par être égorgé. Tous les autres doivent s’en remettre à Dieu, prier et espérer ».

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