Sommet Russie-UE de Khabarovsk: le dialogue gazier dans une impasse

S'abonner
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Le problème gazier, gros sujet de discorde entre Moscou et Bruxelles ces derniers temps, a figuré parmi les grands dossiers du sommet Russie-UE, qui s'est tenu les 21 et 22 mai à Khabarovsk, en Extrême-Orient russe. Selon une version trop optimiste, la Russie devrait persuader les dirigeants de l'UE d'élaborer en commun un nouveau cadre juridique global de coopération énergétique pour remplacer la Charte de l'énergie en vigueur. Cependant, environ un mois avant la rencontre de Khabarovsk, il était déjà éclair que l'UE n'y renoncerait pas. A la veille du sommet, l'UE a fait ses propositions à la Russie: un mécanisme d'alerte précoce en cas d'apparition des risques en matière de transit.

La Russie avait proposé à la mi-avril, dans un document intitulé "Conception de la nouvelle base juridique pour la coopération internationale dans la sphère de l'énergie", de revoir les principes du traité (de 1994) sur la Charte de l'énergie (signée en 1991) et de formuler le principe de prévisibilité des fournitures de matières énergétiques. Les propositions russes sont basées sur le fait que la Charte de l'énergie, dans sa version actuelle, et le traité sur la Charte prennent en compte uniquement les intérêts des pays consommateurs de ressources énergétiques et non ceux des pays producteurs.

Mais le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs avait rejeté les propositions russes, lors de son séjour à Moscou fin avril. La position de l'Union européenne se réduit à ceci: la Charte de l'énergie a été signée et ratifiée depuis longtemps par de nombreux pays, par conséquent, il est impossible de la réfuter. Quant à la proposition russe, elle revêt, selon les fonctionnaires européens, un caractère trop général. En outre, l'Union européenne estime que les initiatives russes ne sont pas à même d'assurer la sécurité des consommateurs européens.

Juste à la veille du sommet de Khabarovsk, la discussion sur le problème du gaz entre la Russie et l'UE au cours de la conférence internationale "Dialogue énergétique Russie-Union européenne", qui s'est tenue le 19 mai à Berlin, a dégénéré en dispute. Un représentant de Gazprom a accusé le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs d'incompétence et la Commission européenne, d'inaction au cours du conflit gazier de janvier entre la Russie et l'Ukraine. Les représentants de la Commission européenne ont répliqué qu'avant faire progresser le dialogue énergétique il était nécessaire que la Russie rétablisse la confiance des 27 pays membres de l'Union européenne.

L'UE a également annoncé à Berlin une nouvelle stratégie énergétique prévoyant la réduction de 5% des importations de gaz d'ici à 2020 et l'accroissement de la consommation d'énergie atomique en tant qu'alternative au combustible bleu.

D'ailleurs, l'Union européenne s'apprête à acheter du combustible nucléaire russe pour ses centrales nucléaires. Quant à la consommation de gaz russe, l'UE a l'intention de la conserver au niveau actuel: 300 milliards de m3 par an. En ce qui concerne Gazprom, conformément à sa stratégie, il compte augmenter les livraisons de gaz à l'Europe en les portant à 500 milliards de m3 par an en 2030.

La Commission européenne a préparé pour le sommet UE-Russie ses propres propositions visant à créer un mécanisme d'alerte précoce en cas d'apparition des risques en matière de transit. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso les avait envoyées fin avril aux dirigeants russes. L'idée maîtresse des propositions européennes est d'assurer que les livraisons de gaz à l'Europe fonctionnent sans accroc, quelles que soient les divergences entre les pays producteurs et transitaires de gaz.

Par conséquent, la Russie et l'UE ont élaboré pour la rencontre de Khabarovsk de nouvelles propositions peu conciliables. La Russie a proposé une nouvelle notion visant à remplacer la Charte de l'énergie, l'UE, de son côté, une nouvelle stratégie énergétique et un mécanisme d'alerte précoce qui s'inscrivent dans le prolongement de la Charte de l'énergie. Bref, les participants à la rencontre ne se sont pas mis d'accord.

Lors de la conférence de presse à l'issue du sommet de Khabarovsk, le président russe Dmitri Medvedev a confirmé la position de la Russie sur la nécessité d'élaborer de nouveaux accords de sécurité énergétique qui remplaceraient ceux qui existent aujourd'hui, en ajoutant que la Russie ne participerait pas à la Charte de l'énergie actuellement en vigueur.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a pour sa part déclaré que l'UE étudierait les propositions de la Russie au cours de la révision de la Charte de l'énergie.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала