L'Iran et Israël prêts à en découdre

S'abonner
Par Piotr Gontcharov, pour RIA Novosti
Par Piotr Gontcharov, pour RIA Novosti

A la veille de la Conférence de l'ONU sur le racisme qui s'est tenue à Genève, où le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a qualifié Israël de régime cruel et raciste, provoquant ainsi un scandale international, le Times britannique avait révélé que les forces aériennes israéliennes étaient prêtes à frapper l'Iran et que des avions israéliens étaient prêts à décoller à tout moment pour effectuer des bombardements massifs contre les sites nucléaires de la République Islamique. Ils attendent simplement que l'ordre leur en soit donné.

Il convient d'ajouter, à cette information du journal britannique, celles de sites israéliens, selon lesquelles le premier ministre Benjamin Nétanyahou a rencontré à trois reprises, la semaine dernière, le ministre de la Défense, le chef d'Etat-major général et d'autres responsables militaires israéliens. Le premier ministre, qui assume également les fonctions de commandant en chef, aurait reçu un rapport détaillé sur la préparation d'une frappe contre les ouvrages militaires de l'Iran. Il aurait été "agréablement étonné" d'apprendre que cette "préparation" était bien avancée.

Jusqu'où ces informations sont-elles fiables, et dans quelle mesure la décision d'Israël de bombarder prochainement le "programme nucléaire iranien" est-elle réaliste?

Israël n'a jamais caché qu'il n'admettrait pas que l'Iran atteigne un niveau de technologie nucléaire lui permettant de créer sa bombe atomique. On peut comprendre Israël. Le développement par l'Iran de ses technologies nucléaires s'accompagne régulièrement, comme nous l'avons déjà entendu, de déclarations de Téhéran, selon lesquelles Israël n'a pas le droit d'exister sur la carte politique du monde en tant qu'Etat.

Pour Israël, le programme nucléaire iranien comporte toujours une "ligne rouge" au-delà de laquelle l'Iran devient pour lui, en tant qu'Etat, une menace directe. Selon les experts israéliens et européens, cette "ligne rouge" a toujours été évaluée, outre le niveau des technologies nucléaires, à l'aune du facteur temps. La date qui revient le plus souvent est 2010. C'est pourquoi il est permis de penser que ces informations des médias faisaient allusion à la vérification "planifiée", par le nouveau premier ministre israélien, de la préparation du système de défense du pays à l'élimination de sa menace principale.

Ce scénario est confirmé, entre autres, par le fait que les Etats-Unis et Israël prévoient d'effectuer cette année des manoeuvres de défense antimissile sous le nom de code de "Juniper Cobra". Ces manoeuvres ont été organisées ces cinq dernières années par les forces antiaériennes israéliennes et l'Agence américaine de défense antimissile (MDA). Mais celles de cette année seront les plus complexes et les plus longues. Cela atteste probablement qu'Israël et les Etats-Unis se préparent sérieusement pour l'année 2010, ne serait-ce que sur le plan défensif.

Peut-on éviter un scénario militaire? En ce qui concerne Israël, ce pays "vit sans avoir droit à la défaite". Du moins, c'est ce qu'on pense en Israël. La moindre perte de position est considérée, quasiment, comme la destruction de l'Etat. L'Iran, dans le même temps, ne cache pas ses ambitions de devenir une puissance régionale. S'il réussit à prouver l'inconsistance d'Israël en tant qu'Etat, son objectif sera atteint. Pourquoi ne pas essayer de pousser l'adversaire à aller vers sa défaite? Et a fortiori vers une défaite militaire, en le contraignant à lancer une opération militaire grosse de conséquences inconnues?

Il faut rendre son dû à Téhéran. Les paroles et les actes des dirigeants iraniens actuels ne laissent à Israël aucune chance d'éviter de lancer des bombardements aériens contre le programme nucléaire iranien. Téhéran fait état, avec un esprit de suite enviable, de ses nouveaux succès précisément dans les domaines (nucléaire et balistique) qui suscitent l'inquiétude de l'opinion mondiale quant au "caractère civil" de son programme nucléaire.

En fin de compte, grâce à cet esprit de suite de Téhéran, l'inquiétude cède de plus en plus la place à la certitude que l'Iran crée sa bombe atomique. Ou, en tout cas, à la certitude que l'Iran agit précisément en ce sens. Il n'est que de prendre l'une des dernières déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, selon laquelle l'"immoralité" des pays possédant des technologies nucléaires a contraint l'Iran à devenir un "Etat nucléaire". Des "objectifs purement civils" ne s'inscrivent guère dans une telle logique.

Dans cette confrontation irano-israélienne, on connaît déjà le nom d'un des perdants. Quel que puisse être le scénario qui s'écrira, ce sera Moscou.

Si un conflit éclate, par exemple, aujourd'hui, la Russie sera visée de toutes parts. La communauté européenne et les Etats-Unis lui reprocheront de n'avoir pas su persuader Téhéran de renoncer à son programme d'enrichissement de l'uranium; Israël lui reprochera d'avoir doté d'armes russes l'armée iranienne, et l'Iran lui reprochera de ne pas lui avoir livré les S-300 russes.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала