La réintégration de la France dans l'OTAN

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Par Andreï Fediachine, RIA Novosti
Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

Le président français Nicolas Sarkozy, qui avait entamé l'année dernière sa marche vers l'OTAN, a enfin annoncé quand elle s'achèvera: la France sera complètement réintégrée dans toutes les structures militaires de l'Alliance lors du sommet de l'OTAN, qui se tiendra les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne), à l'occasion du 60e anniversaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. La France y gagnera, selon le président, car il n'est pas bon pour elle de demeurer à l'écart d'un bloc dont font partie presque tous les membres de l'Union européenne. L'OTAN y gagnera aussi, estime-t-il, car la France peut en quelque sorte l'anoblir, l'améliorer et la faire entrer, enfin, dans le 21e siècle.

Aussi étrange que cela puisse paraître, tout, dans les déclarations faites par Nicolas Sarkozy dans son discours prononcé le 11 mars à l'Ecole Militaire (Paris), sonne parfaitement juste. Dans les capitales européennes, on parle depuis longtemps de la nécessité de réformes structurelles de l'Alliance. Et compte tenu de la situation financière mondiale complexe actuelle, de la chute sérieuse de la renommée de Washington, la nécessité de ces réformes acquiert un sens nouveau: les bureaucrates de l'OTAN se sont trop engraissés, leur mentalité géopolitique (héritage de Bush-fils) en étant restée au niveau des années 70-80 du siècle dernier.

Certes, personne n'affirme que les Etats-Unis vont perdre leur rôle prédominant dans l'organisation ou que seule la France soit capable, et à elle seule, de l'entraîner dans le troisième millénaire. Mais tout le monde reconnaît que l'hyperactivité du président français aidera à secouer l'Alliance atlantique.

Un général français (dont le nom n'a pas encore été dévoilé) a, en fait, déjà reçu le poste de chef du Commandement allié pour la transformation (Allied Command Transformation, ACT), créé en 2003 et situé à Norfolk (Virginie), où se trouve la plus grande base navale américaine. Ce commandement est qualifié de "prestigieux" pour la seule raison qu'il est situé aux Etats-Unis et qu'aucun Européen ne l'a jamais dirigé. C'est une sorte de département de concept de l'OTAN qui doit élaborer des méthodes, rechercher des voies et déterminer les objectifs du développement de l'Alliance à long terme, c'est-à-dire la préparer à entrer dans le 21e siècle: si elle y a mis son "pied militaire", son "pied politique" en est encore absent.

En réintégrant la France dans l'OTAN, Nicolas Sarkozy risque certainement de ternir quelque peu la réputation de son pays aux yeux du monde arabe et de l'Afrique. Pour eux, le fait que Paris demeure "en dehors de l'OTAN" a toujours constitué un trait particulier, incomparable, de la politique étrangère de la France. En étant adossé à l'OTAN, Paris, qu'il le veuille ou non, sera privé d'une partie de son indépendance politique, estime-t-on au Proche-Orient et en Afrique. Mais il va sans dire que cela dépend davantage de celui qui tient le gouvernail en France que de l'appartenance ou non de celle-ci au commandement intégré de l'OTAN.

L'orientation pro-atlantique de la France remonte à Georges Pompidou. François Mitterrand était plus atlantiste que Georges Pompidou et Giscard d'Estaing. Quant à Jacques Chirac, le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, il avait presque ramené la France dans la structure intégrée de l'OTAN quand son plan se mit à faire du surplace, lorsque Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, refusa catégoriquement de céder le Commandement Sud de l'OTAN, situé à Naples, à un général français. Un poste qui avait été occupé par un Français jusqu'en 1966.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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