Malgré la crise, les troupes russes seront modernisées: les plans du ministère de la Défense prévoyant des achats importants de matériel militaire et d'armements ultramodernes ont été dévoilés par le général d'armée Vladimir Popovkine, vice-ministre de la Défense.
Le gouvernement russe a, semble-t-il, l'intention de miser effectivement sur le complexe militaro-industriel et d'en faire la locomotive de la relance de l'économie, et avant tout du secteur réel de cette dernière. Malgré les problèmes financiers et la réduction des dépenses budgétaires, l'Etat n'entend pas diminuer les crédits prévus pour l'achat de matériels militaires nouveaux et la modernisation de ceux existants.
Au cours des trois prochaines années, les militaires prévoient de recevoir 70 missiles balistiques intercontinentaux, 30 systèmes de missiles Iskander, 48 avions de combat, 60 hélicoptères, 14 navires, 300 chars, six drones et une grande quantité d'autres types de matériel militaire et d'armements. Cependant, on peut fortement douter du réalisme de tous ces projets.
Les cadences prévues de production de missiles intercontinentaux pour les troupes de missiles stratégiques (RVSN) semblent les plus réalistes : le rythme des livraisons de Topol-M s'est accéléré ces dernières années. Outre les Topol-M, les premiers missiles intercontinentaux RS-24 doivent faire leur apparition dès cette année dans les troupes balistiques stratégiques russes. Par ailleurs, des missiles Sineva sont en cours de fabrication pour les bâtiments lance-engins de la Marine.
Selon les spécialistes, les chiffres concernant la production et la modernisation du matériel pour les troupes terrestres semblent eux aussi réalistes : à condition d'être financée régulièrement, l'industrie peut fournir la quantité nécessaire de chars, de véhicules blindés de combat et de transport de troupes (BMP et BTR) et autres véhicules de combat.
La situation est plus complexe dans les forces aériennes et navales. On pourrait dresser une liste assez longue des projets de fabrication de tel ou tel matériel ultramoderne qui ne se sont pas concrétisés ou dont la réalisation traîne en longueur.
Les forces aériennes russes ne reçoivent pratiquement pas de nouveaux avions: ils leur sont livrés au compte-gouttes. La modernisation du parc existant est lente, ce qui peut entraîner une réduction catastrophique des effectifs des forces aériennes, si des mesures urgentes ne sont pas prises rapidement. De grands espoirs sont fondés sur les chasseurs Su-35 et MiG-35, mais, pour l'instant, ils ne sont qu'au stade des essais.
Il en est de même pour les unités d'aviation qui attendent avec impatience les nouveaux hélicoptères Mi-28N et Ka-52, dont les cadences de production sont loin d'être conformes à celles annoncées.
Le renouvellement de l'arsenal des unités de défense antiaérienne (DCA) s'effectue très lentement: les systèmes S-400, les systèmes modernisés de DCA Bouk, Tor-M1 et autres ne sont pas livrés dans les quantités requises.
Mais c'est la Marine qui se trouve dans la situation la plus difficile, comparativement aux autres Forces armées. Le rythme du renouvellement de ses équipements n'incite guère à l'optimisme: aucun navire de surface de premier rang n'est en chantier pour elle, le nombre des navires de guerre de 2-4 rangs en construction est insignifiant. Qui plus est, une bonne partie des navires de surface construits à l'époque soviétique sera retirée du service au cours des 10 ou 15 ans à venir.
La construction de sous-marins rencontre elle aussi de gros problèmes. Si la fabrication en série de croiseurs sous-marins stratégiques lance-engins a commencé ces dernières années, la situation en ce qui concerne les sous-marins polyvalents, atomiques ou diesel, est bien plus triste : ces 20 prochaines années, la flotte russe perdra environ 30 bâtiments, devenus obsolètes, alors que la mise en service de nouveaux sous-marins au rythme de 1,5 unité par an n'est pas prévue, même dans les projets les plus hardis.
Par conséquent, force est de constater que les projets de rééquipement ne répondent pas toujours aux besoins des forces armées, car même leur réalisation totale ne permettrait pas de combler tous les vides. Et si ces projets ne sont pas mis en oeuvre, cela provoquera l'effondrement de la machine militaire et privera la Russie de sa capacité de défendre ses intérêts par les armes.
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