Russie-OTAN: à la recherche d'un langage commun

S'abonner
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Les rapports entre la Russie et l'OTAN, qui s'étaient détériorés après la guerre des cinq jours dans le Caucase, commencent à reprendre leur cours normal. Les représentants des deux parties ont fait part de leur intention de renouer le dialogue.

On ignore la tournure que vont prendre les relations Russie-OTAN après six mois d'interruption, mais il est d'ores et déjà évident qu'elles ne seront plus les mêmes. Selon certaines sources, "on n'oubliera pas les actions de la Russie en Géorgie", mais la Russie n'oubliera pas non plus, de son côté, les agissements de l'OTAN lors de ce conflit.

Mais il faut bien comprendre que le souvenir de la Géorgie n'est pas le même pour tous.

Au sein de toute une série de pays membres de l'Alliance, notamment ceux qui y ont adhéré récemment, nombreux sont ceux qui continuent à accuser la Russie d'avoir lancé une agression contre la Géorgie. Mais l'OTAN dans son ensemble et ses principaux membres abordent ce problème d'une façon plus pragmatique. Autrement dit, ils considèrent la situation qui s'était créée en août dernier et la réaction de la Russie comme un fait accompli, et s'appuient sur l'idée que la confrontation à outrance ne peut pas régler le problème, qu'elle ne peut que détériorer les relations. Voilà pourquoi ils se bornent à condamner la Russie pour avoir fait un "usage disproportionné de la force" et avoir reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Cependant, la Russie attend de l'OTAN qu'elle réponde à une question évidente: qui était l'agresseur réel ?

Le problème géorgien sera probablement le principal point de contradiction entre la Russie et l'OTAN. Il se peut que l'OTAN exige l'annulation de la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Mais il n'est pas non plus exclu que ce problème ne soit pas soulevé du tout, afin d'éviter les complications.

Outre les conséquences de la guerre des cinq jours, la Russie et l'OTAN devront définir leurs positions sur toute une série d'autres problèmes. Il s'agit, en premier lieu, de l'édification du système de sécurité européenne, et notamment de l'élargissement ultérieur de l'OTAN (en intégrant, avant tout, d'anciennes républiques soviétiques), de l'équilibre des armements conventionnels et de la conclusion d'un nouvel accord pour remplacer le traité FCE (sur les Forces conventionnelles en Europe), que certains pays membres de l'OTAN s'emploient à ne pas appliquer, ce qui a conduit la Russie à décréter un moratoire sur l'application de ce traité.

Parmi les problèmes majeurs à examiner, il faut citer également la sécurité nucléaire, et en particulier le déploiement éventuel de la troisième zone de positionnement du système de défense antimissile américaine en Europe, ainsi que les pourparlers russo-américains sur la réduction des forces nucléaires stratégiques. L'actualité de ce problème apparaît avec d'autant plus de force si l'on tient compte qu'avec la réduction des armements stratégiques, les arsenaux nucléaires des pays européens membres de l'OTAN (France et Grande-Bretagne) commencent à jouer un rôle de plus en plus important dans l'équilibre mondial des forces, et qu'il sera bientôt difficile de maintenir cet équilibre sans régler le problème de la quantité de ces arsenaux.

L'Afghanistan figure également, bien entendu, parmi les problèmes prioritaires des rapports entre la Russie et l'OTAN. Le transit des cargaisons de l'OTAN par la Russie est l'un des principaux axes permettant à l'Alliance de maintenir la capacité de combat de ses troupes sur le territoire de ce pays. C'est pourquoi l'examen des conditions de ce transit, ainsi que la question des bases en Asie centrale feront certainement partie des principaux thèmes de discussion.

Sur ces questions, la Russie et l'OTAN trouveront des points de convergence, mais se heurteront aussi à des contradictions entre elles, qui devront être levées. Il existe aussi des objectifs sur lesquels les deux parties peuvent travailler en commun sans renoncer à leurs intérêts propres ni léser ceux d'autrui.

Nous pensons ici, avant tout, aux missions humanitaires et de maintien de la paix dans plusieurs régions du monde ayant pour objectifs, entre autres, d'assurer la sécurité de la navigation près des côtes de l'Afrique, d'apporter une aide humanitaire, d'offrir une médiation lors des conflits dans certaines régions du monde, de prévenir les accidents impliquant des navires de guerre et l'aviation, etc.

Le règlement commun de ces problèmes permettra à la Russie et à l'OTAN de mieux se comprendre et d'élaborer des mécanismes de prise de décisions qui pourront, au bout du compte, être également efficaces dans des situations plus complexes.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала