Le 10 février est entré dans l'histoire de l'astronautique mondiale. Pour la première fois, deux appareils mis au point par l'homme se sont heurtés dans l'espace. L'un d'entre eux était un satellite américain de télécommunications Iridium, et l'autre, un satellite de télécommunication russe de type Cosmos.
Bien sûr, tout a un début. Mais cette fois-ci, mieux valait tard que tôt. Car cet incident, qui a engendré un nouveau tas de débris spatiaux, nous montre qu'il importe d'adopter des mesures urgentes visant à empêcher l'encombrement des voies spatiales, déjà remplies de détritus.
Rassurez-vous toutefois. A l'heure actuelle, les quelque 600 gros fragments d'anciens satellites flottant dans l'espace ne présentent aucun risque pour l'ISS et les navettes. La collision s'est produite à environ 800 kilomètres d'altitude. Les débris peuvent évoluer à cette orbite pendant des décennies sans aucun risque d'entrer dans les couches denses de l'atmosphère et de s'abattre sur la Terre.
Cependant, certains spécialistes de la NASA estiment qu'à la suite de cette collision, quelques débris pourraient s'être déplacés sur d'autres orbites. Une certaine quantité de détritus spatiaux flottent donc probablement à la même altitude que l'ISS (350 km).
Les satellites de télécommunications sont placés sur des orbites basses, intermédiaires et géostationnaires, c'est-à-dire à 1.000, 10.000 et 36.000 km d'altitude.
Un satellite placé sur une orbite géostationnaire fait une révolution autour de la Terre en 24 heures. Comme la Terre tourne autour de son axe pendant la même période, le satellite semble être immobile sur l'équateur. Le principal avantage de l'orbite géostationnaire réside dans le fait que les antennes des émetteurs radio se trouvant sur Terre n'ont pas à suivre les satellites qui se déplacent en permanence; il suffit de pointer constamment l'antenne sur la position du satellite pendant sa durée d'exploitation. Mais elle a toutefois un grand défaut, à savoir un retard d'un quart de seconde entre l'émission du signal radio par l'un des émetteurs radio sur Terre et sa réception par un autre émetteur, en raison des grandes distances que doit parcourir le signal.
Le principal avantage de l'orbite circumterrestre plus basse réside dans le fait qu'on n'a pas besoin d'un lanceur très puissant pour y mettre un engin. La distance entre un émetteur radio sur Terre et le satellite étant moins longue, les équipements du satellite peuvent être moins puissants. Cependant, les satellites placés sur ce genre d'orbite se déplacent par rapport aux émetteurs sur Terre, d'où la nécessité de disposer d'antennes spéciales et de plusieurs satellites.
Au début des années 1990, le marché de la téléphonie mobile a connu un grand essor. Vers la fin du millénaire, la domination des Etats-Unis s'est confirmée. A l'époque, la compagnie Iridium a déployé une constellation de vingt satellites sur des orbites basses, qui assurait la communication mobile à travers le monde. Le satellite endommagé, qui avait fonctionné pendant presque douze ans, faisait partie de ce système.
Son "collègue" russe appartenait à la nombreuse série soviétique et russe Cosmos, née le 16 mars 1962. La majeure partie des appareils de ce type dessert le ministère de la Défense. Cosmos-2251 (perigée: 783 km, apogée: 821 km, inclinaison: 74 degrés) a été lancé le 16 juin 1993.
Les deux appareils font désormais partie de ces débris spatiaux dont on ne sait que faire.
Selon le dernier rapport trimestriel de la NASA, paru l'automne dernier, 12.851 grands objets artificiels flottent dans l'espace, dont 3.190 satellites en service et hors service et 9.661 étages de lanceurs.
Le nombre de débris spatiaux de 1 à 10 cm de diamètre se monte à plus de 200.000, et celui de pièces de moins de 1 cm peut dépasser des dizaines de millions.
Les débris spatiaux sont essentiellement concentrés à des altitudes comprises entre 850 et 1.500 km au-dessus de la surface terrestre, mais il y en a assez également aux altitudes de vol des vaisseaux spatiaux et de l'ISS.
Pour l'instant, il n'existe que deux moyens plus ou moins efficaces d'empêcher l'amoncellement des débris spatiaux dans l'espace circumterrestre. L'un d'eux consiste à expulser de l'orbite les fragments des lanceurs en utilisant le carburant qui reste à leur bord. Le second consiste à placer les engins spatiaux en fin de vie sur des orbites plus élevées. Selon les spécialistes, ces appareils pourraient évoluer sur ces orbites pendant deux siècles et plus.
Un accord international en gestation portant sur l'interdiction de détruire les satellites en orbite devra contribuer à la purification de l'espace circumterrestre. Début février, Alexandre Boïartchouk, directeur scientifique de l'Institut d'astronomie de l'Académie russe des sciences, a fait savoir que le travail destiné à interdire la destruction des satellites, et par suite à éviter l'entassement des débris spatiaux, était en cours.
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