"Quant à la déclaration de Biden sur l'ABM, c'est sans doute une preuve de prudence, car les Etats-Unis ne peuvent pas renoncer à l'ABM en Europe du jour au lendemain, sinon ils risquent de perdre la face", a estimé le spécialiste des problèmes internationaux.
La précédente administration américaine envisageait de déployer des éléments du système ABM en Europe, comprenant un radar en République tchèque et dix missiles intercepteurs en Pologne. Le premier de ces missiles devrait être opérationnel en 2011, les autres d'ici 2013. Selon Washington, le système a pour mission de contrer la menace balistique émanant d'Iran. La Russie s'oppose catégoriquement au déploiement de la troisième zone de positionnement du bouclier antimissile américain en Europe, à proximité de ses frontières, et qualifie cette démarche d'atteinte à sa sécurité nationale.
Selon M.Malguine, "quoi qu'il arrive, le déploiement du système ABM serait désormais beaucoup plus lent que sous l'administration républicaine de George W. Bush".
Le président de la fondation Nouvelle Eurasie Andreï Kortounov a émis un point de vue similaire.
"Les Etats-Unis ne peuvent pas renoncer ouvertement au projet de bouclier antimissile en Europe, car cela pourrait compromettre leur crédibilité auprès de leurs partenaires européens", a-t-il estimé.
"Mais si la Russie et les Etats-Unis réussissent à trouver une solution au problème iranien et à persuader Téhéran de renoncer à son programme nucléaire, l'ABM sera tout simplement inutile", a indiqué M. Kortounov.
Les deux experts russes estiment que le discours de Biden témoigne du désir de Washington de "rénover" ses relations avec Moscou.
Le vice-président américain a parlé du "redémarrage" du moteur russo-américain.
"Le moment est venu d'appuyer sur le bouton de redémarrage et de réexaminer les nombreux domaines dans lesquels nous pouvons et devrions travailler ensemble", a-t-il déclaré.
Pour sa part, le vice-premier ministre russe Sergueï Ivanov a positivement évalué cette déclaration de M.Biden.