George Mitchell, émissaire spécial américain pour le Proche-Orient, a entamé son premier voyage dans la région. Au cours de sa tournée, M. Mitchell visitera Israël et Ramallah, capitale administrative de la Palestine contrôlée par Mahmoud Abbas. Il se rendra également en Egypte, en Jordanie, en Arabie Saoudite et fera escale dans deux capitales européennes, Paris et Londres, qui sont, ces derniers temps, les joueurs les plus actifs dans le règlement de la crise au Proche-Orient. Pour que sa visite soit complète, il ne reste qu'à se rendre à Moscou et à rencontrer les représentants du Hamas (pour l'instant, George Mitchell ignore ouvertement Gaza où le pouvoir appartient à ce mouvement). En ce qui concerne la capitale russe, il est peu probable qu'elle soit intentionnellement rayée de la liste des villes à visiter, mais cela signifie alors que les Etats-Unis refusent de considérer Moscou comme un des partenaires prioritaires sur les problèmes proche-orientaux.
La nouvelle administration américaine se trouve devant un difficile dilemme: traiter - ou non - avec le Hamas. L'administration Bush avait ostensiblement désavoué le Hamas après la victoire remportée par ce mouvement aux élections législatives en 2006, en exacerbant considérablement la tension dans les rapports interpalestiniens. En fin de compte, cela provoqua la rupture totale entre le Hamas et le Fatah, entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. L'attitude de Barack Obama est encore incertaine.
"L'Amérique tient à la sécurité d'Israël, elle soutiendra toujours son droit à l'autodéfense", a déclaré Barack Obama, en rappelant que le Hamas avait tiré, depuis de nombreuses années, des roquettes sur les citoyens innocents d'Israël. Il a énuméré ensuite les exigences habituellement avancées aux islamistes: renoncer à la violence, reconnaître le droit d'Israël à l'existence et tous les accords de paix palestino-israéliens intervenus antérieurement. Les exigences formulées aux Israéliens sont suivantes: retirer les troupes de la bande de Gaza et ouvrir les postes de passage entre la bande et le monde extérieur. En outre, Barack Obama a annoncé son soutien au gouvernement dirigé par Mahmoud Abbas.
Ces propos ont certainement suscité immédiatement une réaction négative du Hamas. Barack Obama ne se distingue en rien de George W. Bush, ont résumé les islamistes. Cette conclusion est juste, mais, peut-être, un peu hâtive. Le jour du départ de son émissaire, Barack Obama a accordé sa première interview à une télévision étrangère à la chaîne arabe Al-Arabiya. Le nouveau président américain a dit dépêcher son émissaire George Mitchell au Proche-Orient avec pour consigne de "commencer par écouter" et de lui rendre compte de la situation. Selon lui, les Etats-Unis commencent trop souvent par dicter les choses dans les affaires internationales.
En ce qui concerne le Proche-Orient, il convient de signaler que, si Barack Obama voulait trouver un homme sachant écouter, le sénateur George Mitchell est le meilleur choix possible. Il connaît le Proche-Orient non pas par ouï-dire. En 2001, il était artisan d'un plan de réconciliation des parties qui fut ensuite revu et inclus, avec d'autres initiatives de paix, dans la feuille de route du règlement palestino-israélien. Ce plan fut approuvé, pour l'essentiel, par les deux parties engagées dans le conflit, mais de même que les autres propositions en ce sens, il n'a toujours pas été mis en oeuvre.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.