Revue de la presse russe du 11 janvier

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Moskovski komsomolets/ Vedomosti/Kommersant

Russie-Ukraine: la guerre du gaz continue

L'année 2009 a commencé en Russie par une nouvelle guerre du gaz, qui a atteint cette fois une ampleur sans précédent: non seulement les livraisons de gaz russe en Ukraine ont été coupées, mais aussi le transit vers l'UE via le territoire ukrainien a été suspendu, lit-on dimanche dans les quotidiens Moskovski komsomolets, Vedomosti et Kommersant.

Voici le bilan de la campagne: l'Ukraine est privée de gaz, la Russie est sans transit, et les deux pays perdent la face devant une Europe qui grelotte de froid. Pour les Européens, peu importe qui est responsable de cette crise.

Selon le quotidien Moskovski komsomolets, la situation ressemble dans une certaine mesure au conflit en Ossétie du Sud: les dirigeants de l'ancienne république soviétique tentent de prouver que c'est la faute à "l'ours russe". Sans aller au fond du litige commercial et de l'histoire des relations compliquées entre Gazprom et ses partenaires ukrainiens, les médias internationaux prennent automatiquement le parti du pays moins fort et, tout comme lors de la guerre en Géorgie, imputent à la Russie toute la responsabilité de la crise. Moscou veut punir Kiev pour son soutien de Tbilissi ainsi que pour sa volonté d'adhérer à l'OTAN et à l'Union européenne: telle est la thèse principale de la plupart des articles consacrés à ce sujet, remarque le journal Vedomosti.

Le président de la Fondation pour une politique efficace Gleb Pavlovski indique que "l'Europe n'a aucune envie d'entrer dans les détails de notre politique". "Moscou sous-estime le fait que l'Europe considère l'Ukraine comme une zone d'influence russe. "Et si c'est vraiment le cas, pourquoi diable avons-nous froid?", pensent les Européens. Gazprom espérait que ses partenaires européens contrôleraient le transit du gaz, mais l'arrivée des observateurs de l'UE transformera l'Ukraine en une zone d'influence de Bruxelles. Et c'est exactement ce que voulait obtenir le président Iouchtchenko... L'Ukraine ne peut pas ne pas voler du gaz tout comme les pirates somaliens ne peuvent pas ne pas capturer des navires. C'est pourquoi la faute sera toujours imputée à la Russie", a souligné l'analyste.

Cette nouvelle crise gazière, à laquelle le premier ministre russe Vladimir Poutine a pour la première fois ouvertement participé, s'est soldée par un changement crucial de la position de l'Union européenne. Ces membres ont agi d'une manière consolidée, ce qui risque de réduire considérablement les possibilités de la Russie de jouer sur les contradictions entre les pays de l'UE en mettant en oeuvre sa stratégie énergétique en Europe, fait remarquer le Kommersant.

Vedomosti

Guerre du gaz: tout le monde y trouve son compte

C'est déjà la quatrième fois que le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine accompagne les fêtes de fin d'année, se convertissant ainsi en une "partie intégrante" des festivités, indique dimanche le quotidien Vedomosti.

Ce différend risque de s'éterniser à moins que les Européens ne finissent par trouver une alternative au gaz russe. Car ce conflit rapporte trop de dividendes à ses participants.

Les protestations des automobilistes et des mineurs, des retraités et même des militaires russes qui ont eu lieu fin décembre ont tout naturellement suscité chez les autorités la volonté de détourner l'attention de la population des problèmes intérieurs pour les focaliser sur un conflit extérieur. L'Ukraine, qui n'en fait qu'à sa tête et refuse de payer le gaz, en le siphonnant sans le moindre scrupule, constitue un exutoire parfait pour l'angoisse et le mécontentement de la population russe.

Les sujets concernant la baisse du cours du rouble, la croissance des prix des denrées alimentaires et des transports, ainsi que les licenciements massifs et d'autres problèmes ont complètement disparu du petit écran depuis fin décembre. Des concerts de fête n'étaient interrompus que par des reportages sur les Européens grelottant de froid par la faute de l'Ukraine.

Or, ce conflit s'avère être encore plus avantageux pour les autorités ukrainiennes. La prochaine élection présidentielle étant prévue dans un an, le conflit avec Gazprom fait le jeu de tous les candidats potentiels, quels que soient leurs plates-formes et leurs programmes électoraux. Il est en effet plus agréable de s'indigner à haute voix des "manigances" de Moscou que d'expliquer à la population pourquoi l'inflation réelle a dépassé les 20%, le cours de la hryvnia a chuté de moitié et des centaines de milliers de personnes ont été licenciées. Tout en représentant un bon exutoire, le conflit gazier offre en outre aux politiciens la chance de passer pour des patriotes inflexibles pour lesquels il est plus important de défendre l'indépendance nationale que de rechercher un compromis avec le monopole gazier russe.

Ce conflit profite même à Gazprom: l'idée de prendre le contrôle du gazoduc de transit passant par le territoire ukrainien ne semble pas si irréalisable que ça, si l'on prend en compte la situation pré-électorale et le chaos politique et économique général qui règne dans le pays. C'est un moment idéal pour le marchandage. A propos, lorsque Gazprom avait pour la première fois fermé les vannes, il y a trois ans, il avait réussi à obtenir l'accès au marché gazier ukrainien.

Vedomosti

Vacances en Russie: un moyen d'oublier la crise

Les vacances de Nouvel An prolongées ont reçu cette année un aspect supplémentaire: ayant presque gardé le niveau habituel de consommation, les Russes ont eu la possibilité de se distraire de la crise économique, dont les répercussions étaient encore à venir, et de célébrer la fête "comme il faut", lit-on dimanche dans le quotidien Vedomosti.

La plupart des Russes sont entrés en 2009 sans avoir réellement senti les conséquences de la crise. De longues vacances créent dans cette situation l'effet d'une fuite de la réalité.

Les sondages de décembre ont montré que le niveau de confiance des consommateurs russes était en baisse et que les gens commençaient à économiser leur argent. Les dépenses des fêtes se sont sans doute réduites, mais pas très considérablement et en général grâce à la réorientation vers des services moins chers. Ainsi, les agences de voyage ont fait remarquer une chute de la demande des destinations couteuses et une hausse de la demande de certaines offres de voyage bon marché.

De nombreuses personnes sont restées en Russie et se sont consacrées, entre autres, à une consommation excessive d'alcool et à d'autres activités extrêmes.

Ces longues vacances (du 1er au 10 janvier) sont en fait une chose assez dangereuse. Selon les données statistiques, le Nouvel An en Russie se solde par une augmentation considérable du niveau de la mortalité à cause de l'intoxication à l'alcool, des maladies cardiaques (dues d'habitude à l'alcool), des incendies et des accidents.

La Douma (chambre basse du parlement russe) a examiné en décembre dernier des propositions de réduire les vacances d'hiver au profit d'autres mois, mais y a toutefois renoncé, un des arguments contre cette idée étant la nécessité de stabilité dans les conditions de la crise.

En outre, les Russes commencent eux-aussi à sentir une certaine préoccupation: selon les données du sondage effectué par le site SuperJob.ru, 57% des citoyens se réjouissent des longues vacances, tandis que 25% estiment qu'un tel repos perturbe le rythme de travail.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала