UE: les présidents passent, les problèmes restent

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Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

L'Europe n'a pas l'habitude de remplacer brusquement un euromilitant par un eurosceptique. Mais c'est précisément ce qui arrive aujourd'hui. Le 1er janvier 2009, le président tchèque, Vaclav Klaus - qui critique ouvertement de nombreux aspects de la politique de Bruxelles - est devenu le nouveau président du Conseil de l'Europe, en remplaçant à ce poste l'hyperactif Nicolas Sarkozy.

Il faut reconnaître que Sarkozy a été un bon président pour l'Europe. Etant donné les derniers événements, personne ne sait ce qu'elle serait devenue sans l'incroyable énergie de Sarkozy. C'est lui qui a dans une grande mesure contribué à organiser les nombreuses rencontres européennes et mondiales portant sur les mesures à prendre en vue de surmonter la crise économique et financière mondiale. Grâce à lui, l'UE a cessé de parler à l'unisson avec Washington; en outre, l'Europe a réussi à adopter des documents concernant la réduction des émissions nocives. Le président français a également beaucoup contribué à apaiser le conflit dans le Caucase et à relancer le dialogue entre l'Union européenne et la Russie. Sans lui, l'Irlande n'aurait sans doute pas accepté aussi vite d'organiser un nouveau référendum sur le traité de Lisbonne.

L'année 2009 prépare, semble-t-il, de nouvelles surprises pour l'Europe. Selon tous les pronostics, la crise s'approfondira davantage, ce qui entraînera de nouveaux problèmes pour tout le monde. Les capitales européennes sont toujours préoccupées par la situation en Grèce, où la gauche, les anarchistes, les radicaux et d'autres ont organisé des protestations auxquelles s'est joint l'ensemble du pays. Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy a brusquement décidé, fin décembre, de reporter la réforme de la seconde, qui prévoyait d'économiser les moyens budgétaires, ce qui risquait de susciter le mécontentement de la jeunesse. Or, la révolte des étudiants aurait pu entraîner celle des immigrés, ce qui n'est pas du tout souhaitable à l'approche des fêtes de fin d'année.

Cependant, ces problèmes sont à attendre avec l'approfondissement de la crise. La République tchèque assurera la présidence de l'UE sous la devise "Une Europe sans barrières", laquelle irrite déjà la "Vieille Europe" car elle prévoit la levée de toutes les restrictions sur les marchés de la main-d'oeuvre pour les nouveaux membres. La France, elle, avait pour devise "Pour une Europe plus protectrice", ce qui supposait la protection du modèle social et économique de l'Union européenne contre une mondialisation incontrôlée. Avant la crise, ces deux devises ne semblaient pas se contredire.

Les manifestations des anarchistes grecs marquent probablement le début d'une conversion à gauche de l'Europe. Lorsque les conservateurs de droite et adeptes du marché comme par exemple Nicolas Sarkozy, Angela Merkel ou Silvio Berlusconi, évoquent la régulation du marché et l'intervention de l'Etat, la nationalisation des banques et la protection de l'industrie nationale, cela commence à sentir la théorie marxiste.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.
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