L'OPEP du gaz : aucune manipulation des prix

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Par Vlad Grinkevitch, RIA Novosti
Par Vlad Grinkevitch, RIA Novosti

L'ère du gaz bon marché se termine, a déclaré mardi le premier ministre russe Vladimir Poutine en inaugurant le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), mais il est peu probable que la prévision du gouvernement russe devienne prochainement réalité. Certes, l'adoption des statuts a fait du FPEG une organisation officielle, mais le nouveau cartel n'a pas reçu de mécanismes lui permettant de réglementer les prix du gaz à l'instar de l'OPEP qui réglemente les prix de l'"or noir", car, les statuts du FPEG stipulent qu'il ne fixera pas les quotas d'extraction de "combustible bleu".

Le forum pétrolier qui regroupe 16 pays existe depuis 2001, mais il n'était jusque-là qu'un club à discussions: ses membres n'étaient pas liés par de stricts engagements et ne se réunissaient que pour débattre des problèmes urgents du secteur. La création d'un cartel capable de réglementer les prix mondiaux du gaz était le sujet débattu depuis longtemps, mais, tant que les prix du combustible naturel ne cessaient de monter, les exportateurs de gaz préféraient ne pas se lier par des engagements formels et se bornaient aux consultations dans le cadre de forums annuels qui n'engageaient à rien. La crise économique a obligé les exportateurs à s'entendre sur les actions communes.

Fin octobre, une nouvelle sensation est parvenue de Téhéran : trois pays - la Russie, l'Iran et le Qatar - qui possèdent plus de 60% de réserves mondiales de gaz naturel se sont entendus, semblait-il, de créer la fameuse OPEP du gaz. Mais l'explication ne tarda pas : la Russie, l'Iran et le Qatar envisageaient de créer une "grande troïka gazière" (OPEP du gaz), mais la signature des statuts du FPEG aurait lieu en novembre à Moscou.

A présent, les statuts sont signés, leur texte n'a pas encore été publié, mais, selon le ministre russe de l'Energie Sergueï Chmatko, il ne mentionne nullement les quotas d'extraction et ne parle que des modalités de coopération avec les pays consommateurs de gaz, de l'organisation du travail commun dans le domaine du gaz naturel liquéfié et de l'échange d'informations sur l'application des programmes d'investissement.

D'ailleurs, la création de la "grande troïka gazière" reste à l'ordre du jour. Il est vrai, pour l'instant, la création de cette structure est impossible en raison des contradictions trop grandes entre ses membres potentiels. Par exemple, l'Iran insiste pour que le cartel gazier fonctionne à l'instar de l'OPEP, c'est-à-dire pour qu'il fixe les quotas d'extraction du gaz en contribuant ainsi à la hausse des prix du combustible. En principe, il est très difficile de l'obtenir, car le marché mondial unique du gaz n'existe pas, à la différente du marché du pétrole. Qui plus est, Moscou n'apprécie pas la position de l'Iran. La Russie préfère considérer le cartel gazier comme une structure s'occupant de projets communs, de la création, entre autres, de réseaux de transport du gaz. Rien d'étonnant, car Gazprom s'est chargé de livrer du gaz en Europe au cours de 10, même de 30 ans et il envisage le transit du gaz centrasiatique vers l'Europe via la Russie, et pas en la contournant, par exemple, par le fond de la Caspienne ou par l'Iran. Le Qatar, troisième membre potentiel de l'OPEP du gaz, ne fait qu'élaborer ses projets gaziers qui prévoient tous les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à Europe. S'il se met à les limiter en vue de monter les prix, sa place sera rapidement occupée par des concurrents.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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