LE REUNIFICATEUR. A LA MÉMOIRE D’ALEXIS II

S'abonner
La Russie et le monde font ces jours-ci leurs adieux au primat de l’orthodoxie russe. Vrai chrétien, fin politicien, serviteur fidèle du Christ, il est décédé le 5 décembre à l’âge de 79 ans à Pérédelkino, sa résidence des environs de Moscou est difficile de surestimer aujourd’hui la valeur d’Alexis II pour le devenir de l’orthodoxie mondiale. Nous vous proposons le récit d’une partie des grands événements qui se sont produits au cours du patriarcat d’Alexis II non seulement dans l’Eglise orthodoxe russe, mais aussi dans toute la société russe.
- « L’amour prime la loi, la grâce prime la justice »- Alexis II est resté fidèle à cette sagesse pendant toute sa vie.
Il a pris la tête de l’orthodoxie russe au moment le plus difficile : en près de 8O ans du pouvoir soviétique la vie ecclésiastique a failli s’éteindre dans la société russe. De nombreux monastères et églises ont été rasés, l’enseignement théologique a pratiquement été perdu, de nombreuses églises ont été profanées….
En 199O, quand Alexis II a pris la tête de l’Eglise orthodoxe russe, beaucoup pensaient que son patriarcat serait nominal, fort peu croyaient que les pouvoirs athéistes permettront de rendre la foi au peuple :

Il fallait faire entrer l’Eglise dans le XXIe siècle, et j’ai senti la grande responsabilité, qui incombe au Patriarche, au chef de l’Eglise orthodoxe russe pour l’avenir de l’église, a avoué Alexis II dans une interview.
Le primat de l’Eglise orthodoxe russe a fait tout son possible et parfois même l’impossible pour faire renaitre la spiritualité russe et la religion orthodoxe, pour renforcer les positions de l’orthodoxie mondiale.
- « Dieu est bienveillant envers la Russie et l’aide », répétait souvent Alexis II. C’est dans la grâce de Dieu qu’il voyait la renaissance de l’orthodoxie russe, la restitution de ses choses sacrées :
-
Au cours de cette période nous avons vu beaucoup de grâces de Dieu, quand ont été recouvrées les reliques de Sérafim de Sarov, restituées les reliques d’Alexandre Nevski, récupéré l’icône de la Vierge de Tikhvin, qui se trouvait pendant 6O ans à l’étranger, en dehors de notre Patrie. Dieu aime la Russie et attend qu’elle lui rende cet amour. Si notre peuple ne trouve pas le chemin de Dieu, il ne retrouvera ni le repos, ni le bonheur, ni la prospérité.
La réunification de l’Eglise orthodoxe russe et de l’église orthodoxe russe de l’étranger est un des plus grands mérites du Patriarche.
Le 17 mai 2OO7 a été signé l’Acte de communion canonique des églises. L’histoire a ouvert un chapitre nouveau pour l’orthodoxie russe :


Nous avons surmonté la division, provoquée par des causes politiques, en premier lieu, la révolution de 1917 et la guerre civile qui l’a suivie. Nous nous réjouissons de la réunification, ayant guéri la plaie qui saignait pendant plus de 80 ans.
Le nom d’Alexis II est bien connu en Russie, mais aussi à l’étranger. Il a été le premier patriarche de l’Orthodoxie russe à avoir l’honneur de monter à la tribune de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. Dans son intervention le Supérieur de l’Eglise orthodoxe russe a appelé les Européens à retrouver leurs origines chrétiennes, leurs valeurs religieuses et spirituelles :

C’est avec regret qu’on doit constater que les traditions chrétiennes de l’Europe sont vouées à l’oubli, et des fois sont bafouées. C’est précisément en Europe qu’on perçoit vivement la tentative d’imposer à la société un mode de vie et de pensée séculier, d’évincer la religion et la foi sur le bord de la route. Je crois de l’interaction de nos églises est enrichie du fait de la coïncidence des positions sur de nombreux sujets d’actualité : globalisation, rôle de la religion dans la société, droits et qualités de l’individu, valeurs familiales, démographie, bioéthique et bien d’autres.
Le rapport du Supérieur de l’Eglise orthodoxe russe a suscité bien des controverses. L’Eglise russe cherche à s’immiscer dans les affaires étatiques, disaient les uns. L’orthodoxie aspire à mettre la main sur l’Europe, étaient persuadés les autres. Pour Alexis II une chose était claire – la dimension morale des chrétiens est de nature à garantir l’avenir du monde :

Pour garder l’identité culturelle européenne, surtout lorsqu’elle est en contact avec d’autres civilisations et standards culturels, il importe extrêmement de conserver la dimension morale qui inspire et anoblit les Européens. Ou du moins on ne doit pas prendre appui sur l’Etat pour propager et encourager tout ce qui affaiblit les bases morales de la société. Le refus de donner une évaluation morale aux actes de l’homme, du pouvoir et du peuple rend beaucoup de problèmes sociaux insolubles.
La paix sur la planète est inconcevable sans une paix entre les religions. C’est précisément au cours du patriarcat d’Alexis II que le dialogue entre les confessions en Russie s’est affermi. Plus d’une fois le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies s’est rencontré avec les chefs des religions du monde :

Les croyants ont à assumer de nos jours une énorme responsabilité et une mission tout aussi délicate de témoigner de leur foi. On ne peut que se réjouir qu’en cela les catholiques et les orthodoxes peuvent conjuguer leurs efforts. Nous pouvons et devons affirmer ensemble les valeurs chrétiennes et les défendre contre la profanation et l’outrage.
Aujourd’hui on compare le patriarcat d’Alexis II à « l’Âge d’or de l’Orthodoxie russe ». Lui-même était certain qu’il était témoin du Second baptême de la Russie :

Nous appelons notre temps le Second Baptême de la Russie. La première évangélisation a été faite par le Grand prince Vladimir. La renaissance de la vie spirituelle, monastique, paroissiale a commencé l’année de la célébration du millénaire de la christianisation de la Russie.
Aujourd’hui, après la mort de son patriarche, l’Orthodoxie russe entame une nouvelle étape de son histoire. Elle l’entame avec une Eglise ressuscitée, forte, et solide.




Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала