Un Iran nucléaire: quelles perspectives pour la Russie? (Kommersant)

S'abonner
MOSCOU, 4 décembre - RIA Novosti. Le monde n'est pas encore conscient du fait que malgré la pression internationale, l'Iran est sur le point de rejoindre le club des puissances nucléaires de fait, déjà composé d'Israël, de l'Inde et du Pakistan, lit-on jeudi dans le quotidien Kommersant.

Les discussions visant à savoir s'il était possible d'interrompre le programme nucléaire iranien au moyen de sanctions de l'ONU plus dures sont désormais vaines. Heureusement, la Russie, qui n'a besoin ni des têtes nucléaires iraniennes ni d'une guerre au Proche-Orient à proximité de ses frontières, est parvenue au cours de la crise nucléaire iranienne à ne pas détériorer ses relations ni avec Téhéran, ni avec Tel-Aviv, ni avec Washington. Il n'est pas exclu que Moscou soit encore en mesure de jouer le rôle de médiateur entre ces parties.

Un Iran nucléaire sera aussi bien protégé que la Corée du Nord contre la "démocratisation" et aura une influence sur ses voisins comparable à celle de l'Inde. Conscient de cette réalité inévitable, Barack Obama essayera d'établir un dialogue avec l'Iran et la Syrie, notamment dans le cadre d'une "coopération constructive" sur l'Irak. C'est Israël qui devra payer les pots cassés de ce revirement politique, ce dont les dirigeants de l'Etat hébreu pourraient se douter en potassant l'histoire des relations américano-israéliennes. Quant au monde arabe, qui espérait secrètement que l'attaque américano-israélienne contre l'Iran affaiblirait ce pays pour des décennies, il devra se résigner à l'apparition d'une nouvelle superpuissance régionale.

Il serait erroné de penser que ces futurs changements feront le jeu de la Russie. Il ne s'agit pas uniquement de l'échec du régime actuel de non-prolifération. En cas de règlement du différend américano-iranien, les hydrocarbures de la mer Caspienne parviendront sur le marché mondial en contournant les pipelines russes, ce qui constitue un des objectifs stratégiques du monde occidental depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Cela détériorera les relations entre la Russie et l'Iran, mais améliorera grandement les rapports de la République islamique avec l'Union européenne et les Etats-Unis. Ayons à l'esprit que les divergences entre Moscou et Téhéran sur le statut de la mer Caspienne se nourrissent du souvenir tenace des Iraniens, qui n'ont pas oublié que durant toute la période historique comprise entre Pierre le Grand et Staline, l'armée russe tenait sous sa houlette le littoral sud de la Caspienne.

Par Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала