Il y a cinq ans, la "révolution des roses" en Géorgie (APERÇU)

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TBILISSI, 23 novembre - RIA Novosti. La Géorgie célèbre dimanche le 5e anniversaire de la "révolution des roses" qui a poussé le président Edouard Chevardnadze à la démission en faveur de Mikhaïl Saakachvili.

A cette occasion, la capitale géorgienne attend l'arrivée de plusieurs délégations étrangères, tandis que plus de 12.000 prisonniers doivent être amnistiés.

Un mouvement révolutionnaire a éclaté en Géorgie au lendemain des élections législatives du 2 novembre 2003 quand les forces de l'opposition dirigées par le trio Mikhaïl Saakachvili - Nino Bourdjanadze - Zourab Jvania sont descendues dans la rue pour dénoncer des fraudes et réclamer l'annulation du scrutin. Quelques jours plus tard, ces revendications ont dégénéré en appels à la démission d'Edouard Chevardnadze.

Les manifestations ont atteint leur apogée le 22 novembre, quand le nouveau parlement géorgien, dont la légitimité a été mise en doute, s'est réuni pour sa première séance. Ce jour-là, des opposants menés par Mikhaïl Saakachvili, roses à la main, ont fait irruption dans le siège du parlement et interrompu l'allocution d'Edouard Chevardnadze, qui a fui l'hémicycle.

Le lendemain, le président géorgien a accepté de démissionner sur fond de manifestations ininterrompues, décision acclamée par plus de 100.000 manifestants dans les rues de Tbilissi.

Mikhaïl Saakachvili a remporté l'élection présidentielle extraordinaire, avec près de 85% des voix, prenant les rênes d'une Géorgie économiquement affaiblie, plongée dans la corruption et incapable de rétablir son intégrité territoriale. Le nouveau président s'est engagé à respecter les droits de l'homme, à lutter contre la corruption, à imposer la primauté de la loi et surtout à faire revenir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud séparatistes dans le giron de Tbilissi.

Il n'empêche que les slogans de la "révolution des roses" n'ont jamais été réalisés. Le programme des réformes démocratiques promis par l'équipe Saakachvili est tombé dans l'oubli, la situation économique a empiré, et la corruption reste omniprésente dans l'administration géorgienne.

Nombreux sont les experts qui accusent Mikhaïl Saakachvili de bafouer la démocratie en Géorgie où il n'existe aucune chaîne de télévision indépendante, où la presse écrite subit de fortes pressions de la part des autorités et où les manifestations sont strictement réglementées.

En témoigne la répression violente d'un rassemblement de l'opposition à Tbilissi, le 7 novembre 2007, qui a fait près de 600 blessés. Cette manifestation a poussé Mikhaïl Saakachvili à fixer une élection présidentielle anticipée pour le 5 janvier 2008.

Les leaders de la "révolution des roses" ne sont pas parvenus non plus à régler les conflits avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, deux anciennes provinces géorgiennes revendiquant leur indépendance par rapport à Tbilissi.

En août 2008, le président géorgien a lancé une tentative musclée de faire revenir l'Ossétie du Sud dans le giron géorgien. Cette guerre ouverte contre la population civile sud-ossète a tourné en échec grâce à une intervention de la Russie qui a mobilisé l'armée à la rescousse de ses citoyens. Enfin, le 26 août 2008, Moscou a reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

Selon les politologues, l'éclatement du trio Saakachvili-Bourdjanadze-Jvania serait à l'origine de l'échec de la "révolution des roses".

Le décès du premier ministre Zourab Jvania, retrouvé mort dans un appartement de Tbilissi en février 2005 - accidentellement empoisonné au monoxyde de carbone émis par un système de chauffage défaillant, selon la thèse officielle largement contestée, - a bouleversé l'opinion publique.

Un autre proche de Mikhaïl Saakachvili, le ministre de la Défense Irakli Okrouachvili, est devenu son farouche opposant. Ex-"faucon" de l'administration géorgienne, il est actuellement poursuivi pour "blanchiment de fonds", "négligence", "excès d'autorité" et "corruption". Son arrestation est intervenue après une série de déclarations retentissantes dénonçant un attentat en préparation contre l'oligarque Badri Patarkatsichvili et les pots-de-vin versés à Mikhaïl Saakachvili. L'ex-ministre a quitté la prison contre une caution de 6 millions de dollars et s'est réfugié à Paris.

Enfin, Nino Bourdjanadze, l'ex-présidente du parlement, est passée dans l'opposition et envisage de créer un nouveau mouvement démocratique, dont le congrès constituant est prévu ce dimanche. Interrogée par la presse, elle s'est dite persuadée que l'opposition parviendrait à obtenir, par des moyens constitutionnels, des élections législatives et présidentielle anticipées pour faire sortir la Géorgie de la crise le plus vite possible.

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