MOSCOU, RIA Novosti
Gazeta.ru
Russie: des changements inévitables
Le président russe Dmitri Medvedev a commenté dans une interview au Figaro sa proposition de prolonger le mandat présidentiel, mais n'a pas pu préciser quand sa présidence prendrait fin, lit-on vendredi dans le quotidien en ligne Gazeta.ru.
Ses réponses aux questions directes n'ont fait qu'engendrer de nouvelles questions.
Selon l'analyste politique Dmitri Orechkine, les explications de Medvedev, tout comme l'histoire des amendements à la Constitution paraissent extrêmement suspectes. "Est-ce que la durée de la présidence est un problème stratégique pour qu'il ait fallu en parler dans le message à l'Assemblée fédérale et soumettre sans discussion ouverte le texte des amendements à la Douma, qui était prête à l'adopter en trois lectures à la fois?", s'indigne-t-il.
M. Orechkine estime, que cette "hâte peu décente" témoigne du seul fait que "les amendements ne sont pas adoptés en vue des trois ans et demie de présidence restant à Dmitri Medvedev". La Russie verra des changements "dans un avenir proche", car les autorités "ont actuellement peur de la crise sociale qui menace", souligne-t-il.
"Nous subirons l'effondrement du consensus poutinien, à l'époque duquel les élites ont eu assez d'argent pour développer leurs entreprises, ainsi que pour verser des pots-de-vin et assisterons à l'aggravation du conflit au sein des groupes d'élite dans les conditions de la pénurie de ressources", affirme M. Orechkine. "L'équipe de Poutine se rend certainement compte, qu'il faudra prendre des mesures d'exception, notamment la démission du président, la dissolution du parlement et l'introduction de l'état d'urgence". Il n'est toutefois moralement pas correct de dire ouvertement "nous l'avons fait pour que Poutine revienne en février au Kremlin", mais une plateforme solide de six ou même douze ans de présidence pour un "Poutine collectif" doit être fondée déjà aujourd'hui, a-t-il ajouté.
L'analyste politique Andreï Okara a une opinion radicalement contraire. Il estime que le message même de Medvedev à l'Assemblée fédérale, qui a pour la première fois avancé l'idée de prolonger les mandats du président et de la Douma, tout comme l'attitude évasive du chef de l'Etat témoignent d'une "étape importante de la lutte au sein de l'élite".
"Le scénario de transmission du pouvoir ou de transformation du statu quo actuel n'est pas encore élaboré", poursuit-il. La proposition faite aux élites d'examiner l'idée d'une "présidence longue" devrait sembler attirante aux yeux de nombreuses personnes au pouvoir, estime M. Okara. "Même le chef de l'administration présidentielle Sergueï Narychkine, d'abord considéré comme un garant de la stabilité du système de la dualité du pouvoir lors de la période de transition, voit son avenir plutôt dans une "Russie de Medvedev" que dans une "Russie de Poutine", ajoute-t-il.
Izvestia
Russie - UE: la communauté de l'anneau gazier
Les fonctionnaires européens semblent volontaires pour jouer le rôle des personnages de Tolkien et proposent de protéger l'Union européenne de la prédominance de la Russie dans les livraisons de gaz, lit-on vendredi dans le quotidien Izvestia.
L'idée principale du plan Community Gas Ring, élaboré par la Commission européenne, est de réunir tous les réseaux énergétiques et gaziers de l'Europe d'abord en "toile énergétique", et après, en "anneau énergétique". Le gaz pourrait ensuite couler librement entre n'importe quels endroits de l'Europe.
Le document n'indique pas la source de la menace, mais il est évident qu'il s'agit en premier lieu de la Russie, qui livre à l'Europe environ 40% du gaz consommé (plus de 150 milliards de m3) et 30% du pétrole (près de 290 millions de tonnes). Quant au gaz de l'Asie centrale et du Kazakhstan, il est transporté lui aussi par des gazoducs russes, car il n'en existe pas d'autres. C'est pourquoi l'allusion à "certains" possesseurs des matières premières, qui reçoivent en échange des richesses de l'Europe, constitue manifestement un geste en direction de Moscou.
La Commission propose de résoudre ce problème avec la construction de deux nouveaux gazoducs: l'un venant du Caucase du Sud et de l'Iran (Nabucco) et l'autre de l'Afrique (Gazoduc transsaharien). L'UE souhaite les créer depuis quinze ans, mais elle n'est parvenue pour le moment à rien à cause du coût exorbitant de la construction et du caractère "explosif" de ces régions. Par exemple, l'itinéraire de Nabucco n'a pas encore été fixé depuis toutes ces années.
"La demande de gaz en Europe ne cesse de s'accroître, c'est pourquoi aucun projet n'exclut les autres", a estime à Izvestia une source proche de l'industrie gazière. "Personne n'investira de millions dans un tuyau qui restera vide. Il faut d'abord signer des contrats, parfois pour des dizaines d'années. Et pour Nabucco ce gaz n'existe pas encore" .
D'autre part, la Commission européenne aurait pu préparer le plan d'"anneau gazier" spécialement pour la visite du 14 novembre du président russe Dmitri Medvedev à Nice, afin de définir tout simplement le champ des négociations, affirme Alexeï Serov, chef du département analytique de la société d'investissement Financial Bridge.
"Il s'agit d'une sorte de réponse à la création d'une "OPEP gazière", estime-t-il. "La Commission européenne tente d'élargir au maximum le nombre de fournisseurs de gaz, se rendant compte qu'ils se réuniront et coordonneront leur politique. C'est cependant presque impossible dans les conditions de la crise financière".
A noter en outrer que les eurocrates ne devront pas "lutter" seulement contre la Russie. Les sociétés énergétiques européennes sont très mécontentes de l'autre partie du plan qui prévoit leur division en compagnies d'extraction, de transport et de commerce. Les groupes gaziers craignent de ne pas obtenir les investissements nécessaires après une telle répartition.
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.