Revue de la presse russe du 24 octobre

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily

Crise: une majorité de Russes pour la nationalisation des banques et grandes entreprises

Plus de la moitié des Russes sont favorables à la nationalisation des banques et des grandes entreprises, selon un sondage du VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique), lit-on vendredi dans le quotidien RBC Daily.

Cette étude effectuée auprès de 1.600 habitants de 42 régions n'est pas pour plaire aux libéraux. Par ailleurs, les Russes sont mécontents des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la crise.

En dépit des efforts déployés par les chaînes de télévision fédérales, les habitants de la Russie considèrent la crise non pas comme une peste lointaine, mais bien comme une réalité proche: 44% des Russes estiment qu'elle se répercutera négativement sur la situation économique dans le pays, et 41% que la crise aggravera leur situation matérielle.

Les Russes comprennent, dans l'ensemble, la logique des mesures anticrises gouvernementales, malgré leur manque de clarté, et les considèrent au minimum comme inefficaces. Parmi les différents avis énoncés: au lieu de sauver le pays, les fonctionnaires sauvent leur business et ne pensent nullement au destin de la population. Ainsi, 56% des sondés estiment qu'il est plus important de contenir l'inflation que de sauver les banques de la faillite (23% émettent un avis contraire). 79% considèrent qu'en situation de crise, il serait utile d'introduire une régulation des prix par l'Etat. 58% des Russes jugent utile de procéder à la nationalisation des grandes entreprises. 50% jugent également utile de nationaliser les banques.

Les chiffres cités permettent de tirer deux conclusions. Premièrement, la population fait plus confiance à l'Etat qu'aux gros entrepreneurs. Deuxièmement: la foi dans les idées libérales, dans la priorité des libertés individuelles et de l'entreprise privée sur les intérêts collectifs reste le lot d'une petite minorité. D'ailleurs, ces deux éléments n'ont rien de nouveau: le paternalisme des Russes est bien connu.

Le fait que la majorité des Américains peu aisés aient chaleureusement salué la nationalisation de fait des monstres de l'hypothèque Fannie Mae et Freddie Mac est bien plus symptomatique. Et ce n'est pas seulement parce que leur pension personnelle en dépend. La population des pays occidentaux est également mécontente des "parachutes dorés" des dirigeants des grandes entreprises, parfois incompétents, et des écarts de richesse qui s'accentuent: ce sont là les fruits tardifs de la révolution néolibérale des années 80.

"Le libéralisme est mort partout, estime Tatiana Boulakh, présidente de l'organisation Dialogue public."En invitant le monde entier au libéralisme, les Etats-Unis parlent, depuis décembre dernier, d'un protectionnisme rigoureux". Et cela est parfaitement logique. Le néolibéralisme prévoit la réduction du rôle de l'Etat pendant le gonflement des "bulles" financières. Lorsqu'elles éclatent, personne ne peut plus nulle part se passer de l'Etat.

Novye izvestia

Incrédules face aux assurances du pouvoir, les Russes se réfugient dans l'astrologie

Les bouleversements économiques ont suscité dans le monde entier un immense intérêt pour les phénomènes occultes, en Russie par exemple, un tiers des clients des astrologues et voyants demandent à ces derniers de les éclairer sur des questions financières, contre 5% d'ordinaire, lit-on vendredi dans le quotidien Novye izvestia.

"La vague d'intérêt manifesté pour l'occultisme prend de l'ampleur", a déclaré Leonti Byzov, chef du service analytique du VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique). Selon lui, la position des autorités qui "donnent peu d'explications" y contribue, les gens estiment qu'on leur cache la situation réelle. "Les gens n'ont pas oublié août 1998, lorsque Boris Eltsine avait déclaré qu'il ne se produirait rien de grave, et que le défaut de paiement était intervenu le lendemain. Les gens ont peur et le manque de confiance dans les autorités les pousse à croire à la magie et à toutes sortes de diableries", estime le sociologue.

"La crise fait peur, et pour faire face à cette peur, les gens essaient de se protéger et de trouver des raisons d'espérer grâce à la magie", explique le psychiatre Mikhaïl Goloubev.

Ce sont en premier lieu les représentants de la partie la plus active de la société qui recherchent les bonnes grâces de l'au-delà. "Ils s'adressent de plus en plus aux astrologues et aux voyants en vue de se rassurer et d'en savoir plus sur l'avenir", ajoute l'astrologue Pavel Sviridov.

"L'intérêt pour les phénomènes surnaturels est le plus important chez les personnes ayant fait des études supérieures, les jeunes et les Russes d'âge mûr (40-49 ans). Dans l'ensemble, les retraités et les personnes ayant un faible niveau d'instruction ne croient nullement aux forces surnaturelles", confirme Denis Matveïenkov, chef du service des études politiques et sociales de la société Bachkirova & partners.

Il est significatif que les Russes recherchent plutôt l'aide des voyants que des représentants des religions officielles. Selon M. Byzov, cela s'explique par l'attitude formelle de la majorité d'entre eux envers la religion. Ils peuvent se considérer comme orthodoxes et croire, en même temps, aux divinations, aux signes et à la réincarnation de l'âme, ce qui n'a rien à voir avec la religion traditionnelle. Même dans l'orthodoxie, les Russes croient, pour l'essentiel, aux miracles: à la guérison par des reliques sacrées, à la force magique de l'eau bénite, ce qui est loin d'être essentiel dans le christianisme. "En Europe, la croyance en l'occultisme n'est pas aussi grande qu'en Russie", estime Leonti Byzov.

Vedomosti

Publicité sur Internet: le FAS refuse à Google le rachat de Begun

Les autorités russes n'ont pas autorisé Google à racheter Begun, numéro deux de la publicité contextuelle en Russie, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

Selon des données non officielles, c'est le premier ministre Vladimir Poutine qui aurait empêché la conclusion du contrat avec les Américains.

Le Service fédéral anti-monopole (FAS) a refusé hier à la société chypriote Kokuna Holdings Ltd., qui appartient à l'américain Google, le droit d'acquérir auprès de Rambler Media 100% des actions du russe Begun.

Le directeur du FAS Igor Artemiev a indiqué que Google n'avait pas présenté suffisamment d'informations sur la structure de sa propriété, et que les éléments fournis n'étaient pas convaincants. Google devra à présent faire une nouvelle requête, a-t-il ajouté.

Il a précisé que ce refus s'expliquait par "l'absence d'information sur les personnes capables d'influer sur la gestion de l'activité du groupe Google, ainsi que d'une liste complète des personnes faisant partie du groupe", ce qui empêche le FAS de calculer toutes les "conséquences de la transaction" et son effet sur la concurrence.

Alla Zabrovskaïa, du bureau russe de Google, explique que sa compagnie est déçue par la décision du FAS: "Nous étions certains que cette transaction serait bénéfique pour l'industrie". Google est actuellement en train d'analyser la décision du FAS, a-t-elle ajouté, sans donner aucune précision sur les documents manquants. On ne sait pas non plus si la compagnie envisage de faire une nouvelle requête.

Les représentants de Rambler et de son actionnaire principal Prof-Media n'ont donné aucun commentaire à ce sujet. Le directeur général de Begun Alexeï Bassov a souligné que le blocage de la transaction modifierait les plans de la compagnie, mais qu'elle pourrait très bien se développer de façon autonome.

Google et Rambler se sont mis d'accord sur l'achat de Begun en juillet dernier. Selon les termes du contrat, Rambler aurait dû d'abord racheter 49,9% de Begun appartenant à la société d'investissement Finam pour les vendre par la suite à Google en y ajoutant les 50,1% des actions qu'elle possède déjà. La transaction a été organisée de telle façon que toutes les opérations ne pouvaient être lancées qu'après l'approbation du FAS, fait remarquer Vladislav Kotchetkov, de Finam.

Le rachat de Begun aurait permis à Google de devenir le premier concurrent de Yandex sur le marché russe de la publicité contextuelle (210 millions de dollars en 2007). Selon les données d'iContext, l'année dernière, Begun occupait 20,2% du marché, Yandex - près de 64% et Google - 5%, c'est-à-dire que la part conjointe de Begun et Google aurait pu atteindre environ 25%.

"La décision du FAS nous a surpris. Nous espérions qu'une telle intervention ne se produirait pas", a expliqué Mikhaïl Ouchakov, de Yandex.

Une source proche des actionnaires de Rambler a indiqué à Vedomosti que c'était Vladimir Poutine qui avait exprimé des réserves envers ce contrat avec les Américains (l'influence et l'auditoire d'Internet seront bientôt comparables à ceux de la télévision). Dmitri Peskov, porte-parole du premier ministre russe, a indiqué que Poutine n'avait pas pris part à la résolution de cette question, qui est la prérogative du FAS.

Kommersant

Scandale gazier en Serbie: encore un obstacle pour le South Stream

La Serbie est le théâtre d'un grand scandale lié aux livraisons de gaz russe, au centre duquel se trouve une compagnie intermédiaire contrôlée par Gazprom, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

Cette situation remet en question le récent accord entre la Serbie et la Russie en matière de pétrole et de gaz, qui prévoit le passage du monopole énergétique serbe NIS sous le contrôle de Gazprom.

Le scandale a été initié par la signature le 14 octobre à Moscou du protocole annuel de l'accord gazier russo-serbe, prévoyant en 2009 la livraison de 2,39 milliards de m3 de gaz en Serbie pour une somme de 700 millions d'euros. Il s'est trouvé que le directeur par intérim de Srbijagas Sasa Ilic avait signé ce document sans l'aval de la direction de la compagnie. De plus, l'accord n'a pas été signé directement avec Gazprom, mais avec Iougorosgaz, société intermédiaire qui recevra pour ses services 5% du montant de la transaction (35 millions d'euros). Il s'est avéré par la suite que M. Ilic occupait en même temps le poste de vice-président de Iougorosgaz.

Iougorosgaz a été créée en 1996 à parité entre la Russie et la République fédérale de Yougoslavie. En 2005, Gazprom y a augmenté sa part jusqu'à 75%. Iougorosgaz est devenue début 2006 l'intermédiaire pour les livraisons de gaz entre les deux pays. Mladjan Dinkic, qui faisait à l'époque partie du gouvernement de Vojislav Kostunica, a indiqué hier que Moscou aurait lancé un ultimatum à Belgrade: ou bien la Serbie coopérait avec Iougorosgaz, ou bien il n'y aurait tout simplement pas de gaz. Des sources proches du gouvernement serbe affirment cependant que le passage de Iougorosgaz sous le contrôle de Gazprom et l'octroi à la compagnie du rôle d'intermédiaire constituent un paiement pour le soutien accordé par la Russie à la Serbie dans sa lutte pour le Kosovo.

Les discussions houleuses autour de ce protocole moscovite signé par M. Ilic ont soulevé encore une fois en Serbie la question des accords pétrogaziers conclus cette année. Selon ces ententes, la Russie construira en Serbie un gazoduc dans le cadre du projet South Stream, et Gazprom acquerra 51% du monopole serbe NIS pour une somme très avantageuse de 400 millions d'euros.

Belgrade a certainement relevé que dans le schéma général de développement de l'industrie du gaz en Russie jusqu'en 2030, le lancement du South Stream avait été reporté de 2013 à 2015. De plus, le patron de Gazprom Alexeï Miller a mené la semaine dernière à Moscou des négociations avec les dirigeants d'un certain nombre de compagnies roumaines, négociations qui portaient sur la participation de la Roumanie au South Stream et la possibilité qu'elle remplace la Bulgarie. A Belgrade, on estime que tout cela témoigne du fait que Gazprom fait face à des difficultés dans la réalisation du projet.

"Cet accord, auquel la Serbie attache tant d'importance, ne résout pas un certain nombre de questions", indique une source proche du gouvernement serbe. "Quand la Serbie recevra-t-elle le gaz russe? A quel prix? Quel est l'itinéraire du gazoduc? Si la question de Iougorosgaz n'est pas résolue dans un avenir proche, les doutes sur l'avantage pour la Serbie de ce contrat pétrogazier ne feront que se renforcer, et les opposants à la transaction recevront un atout majeur".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала