Vedomosti/ RBC Daily
Justice: Stortchak repêché par Kadhafi?
Après 11 mois de détention en maison d'arrêt, le vice-ministre russe des Finances Sergueï Stortchak a été libéré en échange d'une promesse écrite de ne pas quitter Moscou, lit-on mercredi dans les quotidiens Vedomosti et RBC Daily.
Son complice Viktor Zakharov, directeur général de la compagnie Sodexim, a également été libéré. Cela pourrait être lié à la première visite du leader libyen Mouammar Kadhafi en Russie: c'est justement Sergueï Stortchak qui avait été chargé de la dette libyenne.
Sergueï Stortchak, Viktor Zakharov et deux hauts dirigeants de la Mezhregionbank avaient été arrêtés en novembre 2007 pour tentative de détournement d'importants fonds budgétaires, sous prétexte de rembourser une dette du ministère des Finances envers Sodexim.
Il y a deux semaines, le tribunal Basmanny de Moscou avait prolongé la détention de M. Stortchak jusqu'au 15 novembre, bien que le vice-ministre ait réclamé sa remise en liberté afin de pouvoir se préparer au procès. Anatoli Iskantsev, chef du groupe d'enquête, avait alors motivé sa demande de prolonger la détention du fonctionnaire en déclarant: "la culpabilité de M. Stortchak a été confirmée par les preuves recueillies".
L'enquête est close, les prévenus ne pourront donc pas influer sur ses résultats, a expliqué hier Vladimir Markine, porte-parole du comité d'enquête du parquet, commentant la libération du vice-ministre. Sergueï Stortchak lui-même a qualifié hier la décision sur sa libération de "très inattendue".
Le ministre des Finances Alexeï Koudrine, qui avait fin novembre 2007 vainement demandé la libération sous caution de son subordonné, a déclaré hier aux journalistes qu'il n'avait pas encore parlé avec son vice-ministre de la date d'une éventuelle reprise de ses fonctions. Sergueï Stortchak n'avait pas été limogé, il garde donc son poste de vice-ministre, a expliqué au quotidien Vedomosti un représentant du ministère.
Un employé de la corporation publique Rostekhnologuii affirme que la décision de remettre en liberté Sergueï Stortchak a été prise en raison de la visite de Mouammar Kadhafi prévue pour la fin du mois. C'était M. Stortchak qui avait été chargé des questions du règlement de la dette libyenne envers l'ex-URSS (4,4 milliards de dollars), annulée en échange de contrats militaires et autres. Après son arrestation, les négociations avaient été interrompues pour longtemps, ce qui avait suscité le mécontentement du leader libyen.
Une source proche des milieux diplomatiques libyens dément cette version. Bien entendu, Sergueï Stortchak avait mené ces négociations à l'étape initiale, et cela s'était très bien passé. Mais d'autres les ont achevées, et jamais en Libye on n'a lié la question de l'arrestation de Sergueï Stortchak aux négociations, indique-t-elle.
Cependant, une source proche de l'entourage du vice-ministre affirme que l'arrivée attendue de Mouammar Kadhafi en Russie a très probablement joué un rôle important dans cette affaire.
Selon l'avocat Evgueni Barou, la libération de Sergueï Stortchak à l'étape donnée est un cas atypique pour une enquête: ordinairement, si on obtient l'arrestation, celle-ci dure toute la période d'instruction préalable, jusqu'à la transmission du dossier au tribunal.
"En fait, dans l'affaire Stortchak, il n'y a pas de preuves, a indiqué au quotidien RBC Daily une source du Parquet général. Afin de ne pas désavouer complètement l'enquête, le tribunal devrait reconnaître M. Stortchak coupable d'un crime insignifiant, et le condamner à une année de détention déjà purgée".
Kommersant
Crise: les Russes ne s'alarment pas
La crise financière n'inquiète pas outre mesure les Russes, qui y voient pour la plupart une conséquence de la crise mondiale et un "phénomène passager" pour la Russie, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant.
C'est ce qui ressort de récents sondages d'opinion effectués par le Centre Levada. Les experts n'excluent pas que l'angoisse puisse prendre le dessus dans la société si l'on en arrive à des licenciements massifs, ou en cas de flambée des prix à la consommation.
14% des Russes ne sont pas encore au courant de la crise financière. Encore 14% ont entendu parler d'une crise, mais ils ont du mal à l'expliquer. Parmi les Russes qui connaissent bien ce problème, la majorité (42%) ne sont pas inquiets, estimant qu'il s'agit d'un "phénomène temporaire qui ne touche pas les fondements de l'économie russe" et que "la situation se stabilisera bientôt dans le pays".
Quant aux pessimistes qui craignent "de graves répercussions financières sur l'économie", bien qu'ils soient minoritaires, les sondeurs estiment que leur part est toutefois considérable: 31%. Les pessimistes sont les plus nombreux (35%) parmi les Russes âgés de 40 à 55 ans. "Ils ont déjà connu plusieurs crises", a expliqué Natalia Bondarenko, du service d'étude des revenus et de la consommation du Centre Levada.
Ce sont les jeunes de 18 à 25 ans qui se montrent le moins inquiets par rapport à la crise. Seuls 26% d'entre eux craignent de sérieux problèmes pour l'économie russe. Mais ils sont 20% à n'avoir pas entendu parler de la crise.
D'ailleurs, pour la majorité de la population, la crise russe reste complètement ou dans une grande mesure un écho de la crise financière mondiale. C'est l'avis de 54% des sondés (72% à Moscou). Cet avis ne changera pas tant qu'aucune vague de licenciements massifs ne se produira dans le pays, estime Iossif Diskine, coprésident du Conseil pour la stratégie nationale.
D'après ses prévisions, la crise du secteur financier pourrait toucher également les secteurs réels de l'économie, entre autres, "celui du bâtiment et les secteurs connexes, par exemple, la production de matériaux de construction". La baisse de la production dans ces secteurs entraînera des licenciements et, par conséquent, un accroissement du mécontentement par rapport à la politique économique des autorités. Outre la montée du chômage, "l'angoisse de la société pourrait également être provoquée par la flambée des prix des biens de consommation", estime Dmitri Orlov, directeur général de l'Agence des communications politiques et économiques.
Kommersant/ Gazeta.ru
Aucune OPEP gazière dans un avenir proche
La Russie, le Qatar et l'Iran se sont mis d'accord pour coordonner leurs efforts en matière de conclusion de contrats d'exportation de gaz, lit-on mercredi dans les quotidiens Kommersant et Gazeta.ru.
On peut considérer qu'une grande troïka gazière a été formée, a déclaré le patron de Gazprom Alexeï Miller à l'issue des négociations avec les représentants du Qatar et de l'Iran. Le ministre iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari a cependant utilisé le terme "d'OPEP gazière".
Cette idée n'est pas nouvelle. Depuis 2001, le fantôme d'une OPEP gazière n'a cessé d'émerger au gré de la conjoncture politique, mais toutes les grandes déclarations n'ont finalement abouti à rien.
Un accord de cartel entre les pays exportateurs de gaz reste cependant impossible en raison du fait que le gaz est transporté principalement par pipe-line et que les livraisons sont orientées vers des marchés bien définis, régis par des contrats à long terme et des formules de prix fixes. La part du gaz liquéfié, qui peut-être comparé au pétrole dans la mesure où il est transporté par tankers, reste encore peu importante et joue donc un rôle très limité dans la formation des prix.
On ne pourra parler d'une éventuelle entente entre les exportateurs visant à élever les prix du gaz qu'une fois que la part du gaz liquéfié sur le marché international aura atteint 25-30%. Cela suffira en principe pour influer sur le niveau des prix dans les pays importateurs et rivaliser avec les contrats à long terme pour les livraisons par pipe-line. De plus, dans ce cas-là les exportateurs pourraient en théorie obtenir un rattachement des prix du gaz à ceux du gaz liquéfié, en supprimant leur indexation actuelle sur les cours du mazout, du charbon et d'autres matières énergétiques.
La part du gaz liquéfié ne représente actuellement que moins de 8% du marché gazier, et les marchés spot, où les transactions s'effectuent en dehors des contrats à long terme, ne constituent eux-mêmes que 8% des livraisons de gaz liquéfié. Ce niveau est manifestement insuffisant pour autoriser une entente contre les consommateurs.
Il ne faut pas non plus oublier le fait que les plus fervents partisans d'une OPEP gazière, c'est-à-dire la Russie et l'Iran, sont des pays qui viennent d'entrer sur le marché du gaz liquéfié, ou n'y sont même pas encore présents. Dans ces conditions, tous les accords en ce sens ne restent que des déclarations insignifiantes.
En outre, ce sont des politiques et non des experts qui font ce genre de déclarations. Ceux qui s'y retrouvent ne serait-ce qu'un peu sur le marché gazier refusent d'entrer dans ce genre de jeux. On peut rappeler, par exemple, qu'Alexandre Medvedev, vice-président de Gazprom et président de Gazprom export, a exprimé ses doutes quant au fait que "les acteurs du marché gazier soient capables de coordonner les prix des livraisons de gaz". De plus, en février 2007 l'ancien ministre russe de l'Industrie et de l'Energie Viktor Khristenko avait qualifié l'idée de la création d'une OPEP gazière de "fruit d'une imagination agitée". Il faut relever que cette déclaration était intervenue une semaine avant que Vladimir Poutine ne qualifie cette idée de "proposition intéressante".
RBC Daily
Crise: les 25 Russes les plus riches ont perdu 230 milliards de dollars
Dans les rues de Moscou, on ne croise pas encore de Maybach estampillées "A vendre", mais alors que les actions russes ont chuté de plus de 70%, la fortune totale des 25 Russes les plus riches s'est réduite, d'après les données de Bloomberg, de 230 milliards de dollars, lit-on mercredi dans le quotidien RBC Daily.
Selon les experts, l'élite industrielle a un besoin pressant de liquidités, afin de rembourser ses crédits. Pour cela, on vend même ses propres biens, indique une source au fait de la situation: "Ceux qui souhaitent acheter actuellement une Ferrari, un yacht ou une villa peuvent le faire pour un prix très avantageux".
Olga Krychtanovskaïa, spécialiste dans le domaine des élites, sait bien à qui la crise apportera le plus d'avantages: "Les problèmes des milliardaires entraînent le renforcement du rôle de l'Etat, car presque toutes les ressources naturelles sont concentrées entre ses mains". D'après elle, en Occident, le tableau est analogue "mais, en Russie, l'Etat poursuit davantage ses propres intérêts économiques".
L'avis de Mme Krychtanovskaïa est partagé par Chris Weafer, principal stratège de la banque UralSib: en faisant des injections financières, le Kremlin accroît son influence dans les grandes entreprises et les secteurs importants du pays. L'Etat pourra leur dire où investir et comment se développer, affirme l'expert. Environ 50 milliards de dollars devraient pouvoir aider à sauver de la faillite les compagnies en difficulté.
Olga Krychtanovskaïa prédit une nouvelle "redistribution" dans les conditions de la crise en Russie. D'après elle, si les dirigeants du pays s'étaient déjà ingérés activement dans l'économie, à présent les raisons de le faire se sont multipliées. Bien que Vladimir Poutine ait conclu, au début de sa présidence, une sorte de pacte de non-ingérence avec les oligarques, le Kremlin recommence à affirmer, de temps en temps, que tel ou tel milliardaire est "impertinent". En ce moment, grâce à la crise, le pouvoir reçoit un nouveau moyen de "dompter" les entrepreneurs qui lui sont peu sympathiques.
Nikolaï Petrov, du Centre Carnegie de Moscou, estime que, dans tous les cas, un groupe "d'oligarques du Kremlin" figurera parmi les vainqueurs. Ce sont des gens comme Sergueï Tchemezov, l'ami de Vladimir Poutine. Placé à la tête de la corporation publique Rostekhnologuii, il contrôle un empire qui compte 500 entreprises. "Ils sont si proches des dirigeants du pays que pour eux la question de savoir comment se procurer de l'argent n'existe pas", estime M. Petrov.
Vedomosti
La crise financière sème le trouble dans le budget de Gazprom
La crise financière a ouvert une brèche dans le budget de Gazprom: le géant gazier prévoyait d'engranger 2 milliards de dollars grâce à l'introduction en bourse de Gazprombank, qui n'aura cependant pas lieu cette année, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.
Gazprom avait inséré dans son budget 2008 les bénéfices provenant de la vente de 14,5% des actions de Gazprombank: 4,5% à Gazfond, déjà actionnaire de la banque, et 10% dans le cadre d'une IPO. C'est ce qui ressort des documents issus de la séance d'août du conseil des directeurs de Gazprom, qui a entériné la vente de 4,5% des actions de Gazprombank à Gazfond pour 22,388 milliards de roubles (plus de 646 millions d'euro). La valeur des actions de Gazprombank pour cette transaction a été évaluée par Ernst & Young et, compte tenu de ces chiffres, le prix de 100% des actions de Gazprombank atteint 497,5 milliards de roubles (près de 14,4 milliards d'euros), c'est-à-dire que la vente d'encore 10% pourrait rapporter près de 50 milliards de roubles supplémentaires. Gazprom ne pourra cependant pas obtenir cet argent: l'IPO de Gazprombank n'aura lieu ni en 2008, ni en 2009, compte tenu de la situation sur le marché, a indiqué hier à Vedomosti le vice-président du conseil d'administration de la banque Alexandre Sobol.
Les responsables de Gazprom n'expliquent pas comment le géant russe compensera ce déficit de 1,5% en matière de revenus. On ne sait pas non plus si le géant russe a déjà reçu l'argent de Gazfond. Les représentants de la compagnie Lider, qui gère les actifs de Gazfond, se sont abstenus de tout commentaire.
Même pour Gazprom, il est difficile d'obtenir un crédit de 2 milliards de dollars, estime l'analyste de Lehman Brothers (sic), Pavel Mamaï. Les banques étrangères pourraient le lui accorder à un taux LIBOR + 7-11%, et les banques russes à un taux LIBOR + 5%, compte tenu du soutien politique. Gazprom ne prévoit plus d'emprunts avant la fin de l'année, grâce notamment aux prix élevés du gaz en Europe, mais il a fait "à tout hasard" une requête pour l'octroi d'un crédit avantageux auprès de la Vnesheconombank, indique un responsable du monopole russe. La somme "dépasse 1 milliard de dollars", affirme une autre source au sein de la compagnie.
Jusqu'en 2006, Gazprom possédait le bloc de contrôle de Gazprombank, mais le monopole a décidé que 25% des actions lui suffiraient, et la banque a effectué une émission supplémentaire qui a réduit la part du géant russe à 41,7%. Le bloc de Gazprom pourrait descendre à 25,1% d'ici fin 2008 en cas d'IPO de Gazprombank, a déclaré cet été le vice-président du conseil d'administration de Gazprom Andreï Krouglov. Les documents de la séance d'août du conseil des directeurs du monopole indiquent cependant que Gazprom est obligé de conserver au minimum 35% de la banque en raison des obligations de Gazprombank concernant un crédit syndiqué de 500 millions de dollars. Si Gazprom réduisait sa part sans l'aval des créditeurs, qui ne sont pas précisément nommés dans le document, ces derniers auront le droit d'exiger un amortissement anticipé du crédit.
Gazprombank a pris plusieurs crédits exigeant que la part de Gazprom reste au minimum à 35%, dont le dernier expire dans trois ans, fait remarquer M. Sobol. Il n'indique cependant pas le montant de ces emprunts.
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.