On peut considérer qu'une grande troïka gazière a été formée, a déclaré le patron de Gazprom Alexeï Miller à l'issue des négociations avec les représentants du Qatar et de l'Iran. Le ministre iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari a cependant utilisé le terme "d'OPEP gazière".
Cette idée n'est pas nouvelle. Depuis 2001, le fantôme d'une OPEP gazière n'a cessé d'émerger au gré de la conjoncture politique, mais toutes les grandes déclarations n'ont finalement abouti à rien.
Un accord de cartel entre les pays exportateurs de gaz reste cependant impossible en raison du fait que le gaz est transporté principalement par pipe-line et que les livraisons sont orientées vers des marchés bien définis, régis par des contrats à long terme et des formules de prix fixes. La part du gaz liquéfié, qui peut-être comparé au pétrole dans la mesure où il est transporté par tankers, reste encore peu importante et joue donc un rôle très limité dans la formation des prix.
On ne pourra parler d'une éventuelle entente entre les exportateurs visant à élever les prix du gaz qu'une fois que la part du gaz liquéfié sur le marché international aura atteint 25-30%. Cela suffira en principe pour influer sur le niveau des prix dans les pays importateurs et rivaliser avec les contrats à long terme pour les livraisons par pipe-line. De plus, dans ce cas-là les exportateurs pourraient en théorie obtenir un rattachement des prix du gaz à ceux du gaz liquéfié, en supprimant leur indexation actuelle sur les cours du mazout, du charbon et d'autres matières énergétiques.
La part du gaz liquéfié ne représente actuellement que moins de 8% du marché gazier, et les marchés spot, où les transactions s'effectuent en dehors des contrats à long terme, ne constituent eux-mêmes que 8% des livraisons de gaz liquéfié. Ce niveau est manifestement insuffisant pour autoriser une entente contre les consommateurs.
Il ne faut pas non plus oublier le fait que les plus fervents partisans d'une OPEP gazière, c'est-à-dire la Russie et l'Iran, sont des pays qui viennent d'entrer sur le marché du gaz liquéfié, ou n'y sont même pas encore présents. Dans ces conditions, tous les accords en ce sens ne restent que des déclarations insignifiantes.
En outre, ce sont des politiques et non des experts qui font ce genre de déclarations. Ceux qui s'y retrouvent ne serait-ce qu'un peu sur le marché gazier refusent d'entrer dans ce genre de jeux. On peut rappeler, par exemple, qu'Alexandre Medvedev, vice-président de Gazprom et président de Gazprom export, a exprimé ses doutes quant au fait que "les acteurs du marché gazier soient capables de coordonner les prix des livraisons de gaz". De plus, en février 2007 l'ancien ministre russe de l'Industrie et de l'Energie Viktor Khristenko avait qualifié l'idée de la création d'une OPEP gazière de "fruit d'une imagination agitée". Il faut relever que cette déclaration était intervenue une semaine avant que Vladimir Poutine ne qualifie cette idée de "proposition intéressante".
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.