Revue de la presse russe du 20 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Le Kremlin cherche de nouveaux instruments pour renforcer son influence à l'étranger

A la fin de la semaine dernière, le président Medvedev a nommé l'ambassadeur russe à Tachkent Farit Moukhametchine à la tête de la nouvelle Agence fédérale pour les affaires de la CEI (Communauté des Etats indépendants), des Russes de l'étranger et de la coopération humanitaire internationale, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Il aura pour tâche de lancer au plus vite le travail de cette nouvelle structure destinée à promouvoir les intérêts russes, pour l'essentiel, sur le territoire de l'ex-URSS. D'ailleurs, le Kremlin envisage déjà de redéfinir les principaux objectifs de l'agence à peine formée, en l'orientant avant tout sur le développement de la coopération militaire.

Selon l'idée initiale du Kremlin, l'Agence pour les affaires de la CEI devait mettre l'accent sur la promotion de l'influence russe dans la zone ex-URSS. Cependant, comme on l'a compris le mois dernier, les ambitions des autorités russes s'étendent au-delà de l'espace postsoviétique. Aux termes d'un décret de Dmitri Medvedev, l'Agence fédérale pour les affaires de la CEI a été renommée en Agence fédérale pour les affaires des Russes de l'étranger et la coopération humanitaire internationale (Rossotroudnitchestvo). Elle a également reçu les fonctions du Centre russe de coopération scientifique et culturelle auprès du ministère des Affaires étrangères (ou Roszarubejtsentr), qui est supprimé, et notamment ses multiples représentations et centres culturels à travers le monde, ex-URSS compris.

Ainsi la nouvelle agence reçoit une immense infrastructure à l'étranger et ressemble à présent, ne serait-ce qu'extérieurement, à l'Agence fédérale américaine pour le développement international (USAID) qui possède des représentations dans presque une centaine de pays du monde, y compris dans toutes les républiques de la CEI, et qui est depuis longtemps devenue un instrument d'influence politique pour Washington.

Des sources du quotidien Kommersant à l'administration du président reconnaissent que, pour ce qui est de la révision des objectifs politiques de la nouvelle agence, le rôle principal a été joué par la guerre du mois d'août contre la Géorgie. "Depuis août, les rapports avec les anciennes républiques soviétiques se présentent autrement. Nous allons revoir notre coopération, et nous avons déjà commencé à le faire dans des organisations comme l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) qui a pris la décision d'accroître sa composante militaire, a fait savoir un interlocuteur du journal au Kremlin. Il est prévu de le faire également dans la CEI, ce qui exigera la précision des fonctions de la nouvelle agence".

Kommersant

South Stream: Gazprom cherche à remplacer Sofia par Bucarest

La Roumanie pourrait remplacer la Bulgarie dans le projet de gazoduc South Stream, le patron de Gazprom Alexeï Miller a mené en fin de semaine dernière à Moscou des négociations avec les dirigeants des compagnies roumaines Transgaz et Romgaz, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Plusieurs sources affirment qu'il a été question d'entraîner dans le projet la Roumanie, afin de remplacer la Bulgarie.

Le désir de Gazprom de modifier l'itinéraire initial du gazoduc témoigne nettement du fait que de sérieux problèmes ont surgi dans la réalisation du projet. Ainsi, peu après la guerre en Géorgie, l'UE a décidé de tout mettre en oeuvre afin de mener à bien le projet Nabucco, destiné à acheminer les ressources énergétiques de la Caspienne en Europe en contournant la Russie.

Conformément à l'accord intergouvernemental signé, le gazoduc South Stream devait rallier la Russie à la Bulgarie par le fond de la mer Noire (900 km). Le coût du secteur sous-marin dépasse les 10 milliards de dollars. Ensuite, l'itinéraire prévu devait se dédoubler: une branche devait rallier le Sud de l'Italie par la Grèce et le fond de l'Adriatique, et une autre l'Autriche par la Serbie et la Hongrie. Les ententes avec Sofia, Budapest et Belgrade étaient intervenues dès l'année dernière. Cependant, dans chaque cas, certains détails empêchaient la mise en oeuvre des accords. La Bulgarie, par exemple, a insisté pour que le secteur du gazoduc passant par son territoire lui appartienne, alors que Gazprom souhaiterait qu'il soit officiellement propriété russe.

Gazprom s'est heurté à des difficultés analogues en Serbie et en Hongrie. D'ailleurs, il est évident que le principal obstacle à la mise en oeuvre du South Stream n'est nullement l'obstination des gouvernements des pays d'Europe de l'Est, mais la méfiance générale de l'Union européenne envers la Russie et Gazprom. Ainsi, au sommet de l'UE du 1er septembre dernier, les leaders des pays européens ont unanimement pris la décision de diversifier les sources de livraison de ressources énergétiques. En premier lieu, ils ont décidé de tout faire pour mettre en oeuvre le concurrent direct du South Stream: le projet Nabucco.

A propos, la compagnie roumaine Transgaz et le bulgare Bulgargaz sont actionnaires du Nabucco, c'est pourquoi le principal objectif des négociations avec la Roumanie est probablement de tenter de persuader Bucarest ou Sofia de participer au gazoduc South Stream, et non au Nabucco.

Une source au ministère de l'Energie a confirmé que la possibilité de remplacer la Bulgarie par la Roumanie dans le projet était envisagée, mais elle a refusé de donner plus de détails. Chez Gazprom, on ne commente pas non plus la situation. Dans un premier temps, la Roumanie était considérée comme une alternative à la Serbie. Cependant, ces six derniers mois, toutes les barrières législatives dans les rapports entre la Serbie et la Russie dans le cadre du secteur Nord du South Stream ont pu être levées. Dans le même temps, les experts considèrent la réorientation du South Stream vers la Roumanie comme économiquement justifiée. "Le tracé passant par la mer Noire jusqu'à la Roumanie est 100 km plus court que jusqu'à la Bulgarie, par conséquent, la partie sous-marine pourrait revenir ainsi 12% moins cher", a souligné Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis.

Vedomosti

Russie-Libye: possible percée dans la coopération militaire

Selon une source au ministère russe des Affaires étrangères, le leader libyen Mouammar Kadhafi se rendra en Russie le 31 octobre prochain, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

Les experts estiment que l'arrivée du chef de l'Etat libyen, pour sa première visite à Moscou depuis 1985, pourrait donner une impulsion pour la signature d'importants contrats militaires entre les deux pays.

Selon un responsable de l'administration présidentielle, la visite de Kadhafi reste dans l'agenda de Dmitri Medvedev et est prévue d'ici la fin de l'année. Ses détails sont en cours de règlement par des canaux diplomatiques.

Une percée dans les relations russo-libyennes était intervenue en avril 2008, lors de la visite à Tripoli de Vladimir Poutine, toujours président russe à l'époque. La dette libyenne de 4,6 milliards de dollars avait été annulée en échange de nouveaux contrats avec la Russie, dont le plus important est un marché de 2,2 milliards d'euros avec RZD (Chemins de fer de Russie) pour la construction de la ligne de chemin de fer Syrte-Benghazi. De plus, Gazprom a signé avec la Compagnie pétrolière nationale de Libye et le Libyan African Investment Fund (LAIF) des mémorandums sur la création de coentreprises pour la réalisation de projets en Libye ainsi que dans d'autres pays d'Afrique. En outre, des contrats de livraison d'armement pour plus de 2 milliards de dollars sont envisagés.

Selon une source au sein de la corporation publique russe Rostekhnologuiï, aucun accord important dans le domaine militaire n'a pour le moment été signé, mais la visite du leader libyen pourrait donner une impulsion pour la conclusion de gros contrats. Il est notamment question de la livraison de 16 avions de chasse Su-30 MKI, de chars T-90, de systèmes de missiles sol-air Tor-M2E, ainsi que de pièces de rechange pour du matériel déjà fourni.

Malgré le caractère imprévisible bien connu de Mouammar Kadhafi, sa visite pourrait effectivement se solder par une percée dans la réalisation des projets déjà fixés, estime Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient. Le leader libyen assume en quelque sorte à lui seul les pouvoirs du gouvernement et du parlement, c'est pourquoi il est impossible d'obtenir de bons résultats dans la coopération avec la Libye sans passer par lui. Ce n'est pas par hasard que les dirigeants de la Grande-Bretagne, de l'Italie et de la France se sont rendus dans ce pays riche en pétrole depuis la levée des sanctions.

La France a signé un mémorandum sur la vente à la Libye de 18 avions de chasse Rafale pour la somme de 2,2 milliards d'euros, indique Konstantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Le marché n'est cependant pas encore conclu et les chances des avions russes restent au moins égales à celles des chasseurs français. Ils sont non seulement moins chers, mais auront aussi l'avantage de ne présenter aucune "surprise", qui pourrait rendre impossible leur utilisation: dans le cas de livraisons d'armes à des pays du genre de la Libye, les producteurs occidentaux incorporent souvent, à tout hasard, certains "dispositifs de blocage" dans le matériel, affirme-t-il.

Nezavissimaïa gazeta

Sébastopol: Sergueï Ivanov dédramatise

Le vice-premier ministre russe Sergueï Ivanov a désavoué de fait, dans une interview télévisée à la BBC, toutes les déclarations sévères faites ces derniers mois par les politiques russes concernant Sébastopol et la Crimée, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

M. Ivanov, qui supervise actuellement le complexe militaro-industriel, dit imaginer sans aucun problème que la Flotte russe de la mer Noire puisse être basée hors de Sébastopol. Les experts estiment que c'est là un message clair destiné à l'Occident et à l'Ukraine sur le passage du Kremlin à une nouvelle approche sur la question de la flotte. Dans le même temps, la Russie pourrait tenter de corriger son image internationale, détériorée par la guerre dans le Caucase.

Alors qu'il était ministre de la Défense, Sergueï Ivanov a souvent fait des déclarations qui ont d'abord été considérées comme un écart par rapport à la "ligne générale", et qui se sont avérées par la suite être un ballon d'essai dans l'optique d'une modification de la politique du Kremlin. C'est pourquoi sa déclaration actuelle pourrait bien refléter un changement d'avis sur la question du bail de Sébastopol.

"La Russie n'a aucune intention de régler le problème de la Crimée et de Sébastopol par la force. Elle ne veut pas non plus qu'on joue la carte antirusse en Ukraine avant les élections", fait remarquer Pavel Zolotarev, directeur adjoint de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.

En outre, il faut noter que la rhétorique violente sur l'appartenance de la Crimée et de Sébastopol a disparu à un moment où la campagne électorale bat son plein en Ukraine. La Russie semble s'attendre à des changements dans les milieux dirigeants à Kiev. Un successeur du président Viktor Iouchtchenko pourrait consentir à une avantageuse prolongation du bail. Et s'il y reste cependant opposé, la Russie se montre prête à cette éventualité. En tout cas, aujourd'hui.

Mikhaïl Pogrebinski, directeur du Centre d'études politiques et des conflits (Kiev), a noté que la déclaration d'Ivanov était "un message tant pour l'Occident que pour l'Ukraine". Selon lui, l'Occident attend actuellement de la Russie une promesse ferme que les évènements en Abkhazie et en Ossétie du Sud ne se répèteront pas sur le territoire ukrainien. "Bien que les dirigeants russes aient déjà parlé de la reconnaissance des frontières ukrainiennes, certaines forces politiques en Ukraine ne cessent d'exploiter la question de la Crimée à des fins de provocation. Elles créent ainsi sciemment des conditions gênantes pour la présence en Ukraine de la Flotte russe de la mer Noire", a-t-il ajouté.

Selon M. Pogrebinski, la déclaration de Sergueï Ivanov est un signal qui intervient bien à propos et contribue à l'amélioration des relations russo-ukrainiennes.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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